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La protection du vignoble dans l’inconnu, "le cuivre n’est plus une solution simple pour les riverains et les cours d’eau"
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La protection du vignoble dans l’inconnu, "le cuivre n’est plus une solution simple pour les riverains et les cours d’eau"

Réduits en nombre et en modalités d’usage par l'ANSES, les produits phytosanitaires à base de cuivre rétrécissent encore la boîte à outils contre le mildiou de la vigne, laissant dans le flou les techniciens bio et conventionnels qui ne savent pas vraiment de quoi l’avenir sera fait.
Par Alexandre Abellan Le 05 août 2025
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La protection du vignoble dans l’inconnu,
'Pour les riverains, la DSPPR est de 10 mètres minimum. Pour les cours d’eau, ZNT et DVP sont de 20 m minimum' pointe Tristan des Ordons. - crédit photo : Alexandre Abellan
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ombée dans la torpeur de l’été, ce 15 juillet, la salve à 50/50 d’homologations et de refus d’Autorisations de Mise sur le Marché (AMM) de 31 produits à base de cuivre pour protéger les vignes du mildiou par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) laisse perplexe le vignoble, bio mais pas que, qui se prépare à la perte soudaine de nombreux produits de contact contre le mildiou. Si la vente des produits n’ayant plus d’AMM sera interdite d’ici 6 mois, leur utilisation restera possible pendant 18 mois, couvrant la campagne viticole du millésime 2026. Mais après… Cela tient pour l’instant d’un saut dans le vide dont l’atterrissage reste invisible, nimbé dans des brumes rendant flou.

« Beaucoup d’informations manquent à date et nous travaillons avec l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) et les firmes pour en savoir plus fin août » prévient Stéphane Becquet, le directeur des Vignerons Bio de Nouvelle-Aquitaine, pointant que le dossier est d’autant plus complexe que d'autres demandes d’homologation de cuivre sont actuellement étudiées en Italie : « on ne sait pas aujourd’hui ce qui reste disponible ou pas. Certaines firmes n’ont pas déposé leur AMM en France, et leur ancienne AMM courra jusqu’à réhomologation italienne. Mais ce n’est pas pour tout de suite, l’autorité italienne prend son temps. » D’après l’ANSES, 22 produits cupriques sont actuellement étudiés en Italie, où a également lieu la réévaluation européenne du cuivre. De quoi ajouter de possibles délais et indécisions à un sujet qui n’en manque pas.

Impression de débandade

« Nous sommes dans une période de grand flou » résume Tristan des Ordons, le directeur de Phloème Conseils (6 000 hectares de vignes suivies en Gironde, Charentes et Val de Loire), qui note que « l’on sait ce qui va se passer à terme pour la réduction de l’usage du cuivre et ce n’est pas une surprise après des années de dérogation. Il y a un coup de rabot énorme. Pour l’instant c’est un peu une douche froide, beaucoup de produits vont disparaitre pour la vigne : pour l’hydroxyde de cuivre, il ne reste que Champ Flo et Helioterpen Cuivre. C’est un peu une bérézina pour les produits dont l’homologation a été étudiée par l’Anses, mais il faut être prudent avec les informations que l’on a. Elles sont encore partielles pour leur application et incertaines. »

Pas d’usage en vigne sans solution cuivre

Face aux questions et incompréhensions, l’ANSES se veut rassurante, normalisant la chute de produits par l’âge de certaines AMM. Une telle vague d’homologation avait déjà eu lieu avec le glyphosate pour « mettre à niveau tous les produits, une fois pour toute, et éviter les distorsions » indique Julien Durand-Réville, le responsable santé pour Phyteis (l’interprofession des firmes phytos), qui rapporte ne pas avoir eu de remontées de fournisseurs de cuivre suite aux nouvelles AMM : « les feuilles vont être épluchés à la rentrée », sachant que le cuivre reste une substance active candidate à la substitution pointe l’expert. Plus globalement, « sur 31 AMM concernées par l’usage de la vigne 50 % ne sont pas/plus autorisées. Ce sont les usages de ces produits non-autorisés qui vont disparaître, par contre, il n’y a pas d’usage qui va devenir orphelin. C’est important à préciser : il n’y a pas d’usage en vigne sans solution cuivre. Tous les usages restent pourvus, avec au moins un produit autorisé » explique Bertrand Bitaud, le directeur des AMM pour l’ANSES. Un argument sur l’absence d’usage orphelin qui ne convainc pas dans le vignoble.

