rame frappant violement le vignoble et tous ses acteurs, le suicide du vigneron Christophe Blanc ce 10 mai à Saint-Magne-de-Castillon (Gironde) est un signe de la crise économique qui écrase la filière. Mais cette tragédie n’est pas née d’un refus bancaire d’avance de trésorerie pour l’arrachage de vignes primées comme l’a initialement publié Vitisphere ce 12 mai, suite à des déclarations concordantes dans le vignoble.
N’ayant pas réagi sur le moment, le Crédit Agricole réfute fermement tout cela dans un communiqué ce 13 mai : « nous démentons formellement les accusations formulées contre le Crédit Agricole Aquitaine sur les réseaux sociaux et relayées dans la presse contenant des informations non vérifiées. Aucun crédit n’a été refusé à monsieur Blanc dernièrement comme cela a été écrit. Les discussions sur l’arrachage de ses vignes étaient en cours avec le Tribunal de commerce dans le cadre de sa procédure collective, dont nous espérions une issue favorable. » Présentant ses condoléances à sa famille et ses proches, le premier réseau bancaire du vignoble (5 500 clients dans la filière avec 3 milliards d’euros d’encours)
précise que « c’est avec une grande tristesse que nos équipes ont appris le décès de monsieur Christophe Blanc, client que nous avons toujours accompagné à titre particulier et professionnel. Nos relations commerciales avec M. Blanc ont toujours été très cordiales. »
Le vice de la procédure
« Je dis ce que je sais, pas ce que je ne sais pas » maintient Charles Faure, le premier adjoint de la mairie de Saint-Magne-de-Castillon, qui rapporte que Christophe Blanc lui avait indiqué avoir déposé un dossier à sa banque pour pouvoir payer l’arrachage : « il n’a pas eu de réponse, il n’a pas pu faire d’arrachage. Ils n'ont pas refusé, mais ils n’ont pas donné les fonds. Je ne veux pas lancer de polémique, Christophe Blanc est décédé. Mais il n’a pas eu ses aides et que l’on ne dise pas de chanson. »
« En effet, il n’y a pas eu de refus administratif écrit. Il n’y a pas eu de refus, mais il n’y a pas eu d’acceptation, alors qu’il y a des dates butoir et qu’il faut trouver un prestataire » nuance également Florence Cardoso, PDG du château Haut-Beynat (Castillon), dont le post coup de gueule contre la banque verte est devenu viral. « Il était en instruction, mais étant donné qu’ils n’ont pas dit oui, il était en attente. Il y a des dates butoir. Si Christophe avait eu cette acceptation, il aurait eu un autre moral que celui qu’il avait. Je suis sure qu’il ne serait pas passé à l’acte » avance la vigneronne, qui prévient qu’elle connait d’autres vignerons attendant la validation de leurs demandes de trésorerie. Pour sa part, le Crédit Agricole précise que « face aux temps difficiles que connait le secteur viticole, vous pouvez être assurés que nous faisons tout pour défendre et soutenir nos clients, et que pour chacun d’entre eux, toutes les solutions sont étudiées afin de leur apporter le meilleur accompagnement possible. »


« Si l’on joue sur les mots pour défendre un système qui n’a pas su répondre à l’urgence humaine, c’est qu’on passe complètement à côté du vrai problème » estime Florence Cardoso, précisant que « ce que j’ai exprimé, c’est un ressenti de terrain, celui d’un homme – Christophe – confronté à un silence administratif et à une incertitude qui devenaient insupportables dans un moment critique. Le dossier était en cours d’instruction, certes, mais la date butoir approchait dangereusement (le 2 juin), et il n’a eu aucun signal, aucun engagement clair, aucun signe de confiance qui aurait pu l’aider à tenir psychologiquement. Après coup, la date a été repoussée (au 22 juillet). Mais Christophe n’était déjà plus en état de gérer. Ce que je dénonce, ce n’est pas une décision "officielle", c’est l’absence de soutien humain, l'absence de clarté, l'incapacité à rassurer à temps un homme déjà en détresse. Je n’ai jamais dit que le Crédit Agricole avait refusé officiellement la demande. »