’an passé, dans la Vallée du Rhône, quatre parcelles de cépages résistants ont subi de grosses pertes de récolte dues au mildiou, dans un contexte de pression exceptionnelle de la maladie. Trois d’entre elles situées dans la Drôme, le Gard et le Vaucluse sont plantées avec de l’artaban La quatrième située dans le Vaucluse avec du cabernet volos. Que s’est-il passé ? Le verdict est tombé : ces attaques sont bien liées au contournement de plusieurs gènes de résistance – les gènes Rpv1 et Rpv 3.1 chez l’artaban, et le gène Rpv12 chez le cabernet volos. Pour le moment pas d’inquiétude, cela reste « un événement rare », insiste la note technique nationale OSCAR 2025, rédigée par des représentants d’INRAE, de l’IFV, des interprofessions viticoles, des Chambres d’agriculture et de la Fédération Française de la Pépinière Viticole (FFPV) et qui vient de paraître. Le phénomène reste cantonné aux quelques parcelles concernées et ne s’est pas propagé. Et surtout il ne remet pas en cause l’intérêt des cépages résistants. Toutefois la vigilance s’impose. Et il convient de prendre des mesures pour éliminer ces souches de mildiou problématiques qui ont contourné la résistance afin d’éviter qu’elles ne se dispersent. C’est la raison pour laquelle dans ces parcelles de variétés résistantes qui ont subi de très fortes attaques sur feuilles et sur grappes en 2024, les experts recommandent d’y assurer cette année « une couverture phytosanitaire équivalente à celle conduite dans les parcelles de variétés sensibles, en début de campagne (a minima les 4 premiers traitements, à adapter ensuite à la pression parasitaire de l’année) ». De plus ces parcelles feront l’objet d’une surveillance accrue afin « d’identifier précocement d’éventuelles baisses d’efficacité »
Et dans les autres parcelles, les experts rappellent qu’il est indispensable d’y mettre en place les mesures prophylactiques et d’y appliquer au moins deux traitements préventifs - autour de la floraison généralement – afin de maitriser d’éventuelles souches virulentes qui auraient pu émerger. « Ces traitements doivent néanmoins être adaptés à la pression parasitaire du millésime, selon les préconisations des conseillers techniques. Des traitements supplémentaires doivent ainsi être réalisés si les conditions le nécessitent. La stratégie de protection élaborée doit également prendre en compte la gestion du black-rot. Plusieurs projets sont actuellement en cours afin de préciser ces stratégies de protection », précise la note.
Déployer, protéger, surveiller reste le leitmotiv de la conduite des vignobles plantés avec des cépages résistants. En 2024, ces derniers couvraient 2768 ha au total en France. Le floréal et le souvignier gris sont en tête avec 60 % des surfaces à eux deux.