e n’est pas peu dire que les 10 millions d’euros d’aide à la restructuration des caves coopératives se font attendre. Obtenus en février 2025, ces fonds sont depuis suspendus à un rapport du Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) lancé au printemps et dont le rendu, prévu ce 31 octobre, serait désormais reporté d’un mois. Les représentants de la filière espérant un compte-rendu lors du rendez-vous ce jeudi 6 novembre avec la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, en ont été pour leurs frais. Et pour de nouveaux délais. « La lettre de mission de la ministre au CGAAER donnait une date de rendu fin octobre » regrette Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs de France, rapportant que le ministère évoque des sollicitations plus importantes que prévues pour que les auditeurs se déplacent en région. « Des auditeurs me disaient la semaine dernière qu’ils rendraient leur rapport vers le 15 décembre. La ministre nous a répondu : "je n’attendrai pas la fin de l’année pour avoir ce rapport" » rapporte Joël Boueilh.
Demandant d’ores et déjà un rendez-vous immédiatement après le rendu de ce rapport pour en préparer la mise en œuvre, le viticulteur gascon note qu’il a déjà une bonne idée de ce qu’il y aura dans cet audit : « la situation des caves coopératives se dégrade. Les perspectives très difficiles il y a un an, quand on réussissait à faire inscrire 10 millions € au budget de l’État (sur les 25 millions € nécessaires). Avec une récolte 2025 triste au possible [NDLR : par ses rendements bas] et des demandes d’arrachage venant majoritairement de viticulteurs en caves coopératives [NDLR : sur les 35 000 ha de vignes candidates], il n’y a pas de doute sur la fragilisation des coopératives viticoles : il faut restructurer pour se projeter. »
Objectif 35 millions €
Encore faut-il avoir les fonds pour. Avec un rapport rendu en toute fin d’année, la mise en œuvre immédiate de la restructuration n’est pas envisageable. « Ne nous voilons pas la face » prévient Joël Boueilh, pour qui « en 2025, malheureusement, on ne va rien déclencher d’astronomique. La question est de savoir si l’on pourra récupérer les caves qui ont investi cette année dans leur restructuration en espérant l’arrivée de fonds qui ne sont pas venus. Tout doit être mis en place pour le début 2026. » Si les 10 millions € alloués en 2025 ne sont pas utilisés, ils doivent être reconduits l’année prochaine pour Joël Boueilh, qui veut y ajouter les 25 millions € que la coopération prévoyait déjà de solliciter (la demande initiale étant de 25 millions €/an pour 2025, 2026 et 2027).
« Je vais être très clair : nous demandons 35 millions € en 2026 pour restructurer les caves coopératives parce que le besoin est urgent. La situation s’est dégradée et nous avons besoin d’outils forts et en place pour accompagner les nouvelles tendances de consommation » trace Joël Boueilh, rapportant que la réaction de la ministre à ces demandes est de demander des propositions crédibles et lisibles sur les façons d’utiliser ces fonds. « Pas de problème, nous avons les arguments depuis 8 mois. Nous sommes déjà parés pour restructurer opérationnellement les coopératives dès demain matin s’il le faut. Nous sommes prêts à faire feu pour aider les coopératives à passer les chocs des petites récoltes successives » indique le président des Vignerons Coopérateurs, qui répète que la restructuration permettra d’organiser l’outil coopératif pour répondre aux nouvelles demandes du marché : « si l’on veut avoir des outils et des gens capables de se projeter, il faut être en mesure de répondre à leurs besoins. C’est le but de la restructuration des caves. »



