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u bois mort pour favoriser la vie. Tel est le concept des haies de Benjes ou haies sèches constituées de branches et de brindilles empilées et stabilisées par des piquets. A Férébrianges, dans la Marne, Marcelin Massy en a installé une en janvier 2023, sur une petite parcelle de 7 ares non cultivée, entre deux champs. Cette haie de 15 m de long forme un zig zag. « Ma première motivation était de répondre au cahier des charges de la certification Viticulture Durable en Champagne, précise ce viticulteur qui exploite 1 ha. J’avais essayé d’implanter une jachère fleurie sur cette parcelle, mais cela n’avait pas été concluant. J’ai découvert les haies sèches sur internet et le concept m’a séduit »
Outre répondre aux exigences de la certification, Marcelin Massy voulait combler un espace vide et favoriser la biodiversité tout en apportant une touche d’esthétisme. La construction a nécessité deux jours de travail, soit environ une heure par mètre de haie.
« Pour les piquets, je suis allé chercher des morceaux de bois tombés dans la forêt, principalement du frêne, explique-t-il. Et je les ai plantées après avoir fait des avant-trous avec une tarière ». Pour remplir la haie, il s’est servi de branches de chênes qu’un propriétaire forestier l’a autorisé à ramasser. Deux ans plus tard, la haie ayant perdu 15 à 20 % de sa hauteur, il l’a rechargée avec des branches de tilleul. A l’avenir, il espère qu’une haie naturelle va s’installer. « Des oiseaux viennent se poser sur les perchoirs que j’ai installés, notamment un faucon crécerelle. Ils vont apporter des graines », poursuit-il. Marcelin Massy est également actif sur l’implantation des haies classiques. Il a regroupé une douzaine de vignerons du village au sein d’un collectif pour planter des haies en bordure de parcelles et relier ainsi de îlots de vignes. En 2024, 420 mètres de haies ont été plantés.
Dans les vignes de Veuve Clicquot (groupe MHCS), cela fait également deux ans que Clément Poly, chargé de biodiversité, a fait installer des haies sèches. C’est en cherchant des idées sur Youtube et sur Facebook et en observant le paysage qu’il en a eu l’inspiration. « Les haies sèches n’entrent pas en concurrence avec la vigne, souligne-t-il. Elles maintiennent les talus et servent de refuge aux insectes et aux oiseaux. On les positionne à côté d’autres aménagements comme des haies ou des murets pour que la faune puisse facilement circuler entre ces habitats ».
En 2023, Clément Poly a fait appel à un paysagiste qui a installé 237 m de haies sèches sur les communes d’Oger et de Ville-Dommange, dans la Marne. Puis en 2024, 130 m dans les villages d’Avenay-Val-d’Or, de Pargny-lès-Reims et de Ville-Dommange. Pour façonner les haies, le paysagiste a choisi des piquets en acacia, un bois durable et résistant, utilisé pour le palissage des vignes. Des piquets de 2 mètres de haut qu’il a enfoncés de 50 cm dans le sol. La hauteur des haies finies étant fixée à 1,2 m, il les a ensuite tronçonnés pour qu’ils soient tous à la même hauteur. L’épaisseur des haies est généralement de 60 cm en intégrant les piquets. Pour l’instant, il les a remplies de branchages qu’il a récupérés sur ses chantiers. Veuve Clicquot réfléchit à y ajouter des ceps de vigne.
Ce nouveau type de haie plait bien en interne. « C’est un aménagement qui change, observe Clément Poly. Ces haies ne gênent pas les tractoristes. D’autres sont en préparation pour 2026 ! ».
La future génération de viticulteurs s’investit également. Sur le domaine expérimental du Comité Champagne de Plumecoq (Marne), dix-neuf lycéens de première du lycée viticole d’Avize Viti Campus ont ainsi aménagé une haie sèche en janvier d’une vingtaine de mètres de long sur un mètre de large. Les branchages mis en place ont été entrelacés et tressés pour ajouter un côté esthétique à la haie et mieux maintenir les branchages entre les piquets. La relève est en marche !
Alexandra Bonomelli, responsable de projets au Comité Champagne explique « Les haies sèches sont assez récentes en Champagne. Pour la biodiversité, il est intéressant de multiplier les différents types d’habitats à savoir l’herbe haute, l’herbe rase, les pierriers, les murets, les haies fleuries et les haies sèches. Le bois mort est un écosystème à part. Des insectes, parmi lesquels des coléoptères, viennent s’y nicher. Elles peuvent servir de corridor de déplacement pour la faune sauvage et abriter des hérissons ou des grenouilles. Elles peuvent clôturer un espace, maintenir un talus et lutter contre l’érosion lorsqu’elles sont perpendiculaires à la pente. Les haies sèches ne coûtent presque rien et ne demandent pas d’autre entretien que de les recharger de temps en temps. Et elles n’entrent pas en concurrence avec la vigne ».
