ne trentaine de vigneronnes et de vignerons regardent avec attention une imposante chaudière noire, un des équipements anti-gel qui va leur être présenté ce mardi 4 février. Alors que se rapproche la période de gel printanier, tous sont venus assister à deux démonstrations d'équipements anti-gel, au château Latuc, à Mauroux, dans le Lot. Casquette sur la tête, Claude Guitard écoute avec attention. « On est tous là pour essayer de voir s'il y a un système qui nous permettrait de nous protéger du gel », glisse le vigneron désormais à la retraite, venu se renseigner pour son fils à qui il a transmis le Château Nozières (57 hectares à Vire-sur-Lot). Cette année les vignerons ont accès à une aide d'un million d'euros du département du Lot à destination des cultures de la prune, de la noix et de la vigne pour financer les équipements anti-gel. Cette subvention prendra en charge 80 % du coût de l'investissement « dans la limite d'une dépense de 40 000 euros », précise Sébastien Sigaud, co-président de l'Union interprofessionnelle des Vins de Cahors et Côtes du Lot. « Il faut prendre le train quand il passe », prévient Claude Guitard, convaincu qu'il ne faut pas laisser passer l'opportunité de cette subvention.
Ce mardi, le premier appareil leur est présenté par Marc Simon, dirigeant de Vert Protect, importateur en France du Fog Dragon, une chaudière à biomasse mobile. Elle permet de lutter contre le froid car elle produit de l'air chaud, mais aussi de la fumée et de la vapeur d'eau réduisant la perte de chaleur du sol. Il faut compter 29 500 euros pour l'achat d'un produit de ce type. Ensuite, cela a été à tour d'Alexander Schmidt de présenter une technologie qu'il a lui-même inventée : les tubes Infra Rouge (entreprise Frolight). « Dans le câble ont été installés des modules infrarouge qui vont chauffer au lieu d'éclairer. Cela fonctionne même si la vigne grandit, car plus il y a de surface plus la plante capte les radiations », assure-t-il. Pour cet équipement, le coût est de 5 à 6 euros le mètre, soit environ « 25 000 euros par hectare, dans le cas d'une parcelle dont l'écartement entre les rangs est de 2,5 m », précise Alexander Schmidt.
Depuis le début de l'année, ce n'est pas la première démonstration de ce type. « Il y a en a eu deux autres, avec deux entreprises, Pulsfog et WhiteFog. Elles ont présenté des systèmes de thermonébulisation, rappelle Lucien Dimani, vigneron du domaine Le Bout du Lieu et vice-président du syndicat de défense du vin AOC Cahors. Suite à ces démonstrations, nous faisons des essais, grâce à un petit appareil qu'on nous a prêté, dans des parcelles ayant des topographies différentes. » Le résultat de ces essais de thermonébulisation, complémentaires des démonstrations, seront transmis aux vignerons afin de les aider à prendre leur décision.
La majorité des viticulteurs ne savent pas encore vers quel produit se tourner. « Le système Frolight paraît efficace, mais cela semble compliqué à mettre en place quand le domaine est morcelé, ce qui est notre cas », observe Jacques Loustalot, chef de culture au château La Coustarelle (47 ha à Prayssac). Il ne reste aux viticultrices et viticulteurs que peu de temps pour se décider car il faudrait être livré « avant le 15-20 avril pour être équipé à la période du gel de printemps », évalue le chef de culture du château La Coustarelle. Claude Guitard et son fils n'ont pas fixé de date pour commander, mais il assure qu' « il faut trouver une solution rapidement. Cela fait plusieurs années que nous sommes impactés par le gel, cela met à mal l'économie des exploitations », insistent-isl. A l'exception de 2018, le vignoble du Lot gèle tous les ans avec des dégâts variables depuis 2017. En 2024, 90% du vignoble a été touché.