e part et d’autre du Rhône, un territoire formé de cinquante et une communes comptant plus de mille domaines viticoles et 4400 hectares de vigne se porte candidat au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette bande de terre étendue sur 80 km du Nord au Sud, entre Vienne et Valence, regroupe les huit appellations des Côtes du Rhône septentrionales, dont l’histoire est intimement liée à celle du fleuve et de ses riverains. D’où le nom provisoire choisi pour l’association portant la démarche : « De Rhône en vignes, cultures en partage de Vienne à Valence ».
Créée en mars 2025 et présidée par le vigneron Philippe Guigal, elle tenait sa réunion fondatrice le 7 mai à Lyon sous l’égide la Région Auvergne-Rhône-Alpes, en présence des différentes parties prenantes du projet : filière vitivinicole, collectivités territoriales, acteurs de l’économie et de la culture, fleuve Rhône.
La réflexion initiée il y a cinq ans est arrivée au stade de la concrétisation. « Il y a eu le temps des intuitions de 2020 à 2022, qui a servi à mobiliser la filière et conduire une étude de préfiguration, explique Philippe Guigal. Des constats forts sont ressortis: la présence marquante du fleuve, la présence ancienne de la vigne, renaissance récente du vignoble, l’origine locale de la syrah… Et un territoire a été délimité. Puis il y a eu le temps de la méthode : on a créé un comité de pilotage qui s’est structuré et entouré de partenaires techniques et financiers. Nous avons alors fait des inventaires du patrimoine, collecté des savoirs auprès des acteurs locaux et des particuliers, réalisé une étude de faisabilité, développé des outils de communication… Nous arrivons au temps de la gouvernance avec la création de l’association. » Celle-ci réunit toutes les parties prenantes du projet, qui reste piloté par la filière vitivinicole.
Avec la labellisation de l’Unesco, c’est la reconnaissance de leur métier et leur filière, avec tout ce qu’elle apporte au territoire, qu’espèrent les vignerons. « C’est aussi une démarche de vivre ensemble, qui fédère différents acteurs et peut ramener du lien avec les habitants du territoire », complète Philippe Guigal. Le budget est estimé à 500 000 € par an pour faire vivre un territoire classé, et en amont il faut payer des études et un chargé de mission à plein temps… « Mais on parle d’une reconnaissance mondiale, qui peut fédérer tout un territoire », reprend le président de l’association.
La prochaine étape sera le montage du dossier de candidature sur la Liste indicative française, qui sera ensuite défendue par l’Etat auprès de l’Unesco. « Nous allons devoir être assez convaincants pour que notre dossier soit choisi, sachant que la France ne peut porter qu’un dossier par an – sans assurance qu’il sera ensuite accepté par l’Unesco, souligne Philippe Guigal. La tâche est difficile mais nous sommes motivés. Etant vignerons, le travail ne nous fait pas peur, le temps long non plus : nous sommes habitués à travailler pour la génération suivante. »