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L'Italie en crise vitivinicole : syndicats et gouvernement à la recherche de solutions

as moins de huit syndicats professionnels de premier plan ont participé à la réunion organisée début août à Rome en présence non seulement du ministre de l’Agriculture Francesco Lollobrigida, le ministre de l’Entreprise et du Made in Italy et le sous-secrétaire à la Santé Marcello Gemmato, mais également de la Première ministre Giorgia Meloni. A l’heure où les vendanges débutent, avec la perspective d’une production normale – estimée par la Coldiretti autour des 45 millions d’hectolitres – et que les stocks atteignent un niveau record, les débats s’intensifient pour tenter de trouver les solutions capables d’amortir l’impact de la crise pour les acteurs du secteur.

« Nous sommes à un tournant pour l’avenir du vin italien » a déclaré avec gravité le président du syndicat Coldiretti, Ettore Prandini. « Et des mesures exceptionnelles, rapides et coordonnées sont nécessaires pour éviter qu’une difficulté conjoncturelle ne se transforme en crise structurelle ». Pour certains secteurs, notamment les vignobles producteurs de vins rouges, la crise paraît déjà bien structurelle. Une réalité corroborée par le niveau sans précédent des stocks, estimée désormais à plus de 46 millions d’hectolitres. Parmi les propositions formulées par la Coldiretti figurent « un financement juste et immédiat pour la distillation extraordinaire », un renforcement des fonds destinés à la promotion du vin italien à l’international, des allégements fiscaux pour les entreprises qui font des investissements dans la production durable, des mesures de soutien à l’oenotourisme, la création d’un comité permanent au sein du ministère de l’Agriculture dédié à la promotion et à la communication et « la simplification drastique des procédures » bureaucratiques.

Une panoplie de mesures « correctives »

Parmi d’autres mesures techniques proposées, l’Unione Italiana Vini demande que les autorisations de nouvelles plantations soient bloquées, tandis que Riccardo Cotarella, président de l’association nationale des œnologues Assoenologi, estime que « la question de la gestion du rendement ne peut plus être reportée. La qualité est fondamentale mais elle doit s’accompagner d’une analyse rigoureuse de l’offre et de la demande. C’est la règle la plus fondamentale de tout marché ». Le syndicat agricole Confagricultura, qui pointe des difficultés « généralisées » touchant « presque toutes les régions », abonde dans le même sens, insistant sur la nécessité « d’identifier des mesures correctives capables d’impacter les volumes de production ». Considérant qu’il faut s’attaquer « résolument au problème des arrachages », le syndicat affirme qu’il faudra agir « sur plusieurs fronts », dont la gestion des autorisations de nouvelles plantations et la régulation des rendements, « tant pour les vins ordinaires que pour les vins d’appellation ». Comme ses confrères, la Confagricultura souhaite voir la mise en application d’une « vision stratégique globale du secteur, structurée sur plusieurs années ».

Au niveau commercial, si les vignerons indépendants italiens rappellent la nécessité de « faciliter la vente aux particuliers » pour tirer profit au maximum des conditions de libre-échange entre les pays de l’Union Européenne, d’autres organisations exhortent l’Etat italien à établir et étendre les accords de libre-échange avec des marchés porteurs comme l’Inde pour tenter de contrer les effets néfastes de l’accord UE-Etats-Unis ainsi que les mesures protectionnistes prônées par la Russie et la Chine. Etant donné le climat commercial actuel, la Confagricultura prédit une baisse généralisée du prix des raisins avec des estimations pouvant atteindre -30%, malgré la pression inflationniste sur les coûts de production. « Dans certaines régions, comme la Lombardie et les Pouilles, la crise est manifeste, avec des demandes de blocage des revendications ou de réduction des rendements » note le syndicat.

Il est ressorti de cette réunion de haut niveau une volonté commune : celle de redorer le blason du vin sur le plan culturel et économique. En amont de la réactualisation de la Déclaration des Nations Unies sur les maladies non-transmissibles, la Première ministre italienne Giorgia Meloni a souligné « le soutien total du gouvernement à la filière. Le vin est un pilier de l’agriculture et du régime méditerranéen. Il est essentiel de faire la distinction entre l’usage et l’abus ». Les responsables professionnels ont appelé unanimement en faveur d’une « campagne de communication institutionnelle », qui présente le vin « avec rigueur, modération et vérité » en s’appuyant sur les données scientifiques les plus récentes. « Relancer la demande est une priorité pour nous et nécessite des efforts de promotion et de communication renouvelés et renforcés, capables de contrer un discours de plus en plus répandu qui a tendance à dévaloriser la culture du « bien-boire » » a martelé le président de la Confagricultura, Christian Marchesini. Soutenue par le ministre de l’Agriculture, la campagne visera à « promouvoir le vin comme un produit identitaire de l’Italie, un rempart culturel et économique à défendre contre les attaques idéologiques prohibitionnistes de certains courants européens et internationaux » affirme de son côté Assoenologi.