éunissant ce jeudi 6 novembre la filière vin, la ministre Annie Genevard n’a pas manqué d’évoquer le rapport d’information sur la crise viticole tout juste publié par trois sénateurs. Alors que ce dernier propose la tenue d’Assises de la viticulture début 2026, la ministre annonce la prochaine tenue de Conférences sur la souveraineté alimentaire qui vont étudier toutes les filières agricoles françaises, dont la viticulture. Évoquée depuis 2019, d’abord sous la forme d’un Grenelle*, l’idée d’une table ronde de toutes les parties prenantes pour mettre en place un vaste plan d’actions concertées n’est pas pour déplaire aux représentants filière, qui ne veulent cependant pas partir d’une page blanche, souhaitant se baser sur le plan de filière présenté en février dernier lors du salon de l’Agriculture (avec pour orientations le redimensionnement du vignoble, son adaptation aux futurs consommateurs par l’innovation, le développement de l’export et la relance de la consommation).
« La ministre a confirmé que le plan de filière national sera remis au cœur de l’action publique, avec un travail stratégique engagé dès les Conférences de la souveraineté alimentaire du 8 décembre, permettant d’entrer dans une phase d’arbitrages et de décisions opérationnelles » indique un communiqué de la filière. Le communiqué du ministère précise pour sa part qu’Annie Genevard « a invités [les représentants du secteur] à se mobiliser pour nourrir les Conférences de la Souveraineté qu’elle lancera prochainement pour dessiner un chemin de sortie de crise sur la base du travail stratégique qu’ils ont mené collectivement ». Et sur la base du rapport des trois sénateurs ?
Cap sénatorial
Présenté ce 27 octobre en commission des affaires économiques du Sénat, le rapport sur l'avenir de la filière viticole propose 23 recommandations, dont la principale est « l'organisation par la ministre de l'agriculture, Annie Genevard, d'assises de la viticulture française au premier semestre 2026 » indiquait alors le sénateur Daniel Laurent (Charente-Maritime, Les Républicains), pointant que « si la filière souhaite sortir la tête de l'eau, elle doit absolument nouer un pacte de confiance entre ses composantes amont et aval, c'est-à-dire entre les producteurs et les négociants. C'est toute la filière, dans son ensemble, qui a son destin entre ses mains. » Pour obliger les parties à avancer, le sénateur, et viticulteur, proposait que les aides à la filière soient conditionnées à la réussite de ces discussions : « ces assises de la vitiviniculture devront être le lieu des compromis mutuels. Il faut faire intervenir davantage le négoce dans la production, en levant, sous forme d'expérimentation, le verrou législatif l'empêchant d'intégrer des Organismes de Défense et de Gestion (ODG) en échange d'un engagement formel du négoce, contrôlable et contrôlé par l'État, à développer sans délai les leviers de sécurisation du revenu de l'amont. »
« Nous plaidons pour l'organisation sans délai d'assises de la viticulture, où chacun devra être amené à prendre ses responsabilités » ajoutait le sénateur Sébastien Pla (Hérault, Parti Socialiste), le viticulteur languedocien soulignant que les rapporteurs sont « confiants dans le fait que la viticulture française détient la capacité de sortir par le haut de cette crise, tout simplement parce qu'elle en a toutes les ressources. C'est un secteur économique d'excellence. C'est en jouant en équipe que la filière viticole fera face aux défis dressés sur son chemin. Il y a bien un avenir pour elle. » Une perspective partagée par Annie Genevard, « déterminée, avec [les représentants de la filière], à redonner des perspectives au vignoble qui fait vivre de nombreux territoires et nourrit une des plus grandes fiertés du pays ».
* : En septembre 2019, la sénatrice girondine Nathalie Delattre portait, en tant que coprésidente de l’Association Nationale des Élus de la Vigne et du Vin (ANEV), un grenelle de la viticulture pour déployer une stratégie unitaire et hiérarchiser les multiples injonctions faites au secteur. Une initiative que la vigneronne bordelaise continuait de porter 6 ans après, en 2025 alors qu’elle était ministre délégué au tourisme.