« Il faut considérer toute la saison et pas un seul usage. Le fond du problème est une année à 10 ou 15 traitements. Comment fait-on quand l’AMM limite à 1,5 kg/ha alors que l’on peut aller jusqu’à 4 kg/ha de cuivre avec une possibilité de lissage ? » pointe Stéphane Becquet, qui relève plus globalement que « ce qui est inquiétant ce sont les limitations fortes de quantité par AMM qui vont obliger à changer souvent de produits. Avec moins de spécialités disponibles, ça ne va pas trop dans le sens de la simplification… Avoir des AMM avec des doses et des ZNT différentes complique tout. »

Une contrainte qui ne concerne pas seulement les bio

Les évolutions d’usage pour les produits dont l’AMM est renouvelée devraient rapidement peser sur les stratégies de protection de tout le vignoble. « Pour les riverains, la Distance de Sécurité vis-à-vis des Personnes Présentes et des Riverains (DSPPR) est de 10 mètres minimum. Pour les cours d’eau, la Zone de Non-Traitement (ZNT) et les Dispositifs Végétalisés Permanents (DVP) sont de 20 m minimum. Le cuivre n’est plus une solution simple pour les riverains et les cours d’eau » pointe Tristan des Ordons, soulignant également les contraintes sur le nombre de traitement réduit et des restrictions de doses : « pour l’instant, cela devient une contrainte assez importante. Qui ne concerne pas seulement les bio. Ce sont des conditions d’utilisation drastiquement plus sévères. On peut se dire que ça craint, mais il faut faire le point complet. Pour l’instant, il n’y a que des informations partielles et il n’y a qu’une partie qui a été réévaluée. D’autres produits sont en cours de réhomologation en Italie comme pays rapporteur et on ne sait pas comment cela va s’articuler. » Pour paraphraser Blaise Pascal, de quoi espérer pour certains une vérité en deçà des Alpes, une erreur au-delà ?

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Tous les commentaires (4)
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Mimi Le 09 août 2025 à 16:13:32
Bientôt je pense que c'est avec des tisanes qu'il faudra traiter nos vignes. Mais où va t on ? Notre agriculture est mise à mal tous les jours. Des filiales entières sont entrain de disparaître. A la place on aura la culture de la ronce et du béton. Mais c'est pas grave on mangera de la merde des autres pays. Nous ne produisons plus rien. Mais le château de carte s'affale de plus en plus touchant les commerces et autres qui gravitent autour de l'agriculture. Ouvrez les yeux ceux qui nous gouverne notre pays va mal et notre agriculture meurt !!!
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Lole Le 08 août 2025 à 08:51:57
Olivier Metzinger à chaque article on pourrait dire qu'il voudrait nous tuer ils ne s'y prendrait pas autrement. C'est inquiétant quand même, je l'avais déjà écrit sur un autre article il y a quelques semaines.
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Benji Le 07 août 2025 à 18:22:47
Personnellement je pense que là meilleurs solution serait la suppression de l'anses l'état ferais ainsi de réels économies qui pourraient servir à l'indemnisation de la filière qui subit les directives franco françaises! Il est temps de faire comme nos voisins européens qui n'ont aucunes de nos contraintes (Znt,dsr,ecophyto,bio,HVE,terravitis,etc?.) ! Il est temps de parler économie et rentabilité aussi bien agricole que dans ces organismes de fonctionnaires n'en déplaise à Mme Rousseau
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Olivier Metzinger Le 06 août 2025 à 22:42:58
Reprenez l'intervention de M Bitaud de l'Anses lors du webinaire vitisphere il y a quelques mois. Normalement lors de l'homologation d'un produit on regarde la balance bénéfices/risques. Or l'Anses de M Bitaud considère qu'il n'y a aucun bénéfice dans l'usage des Phytos. Manger à sa faim, cultiver en Bio, éviter le développement de toxines toxiques sur l'alimentation, pouvoir conserver les récoltes, tout cela selon l'Anses n'apporte aucun bénéfice à la population. A votre avis qu'arrive t il quand on instruit des dossiers exclusivement à charge? Est ce juste? Je lui ai personnellement posé la question, mais il n'a pas jugé utile de répondre. On voudrait tuer les filières agricoles française qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
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