our se passer des herbicides, pourquoi ne pas travailler l’inter-rang et enherber le rang ? Après 7 années d’essais sur une parcelle de gamay plantée à Saint-Etienne-la-Varenne (69), les techniciens de la Sicarex Beaujolais ne retiennent que du positif à cette inversion des pratiques traditionnelles.
L’ayant comparée de 2017 à 2023 à une modalité témoin « classique », avec inter-rang enherbé et rang désherbé mécaniquement, et à une modalité désherbée mécaniquement sur l’inter-rang et sur le rang, ils constatent que cette solution beaucoup plus simple techniquement que l’entretien du cavaillon s'avère être peu concurrentielle pour la vigne. « L’enherbement naturel à base de vulpie, rumex petite oseille, crépis de Nîmes, andryale, coquelicot et plantain lancéolé qui s’est développé sous le rang n’a pas eu d’effet sur la vigueur et le rendement de la vigne », rapportent-ils dans leur synthèse. La teneur en azote des baies au moment des vendanges a même souvent augmentée par rapport à un enherbement de l’inter-rang. Les résultats obtenus avec cette technique sont assez proches de ceux du désherbage mécanique intégral. Pour la Sicarex, cela s’explique entre autres chose parce que la surface de l’enherbement est plus faible sur le cavaillon que dans l’inter-rang.
Au-delà de ses intérêts agronomiques, cette inversion des pratiques permet 70 à 80 % de diminution des coûts d’entretien du sol par rapport à un désherbage mécanique sur toute la surface ou un enherbement sur l’inter-rang, d’autant plus que la tonte n’est pas nécessaire du fait du dessèchement d’une grande partie du couvert en été.
Pour limiter au maximum le désherbage mécanique dont l’effet est délétère sur la biologie du sol, un nouvel essai a été mis en place en conservant l’enherbement sous le rang et en semant des engrais verts sur tous les inter-rangs. « Ces engrais verts seront détruits par roulage pour essayer de former un mulch en espérant une augmentation des stocks de matière organique et donc de carbone, dévoile Jean-Yves Cahurel, coordinateur de ces essais. Cette année ce n'est pas gagnée car les engrais verts se sont peu développés ».
Pour Jean-Yves Cahurel, difficile de répondre sans expérimenter. « Ce sont surtout la densité de plantation et la profondeur de sol qui seront déterminantes. Ici, nous avons travaillé sur des vignes larges, plantées avec 2 mètres d’inter-rang, où le cavaillon représente environ un tiers de la surface totale, précise-t-il. Sur des vignes à densité plus élevée, avec un inter-rang d’1 mètre par exemple, le cavaillon représentera environ 50 % de la surface et la concurrence couvert-vigne sera plus importante. » La concurrence sera également exacerbée dans le cas d'une plantation sur sol superficiel.