n caviste dédié aux vins de Bordeaux à Bordeaux, ce n’est pas une première*. Mais pour le néo-caviste Arnaud Pecriaux, c’est une évidence qui ne va pas dans le sens de la facilité et impose de s’y lancer. « La difficulté de réussir ne fait qu'ajouter à la nécessité d'entreprendre » écrivait Beaumarchais. Ayant lancé cet été sa cave indépendante, baptisée Crush et basée au 61 de la rue Fondaudège dans le centre de Bordeaux, le grossiste auprès de la restauration (ARPE distribution) et négociant en vins rares (anciens millésimes, grands crus classés…) revendique une majorité de vins de Bordeaux dans son offre (actuellement 66 % sur 230 références de vins, hors raretés, pour atteindre 80 % en septembre).
Avec un nom de cave axé sur l’attirance moderne et un ancrage dans le vignoble local (à tendance bio et biodynamie, mais aussi au réemploi des bouteilles), « l’objectif, c’est de réconcilier les Bordelais avec leur propre vin » résume Arnaud Pecriaux dans un communiqué. Sans aller jusqu’au Bordeaux bashing, les préjugés ont la vie dure et « trop de gens pensent que Bordeaux, c’est cher, vieillot, ou réservé aux initiés. Pourtant, il y a ici une diversité incroyable : des jeunes vigneronnes, des cuvées audacieuses, du naturel, du bio, de la sincérité » pointe le caviste de 35 ans, qui s’étonne du manque de chauvinisme des restaurateurs.


« J’ai pas mal vadrouillé dans ma jeunesse, dans ma carrière, j’ai passé beaucoup de temps dans la Loire ou dans l’Yonne, notamment du côté de Chablis. Là-bas, les vins de Beaune, sur une carte, c’est quasiment dans la rubrique “vins étrangers” ! Il y a une vraie fierté locale, parfois exagérée, mais assumée. Ici, on a presque oublié qu’on avait de vrais trésors à portée de main » estime Arnaud Pecriaux, qui pondère immédiatement : « je ne dis pas qu’il ne faut pas être curieux d’autres régions, au contraire, c’est très sain. Mais plutôt que de faire venir des vins de l’autre bout de la France, on peut déjà soutenir ceux qui travaillent bien ici, qui sont nos voisins, les parents d’amis, nos propres clients. » En somme, « l’idée est de défendre les vins du territoire sans exclure la curiosité pour d’autres régions : même ceux qui boudent habituellement le Bordeaux finissent souvent par se laisser surprendre » pose le caviste, qui veut mettre en avant les circuits courts et des gammes accessibles (prix de vente entre 8 et 20 €).
* : En témoigne la vénérable maison L’Intendant en étant la tête de pont avec une offre 100 % bordelaise au sein du groupe Duclot, appartenant à la famille Moueix.