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Bon an, mal ANSES

Par Alexandre Abellan Le 19 septembre 2025
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Bon an, mal ANSES
A

près 4 ans d’analyses de 56 pesticides auprès de 1 946 adultes et 742 enfants dans 265 communes viticoles et non-viticoles pour 11 millions d’euros, l’étude sur l’exposition aux pesticides des riverains de vignobles, PestiRiv, conclut que les populations à proximité de vignes traitées sont plus exposées que les autres, mais qu’il n’y a pas matière à tirer la sonnette d’alarme sanitaire (d’autres études étant nécessaire pour se positionner sur le sujet). Dans le vignoble, il faut « inscrire les utilisations des produits phytopharmaceutiques dans une logique de minimisation et de strict nécessaire » préconisent l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) et Santé Publique France dans leur avis commun sur PestiRiv. Le roman phyto commence à jaunir...

Oui, on en est encore là : des agences gouvernementales semblent croire que les vignerons traitent par automatisme et confort, sans se poser la question de l'impérieuse nécessité de protéger les rendements (et leur gagne pain), sans se poser la question de l’optimisation des doses (ne serait-ce qu'en début de saison) ou du choix des matières actives les moins pesantes pour l’environnement (et leur santé). « Les pesticides ne sont utilisés que lorsqu’ils sont strictement nécessaires pour protéger la plante face aux maladies et aux parasites » abonde Philippe Pellaton, le président de l’interprofession des vins de la vallée du Rhône (Inter Rhône) dans un communiqué remettant l’église au centre du village. Depuis Paris, il faut croire que le virage agroécologique du vignoble est peu visible (on y estime il est vrai que l’arrêt d’usage des CMR1 tient plus du report que de la réduction des phytos*). On semble ne pas y imaginer non plus la pression économique qui impose des arbitrages sur la protection du vignoble. Faute de trésorerie, même le vigneron le plus conventionnel et le moins sensible aux sujets environnementaux fait bien attention à ne plus sortir son pulvé sans que cela soit impératif. Les fournisseurs ne font plus d’avance et personne ne peut se permettre d’alourdir les coûts de production. Entre les pratiques anciennes et celles modernes, clairement il n'y a pas phyto.

Si les agences affirment « une logique » louable de réduction des usages pour moins exposer les vignerons, ouvriers et riverains aux phytos, encore faudrait-il en donner les moyens aux premiers concernés. Dans les documents présentés, rien n’est précisément indiqué pour encore plus réduire les phytos. Lors de la conférence presse, on évoquait seulement pour l’ANSES le recours à des stations météo… Qui permettent une meilleure connaissance des risque sanitaires, mais même avec une anticipation précise des pluviométries, à un moment donné il faut pouvoir traiter contre le mildiou. Les dernières décisions de l’ANSES sur la forte restriction des solutions cupriques en viticulture ont de quoi inquiéter pour la protection de toutes les vignes, bio comme conventionnelles ont besoin de cuivre. Le poids des maux, le choc des phytos...

Pour aller encore plus loin dans la réduction des pesticides, il y existe bien des leviers d’action : le vignoble est demandeur, mais il faut qu’il puisse se projeter sur de nouveaux outils allant du matériel (y compris le meilleur réglage des pulvés) aux dispositifs physiques (panneaux photovoltaïques, "parapluies" protégeant les vignes...), sans oublier le matériel végétal (avec des variétés résistantes aux maladies cryptogamiques) et la recherche et le développement de nouveaux produits (biocontrôles, mais pas que). Car la promesse politique du "pas d’interdiction sans solution" semble toujours plus théorique que pratique. Quitte à ne laisser comme seule alternative aux vignerons des phytos moins vertueux que ceux retirés. Certes il faut souligner la révision récente des interdictions de traitements viticoles pendant la fleur, un assouplissement qui témoigne d’une écoute de l’administration. Mais globalement l’approche administrative de la protection sanitaire est à la réduction des pesticides par tous les moyens. Qui veut le moins de phyto peut aussi le plus pour aider les vignerons à se passer de pesticides sans trinquer à marge forcée. Pavlovien juger sur place.

 

* : Concernant la réduction des CMR 1, ce sont des « chiffres qui ne témoignent pas forcément d'une réduction mais plutôt d'un report » entendait-on à l’ANSES lors de la conférence de presse de PestiRiv, où l’on soulignait que « la classe 2 est encore formulée et n'a pas vocation à disparaître. Si la situation devrait s’améliorer sans ces produits cancérigènes, mutagènes, reprotoxiques, démontrés, avérés, les voies d'exercice de la toxicité des substances ne passent de toute façon pas que par les aspects CMR. Sinon, une fois les CMR retirés, on ne ferait même plus d'évaluation. Or ça nous arrive régulièrement de ne pas autoriser des produits qui ne sont pas CMR 2, mais qui ont quand même des propriétés toxiques qui sont défavorables ».

