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a bible numérique des variétés innovantes plantées sur une centaine d'hectares par les vignerons de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur prend forme. Chef de file du projet O’Cesar achevé l’an passé, le Centre du Rosé y a regroupé les caractéristiques agronomiques, œnologiques, et sensorielles de l’artaban, du caladoc, du floreal, du lilaro, du muscaris, du nathy sauvignac, du nero d’avola, du rousseli, du sciaccarello, du souvignier gris, du vidoc, du voltis, et du xarello.
Des informations bien utiles à certains organismes de défense et de gestion (ODG) comme celui de l’AOP Côtes de Provence qui a fait le choix dans le cadre de la directive VIFA de 2021 d’intégrer à son cahier des charges cinq* variétés étrangères tolérantes à la sécheresse et devra bientôt statuer sur leur inscription définitive au cahier des charges en tant que cépages principaux ou accessoires.
« Bien que les vins n’atteignent souvent leur plein potentiel qu’en 6ème voire 7ème feuille, des tendances se dégagent des dégustations réalisées par notre jury expert et des professionnels à partir de vinifications réalisées depuis 2022 dans notre cave expérimentale », indique Nathalie Pouzalgues, cheffe de projets au Centre du Rosé. Le floréal semble ainsi se rapprocher du vermentino, tout en étant un peu moins acide. « Il pourrait être envisagé en monocépage, comme le calabrese des terroirs sablonneux dont l’aromatique, l’équilibre en bouche et la couleur rappellent les vins de Provence, même si nous n’avons pas encore trouvé de grenache climatique ou tolérant aux maladies », décrit l’œnologue.
D’autres variétés se montrent plus intéressantes une fois assemblées avec un vin de base rosé de grenache, cinsault et syrah. « C’est le cas du souvignier gris pour son acidité ou du moschofilero pour ses notes florales », illustre encore Nathalie Pouzalgues, qui travaille en parallèle sur l’optimisation des itinéraires de vinification de toutes ces nouvelles variétés. « Comme pour le cinsault, le process fermentaire semble par exemple bien convenir au souvignier gris alors que le process thiols avec stabulation à froid est plus adapté sur floréal ». En 2025, le Centre du rosé va aussi vinifier pour la première fois les variétés de la série Resdur 2 lilaro et sirano.
Invitant les vignerons à venir déguster les cuvées vinifiées au Centre du Rosé, les partenaires** du projet O’Cesar sont également en train de construire une vinothèque virtuelle recensant la disponibilité des vins commerciaux issus des variétés innovantes. « La tâche n’est pas aisée, notamment en AOP quand le cépage n’est pas revendiqué sur l’étiquette » reconnait Tyfaine Bouric, ingénieure en expérimentation viticole et œnologique pour le pôle national rosé de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV).
Le vignoble provençal attend en outre beaucoup des 127 nouvelles obtentions variétales plantées en 2021 dans la zone des Coteaux Varois, à proximité de l’abbaye de la Celle (83), et microvinifiées depuis l’an passé. Issues de croisement entre des cépages locaux (cinsault et vermentino) et des cépages résistants (Resdur et obtentions Bouquet), elles devront être résistantes aux maladies cryptogamiques, adaptées au changement climatique, et qualitatives pour émerger du processus de Valeur Agronomique Technologique et Environnementale (VATE).
*Agiorgitiko, calabrese, moschofilero, verdejo et xinomavro.
** Institut français de la vigne et du vin (IFV), Chambres d’agriculture du Var, Vaucluse, et Bouches du Rhône, Syndicat des vignerons du Var, et Syndicat des vins Côtes de Provence.
