Nous nous opposerons fermement à toute mesure injuste et préjudiciable visant le secteur vitivinicole européen » prévient Aly Léonardy, le président par intérim de l’Assemblée des Régions Européennes Viticoles (AREV). Dans une lettre envoyée ce 18 février à Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission Européenne, le vigneron du Luxembourg s’inquiète du document de travail sur la révision du plan européen "vaincre le cancer" de la Direction Générale de la Santé (DGSanté). « Bien que nous soutenions pleinement l’objectif de prévention du cancer », Aly Léonardy estime que « le traitement réservé au secteur vitivinicole dans ce document manque cruellement de fondement scientifique solide et semble reposer sur des hypothèses biaisées. »
Dans son évocation du vin, le rapport de la DG Santé regrette son régime fiscal spécifique : « actuellement, la directive fixant les taux minimaux d'accise applique un taux minimum d'accise à 0 euros pour le vin » au contraire des autres alcools (bières, spiritueux…), tout comme « le vin, les autres boissons fermentées et les produits intermédiaires sont taxés en fonction du volume » quand les autres alcools sont imposés selon leur titre alcoométrique volumique. Un état de fait qui ne semble pas convenir à la DG Santé, qui appelle à une réévaluation de ces dispositions, jugeant que « les modes de consommation évoluent et de nouveaux vins industrialisés ou boissons alcoolisées prêtes à boire font leur apparition ».
Comparaison n’est pas (consommation) raison(nable)
Pour Aly Léonardy, cette « approche adoptée traite le vin de manière uniforme avec d'autres boissons alcoolisées, sans prendre en compte les spécificités des modes de consommation ni la composition des produits, notamment en comparaison avec les boissons "prêtes à boire" à haute teneur en alcool. » Le terme de "vins industrialisés" choque également le président de l’AREV, pour qui ce choix lexical « laisse entrevoir une distorsion du débat, qui s'éloigne de la rigueur scientifique pour céder à des partis-pris infondés ».
« Nous mettons en avant l'importance d’une consommation modérée de vin, et nous continuons à promouvoir des habitudes de consommation raisonnées » plaide Aly Léonardy, qui craint concrètement « la possibilité de l’introduction de mesures telles que des avertissements sanitaires sur les étiquettes des vins, qui seraient non seulement alarmistes mais aussi trompeurs. De même, une taxation injustifiée et indiscriminée du vin mettrait en péril non seulement le secteur vitivinicole européen mais aussi les économies rurales dans leur ensemble. »
* : Après trois mandats, Emiliano García-Page, le président de Castilla-La Mancha, n’a pas été candidat à sa réélection. L’assemblée générale élective prévue le 21 février a été reportée au 18 mars, entrainant une vacance de présidence. Aly Léonardy assure l'intérim en tant que président du Collège des Élus des Professionnels du Vin (CEPV), conformément aux statuts de l’AREV (dont le CEPV est le deuxième collège). La seule candidature actuellement connue pour la présidence de l’AREV est celle de la région Grand-Est, présidée par Franck Leroy, qui vient d’adhérer à l’organisation.