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’annonce est spectaculaire, mais le projet était en gestation depuis bien longtemps, « une dizaine d’années », glisse Roman Guibert pour expliquer la création d’Atelier Guibert, le nouveau domaine viticole lancé à Aniane par ses frères et lui, les cinq fils des fondateurs du Mas de Daumas Gassac Véronique et Aimé Guibert de la Vaissière.
Après moultes réflexions et hésitations sur les implantations possibles, c’est finalement bien au cœur de la vallée du Gassac, le fief historique investi par leurs parents au début des années 1970, que les frères ont choisi de lancer une nouvelle histoire, mais toujours complémentaire à celles de Mas de Daumas Gassac et Moulin de Gassac qu’ils co-dirigent entre frères. Syrah, cinsaut, carignan, mourvèdre, grenache, « nous nous sommes tournés vers les cépages méridionaux qu’on nous reprochait de ne pas utiliser jusque-là avec ce style bordelais si particulier du Mas de Daumas Gassac », place Roman Guibert.
Alors qu’ils ont pris place dans l’entreprise familiale dès 2009, Roman, Basile, Samuel, Gaël et Amélien Guibert disent « avoir bien enchaîné leurs prises de fonctions respectives autour du domaine, et être restés à hauteur des attentes de la clientèle » depuis le départ d’Aimé Guibert, disparu en mai 2016 à 91 ans. S’ils se sentent tributaires d’une certaine tradition familiale avec le style particulier des vins du domaine, les cinq frères n’en avaient pas moins envie de maintenir également « l’esprit novateur de Véronique et Aimé, avec une volonté d’expression de notre liberté mais en gardant toujours la volonté de partir du sol et de ce terroir de la vallée du Gassac », place Basile Guibert.
C’est en établissant, il y a 3 ans, un nouvel espace de stockage logistique pour les vins du domaine et du négoce Moulin de Gassac (investissement d’un million €), au cœur de leur vallée historique, que l’opportunité de l’Atelier Guibert a finalement pris corps. « En 2020, nous avons pu racheter une vigne de syrah de la vallée et la vinifier dans la foulée comme une sélection parcellaire, et prendre le temps de l’élever dans l’esprit que nous souhaitions. C’était la concrétisation de la mise en route d’Atelier Guibert », décrit Roman Guibert. Cet élevage dure finalement 4 ans pour une cuvée qui sort en ce début d’année 2025. Une autre cuvée, Genesis, « un rouge léger sur le fruit à 11 %vol », pose Roman Guibert, est en cours de conditionnement, et « d’autres rouges de sélection parcellaire arriveront également en cours d’année, en prenant le temps d’arriver au point d’élevage qui nous satisfait », valide Basile Guibert.
Travaillant déjà 14 ha de vignes en propriété et en fermage, l’Atelier Guibert dispose à présent de son propre chai dédié au sein du nouveau bâtiment logistique de la vallée du Gassac. « Nous allons également développer des collaborations de sélection avec des ‘viticulteurs-tâcherons’ pour aller chercher encore d’autres sélections qui nous intéressent », explique Roman Guibert. Cependant, si la notoriété de leur nom offre un accès plus direct à certains marchés, les frères Guibert rappellent « avoir conscience de ne rien apporter de neuf à ce marché difficile pour tout le monde, d’où le prix raisonnable, 18 €, de notre cuvée de syrah élevée 4 ans, et 14€ pour Genesis ». Roman et Basile Guibert répètent donc à plusieurs reprises « l’humilité » dans leur démarche face à « une crise violente qui touche tout le monde. Nous sommes parvenus à maintenir le chiffre d’affaires global des activités du domaine et négoce, mais à quel prix de travail en plus, nous sommes tous en déplacement presque en permanence », appuie Basile Guibert.
Après l’ex-gantier millavois venus installer des cépages bordelais au cœur du Languedoc et ayant fait la guerre à l’installation de Robert Mondavi, le livre de l’histoire Guibert engage encore un nouveau chapitre.
