ans les vignes de Bourgogne, « nous avons la chance d’avoir reçu un héritage unique que notre longue histoire a su conserver jusqu’à nous dans son intégrité et son authenticité » retrace Aubert de Villaine lors de son discours à l’occasion du 10ème anniversaire de l’inscription des Climats au Patrimoine mondial de l’Unesco, ce 4 juillet à Puligny-Montrachet. Si « le contexte mondial n’est pas ultra réjouissant. Il est d’autant plus bienvenu de nous souvenir ensemble aujourd’hui de cet instant inoubliable* » rappelle le président d’honneur des Climats du vignoble de Bourgogne. Retraité depuis 2022 de la cogérance du prestigieux domaine de la Romanée Conti, Aubert de Villaine souligne que 9 années de mobilisation ont été nécessaires pour l’inscription à l’Unesco des Climats et l’« élévation au rang de patrimoine de l’humanité de notre héritage, cette culture bourguignonne qui fait de notre territoire un paysage culturel vivant unique au monde ». Car « la Bourgogne, le seul endroit au monde où le climat appartient au sol et à la terre » disait le défunt Bernard Pivot, président du comité de soutien des Climats cité par Aubert de Villaine, qui ajoute que « cet héritage est aujourd’hui un modèle universel auquel se réfèrent toutes les viticultures de terroir du monde ».
Rappelant les droits et devoirs d’un patrimoine vivant, Aubert de Villaine reconnait qu’« il y a, nous le savons tous, les valeurs qui font durer et il y a les valeurs qui font progresser. Ailleurs, il arrive qu’elles s’affrontent. Chez nous elles se conjuguent, elles sont mariées, c’est cela l’esprit de l’inscription. » Une union en forme de patchwork, avec « cette Bourgogne des Climats qui font de nos paysages la plus belle tapisserie du monde, ce long défilé de centaines de climats, chacun unique et différent, rythmé par nos murets et nos cabotes - qu’il est émouvant de voir peu à peu restaurés » dresse le très proustien vigneron (le domaine de la Romanée-Conti se trouvant rue du Temps-Perdu à Vosne-Romanée, comme le raconte Romanée-Conti, la Recherche de Thierry Weber, édition Tonnerre de l'Est).


« Cette Bourgogne de nos villages avec leurs caves et leurs cuveries serrées autour de leurs églises » évoque Aubert de Villaine, ajoutant « celle des vignerons, héritiers du passé, mais surtout bâtisseurs de l’avenir » et « cette Bourgogne moderne qui vit dans le présent, toujours prête à progresser, à aller de l’avant pour écrire la page blanche des temps nouveaux, mais qui chérit et protège son passé car elle sait que si elle le perdait, elle perdrait aussi son âme. » En somme, « c’est toute cette beauté que nous avons le devoir de transmettre ».
* : Aubert de Villaine se souvient du « grand amphithéâtre de l’ancien Bundestag à Bonn, occupé de bas en haut par les délégations Unesco du monde entier, notre candidature est présentée, que la présidente du Comité du Patrimoine mondial la soumet au vote des ambassadeurs, mais ceux-ci disent non au vote et se lèvent pour élire notre candidature à mains levées et à l’unanimité, dans un geste de reconnaissance que pas un de nous n’attendait aussi fort ».
Aubert de Villaine lors de son discours des 10 ans du classement Unesco. Photo : Association des Climats du vignoble de Bourgogne/J-L.Bernuy