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Tous les commentaires (4)
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Coco Le 19 septembre 2025 à 22:07:30
Dans le passé ce n'était pas ainsi ce qui peut se ressentir encore aujourd'hui. L'étude aurait été faire il y a 3 ans les résultats auraient surement été pire. il fallait lire 30 ans et non 3 ans désolé
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sbs Le 19 septembre 2025 à 14:05:05
Reçu ce jour une enquête Fance Agrimer pour tâter le terrain sur une éventuelle reconduction du plan d'arrachage de la saison passée.....Prêts pour le "double effet Kiss Cool" ?
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Coco Le 19 septembre 2025 à 13:05:07
Rien de surprenant autant tuer la poule aux œufs d'or. Nous sommes des personnes responsables et nous voulons simplement éviter les maladies nuisibles à nos vignes et raisins. C'est comme un vaccin comme pour la grippe, on nous demande tous les ans de nous faire vacciner pour éviter de trop graves conséquences et bien pour nos vins c'est pareil. Les vaccins pour le Covid que l'on ou a rendu obligatoire sans l'assumer. Et pourtant on voit les effets depuis 2 à 3 ans, plus de cancer, plus de problème cardiaque plus de maladie de Charcot là personne n'a fait d'étude sur ce sujet. Et pourtant on se demande si l'on en nous aurait pas empoisonné mais surtout ne rien dire. Nous c'est votre gagne-pain qu'il nous faut assurer on doit éviter les maladies et notre vaccin ce sont pour l'instant les produits phyto. Et que personne n'oublie que ceux-ci nous coutent cher, que des agences homologuent les produits, que nos tracteurs sont contrôlés et que dans l'intérêt de tous nous sommes en raisonnés. Nous ne nous fournissons que de ce qui nous est strictement nécessaire. Dans le passé ce n'était pas ainsi ce qui peut se ressentir encore aujourd'hui. L'étude aurait été faire il y a 3 ans les résultats auraient surement été pire. Pas comme le simple l'anda qui veut enlever les mauvaises herbes dans son jardin, prend un bidon et ce dit « avec double dose cela ira plus vite » et puis « le bidon est entamé autant le finir car il ne sera plus efficace ». Aie Aie Aie les doses. Sans perler des produits autoriser dans les autres pays européens mais pas en France (belle Europe et belle égalité) et que certains se procure tellement si facilement sur internet. Durant le confinement, pourtant nous agriculteurs nous avons continué à travailler les doses ont diminuer bonne question mais on n'en parle pas?. (cf azote par exemple) Enfin le pire c'est que ce sont nos impôts issus de notre sueur qui payent des gens à faire cela pour camoufler le chômage. Elle est belle notre France
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Yannis Le 19 septembre 2025 à 12:55:44
Une fois de plus les viticulteurs sont la cible des pseudo écolos bobos. Et l'administration bien au frais ou au chand (l'hiver) leur emboîté le pas. Pendant que les pauvres viticulteurs triment sang et eau pour essayer de perdre le moins d'argent possible et non plus en gagner... Tout cela c'est prendre les gens pour des imbéciles, les agriculteurs dans leur grande majorité traitent leur cultures de façon réfléchie et avec intelligence et même le plus ignare d'entre nous réfléchi a deux fois avant de sortir son pulvérisateur, car le prix des produits de traitement est exorbitant avec toutes les taxes qu'ils comportent. Quant au fait de retirer toutes les poudres cupriques c'est un aberration et la fin du Bio, ce qui est un non sens au point de vue environnemental... Surtout que le Mildiou devient de plus en plus virulent et que le cuivre reste la seule valeur sûre pour l'éradiquer (bio ou non). Pas d'autres solution garantie... Et bien sûr, a côté, on laisse rentrer des aliments du monde entier sans aucun contrôle ni contrainte. La France a un des agricultures les plus vertueuses du monde, que l'on tue, pour la remplacer par l'importation de produits qui polluent (ailleurs bien entendu) mais qui empoisonne les francais. Messieurs les "petits hommes gris" qui ne sortent jamais de vos bureaux climatisés (bravo pour l'écologie) après avoir détruit l'industrie, continuez a détruire l'agriculture française qui rapporte au pays et nourri les francais au profit des multinationales etrangeres qui ne rapportent rien et nous empoisonne.
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