a Loire n’est pas un long fleuve tranquille. En juillet dernier, les fédérations régionales des Vignerons Indépendants des Pays de La Loire (vignoble de Nantes et de l'Anjou-Saumur) et du Centre Val de Loire (Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Pouilly Sancerre, vignobles du Centre et Saint-Pourçain) ont envoyé la lettre annonçant leur retrait de la Confédération des Vigneronnes et Vignerons de Loire (CVVL, qui a modifié son nom lors de l'assemblée générale du 26 novembre 2024). Soumis à un délai statutaire de six mois, ce départ est effectif depuis le 25 janvier dernier. Discrète, cette sortie des Vignerons Indépendants de la CVVL ne veut être commentée ni par les premiers (évoquant tout un plus une incompatibilité statutaire entre leurs fédération et l’adhésion de la CVVL à la CNAOC*), ni par les seconds (où l’on préfère regarder devant et pas derrière, tout en laissant la porte ouverte). Nul ne voulant créer de polémique alors que la situation économique se tend dans la filière des vins de Loire, jusqu’ici plutôt préservés par la crise viticole qui frappe d’autres vignobles.
Réunissant les 4 fédérations viticoles AOC, les vins IGP de Loire, les caves coopératives et la filière bio, la CVVL veut porter une voix unitaire du vignoble, « de Nantes jusqu’à Blois » selon l’expression consacrée. Son ambition étant, depuis sa création en 2016, d’être l’alter ego de la famille du négoce, réunie dans l’Union des Maisons et des Marques du Vin de Loire (UMVL). Une façon pour le vignoble ligérien d’affirmer une position unique, que ce soit devant l’interprofession des vins du val de Loire (InterLoire) ou lors du conseil de bassin Val de Loire-Centre ou dans les instances de la filière (INAO, FranceAgriMer, FranceVinBio...). Mais cette collégialité ne convient visiblement plus aux Vignerons Indépendants, dont l’implication au sein de la CVVL a évolué depuis les dernières élections à sa présidence.
Election et virage serrés
Si précédemment il n’y avait qu’un candidat à la présidence de la CVVL (le vigneron nantais Joël Forgeau), en 2023 il y avait deux impétrants : le vigneron angevin Max Laurilleux, soutenu par la Fédération viticole de l’Anjou qui a remporté l’élection, et le vigneron angevin Pierre-Antoine Giovannoni, soutenu par les Vignerons Indépendants, qui n’a pas été élu et a quitté ses fonctions dans la filière. Un tournant conduisant à un éloignement et une rupture. La vigne n’est pas un long fleuve tranquille.
* : La Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d'Origine Contrôlées (CNAOC).