ans le vignoble, « les obligations naissent du cahier des charges » que les vignerons s’imposent, comme répète Christian Siutat, le nouveau président de Quali-Bordeaux, l’organisme de contrôle externe de vins AOP et IGP en Gironde, Dordogne et Lot-et-Garonne*. En somme, le prestataire de services qu’est QualiBordeaux ne fait que s’assurer de l’application des cahiers des charges adoptés en assemblée générale des Organismes de Défense et de Gestion (ODG), avec 9 000 échantillons traités et 450 contrôles menés chaque année auprès de 6 844 opérateurs (4 032 caves particulières, 2 465 viticulteurs apporteurs à 32 caves coopératives et 613 négociants). Tenu à la confidentialité, Quali-Bordeaux ne communique pas sur les chiffres des manquements relevés lors de ses contrôles, mais on serait bien loin des " 30 à 40 % de fraudes dans le secteur viticole" rapportés avec inexactitude cet été après un rapport de l’administration (DGCCRF).
« 99,99 % des viticulteurs travaillent bien ! » résume Régis de Lescar, le directeur général de Quali-Bordeaux, balayant les 30 à 40 % de manquements plus ou moins graves : « on ne détecte pas de telles fraudes. On a pu constater des fraudes, mais elles sont très marginales. Les viticulteurs et négociants aujourd’hui sont plutôt respectueux des cahiers des charges et de leurs obligations. » Externes, les contrôleurs ne sont pas toujours les bienvenus sur les exploitations, mais ils permettent d’objectiver les ressentis de probité.


« On a affaire à une profession largement honnête » abonde Christian Siutat, ajoutant que « l’on peut ajouter des 9 derrière 99,99 %. Les consommateurs peuvent avoir confiance dans leurs viticulteurs, négociants et metteurs en marché. Le vin est l’une des rare filière à s’être autant remise en cause. La viticulteur en général est très honnête, ce n’est pas parce qu’il y a quelques brebis galeuses qui font sensation » qu’il faut l’oublier pour lui. En place depuis 2008, Quali-Bordeaux n’a fait face qu’à un faible nombre de fraudes, retentissantes médiatiquement, mais « ridiculement faibles rapportées à l’ensemble des volumes » produits pointe Régis de Lescar.


Travaillant désormais pour 7 100 opérateurs sur moins de 100 000 hectares de vignes, Quali-Bordeaux voit la baisse des surfaces AOC et l’arrêt d’activité de vignerons peser sur ses équilibres budgétaires. Face à ce défi, « 2025 va être une année décisive pour bon nombre d’entre nous » résume Christian Siutat, constatant qu’avec l’arrachage en cours, « le paysage viticole change énormément ». Les rendements s’annonçant faibles ce millésime 2025, les moyens de la structure Quali-Bordeaux dépendront de la déclaration de récolte. Sachant qu’une augmentation des cotisations est écartée par le bureau et le conseil d’administration de l’association. « C’est à nous, partenaire de la filière, de s’organiser pour essayer de passer cap, et on réussira à tenir notre rôle sans augmentations » pose Christian Siutat. En un an, Quali-Bordeaux est passé de 21 à 19 salariés équivalents temps plein, avec des départs non remplacés. « On réduit nos effectifs pour s’adapter à la baisse des superficie » résume Régis de Lescar, notant, alors que le départ de l’AOC Pomerol du château Lafleur agite les débats, qu’« il n’y a pas transfert massif des AOP vers les IGP ou VSIG. » Mais « compte tenu du changement climatique que nous vivons et allons vivre, c’est aux ODG d’adapter leurs cahiers des charges aux nouvelles contraintes » analyse Christian Siutat, pour que Quali-Bordeaux puisse veiller à leur bonne application.
* : Avec le suivi de 47 cahiers des charges AOC, le contrôle externe de l’IGP Périgord,et le contrôle organoleptique de l’IGP Atlantique.