i le vignoble français arrache et abandonne actuellement des vignes sans rentabilité, la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes plante une nouvelle agence dédiée à la filière vin : Vitibanque. Basé à Fleurie depuis novembre dernier, ce pôle bancaire spécialisé dans le service aux opérateurs vitivinicoles a l’ambition de se développer dans le Beaujolais et au-delà. Alors que le Crédit Agricole reste leader, la Caisse d’Épargne compte être un challenger de poids avec l’objectif de rentrer 25 nouveaux clients chaque année. En accueillant actuellement 115 (pour 350 au niveau régional avec l’agence de Vienne en Isère), l’agence de Fleurie prospecte du sud de Mâcon jusqu’aux portes de Valence, en incluant les vignobles de Bugey et de Savoie : « un beau terrain de jeu, avec des climats de plus en plus propices à de bonnes maturités et de bons rapports qualité/prix » pose Julie Ongaro, la responsable Vitibanque pour la Caisse d’Épargne de Rhône-Alpes.
Voulant devenir un acteur incontournable du financement de la filière vin locale, la directrice d’agence juge que son territoire n’est pas si morose : « les AOC Côte-Rôtie, Condrieu et Saint-Joseph connaissent pas la crise. Si l’on y voit une baisse de chiffre d’affaires, c’est par manque de récolte, pas par des difficultés de commercialisation » analyse-t-elle, reconnaissant qu’« en Beaujolais, on sent un ralentissement des ventes. Mais globalement, les viticulteurs s’en sortent par des vins de qualité. C’est à chacun de trouver une diversification pour vendre son stock. Nous les accompagnons autant quand tout va bien et que quand c’est compliqué. »
Les affaires continuent
Alors que les trésoreries vigneronnes se tendent, entre augmentation des coûts de production pour un rendement moindre et des ventes en berne, chez Vitibanque « on finance à la fois des investissements et de l’acquisition » rapporte Julie Ongaro, qui souligne que « l’objectif et principal préoccupation reste la transmission de l’exploitation, la moyenne d’âge de nos clients étant supérieure à 55 ans. Nous avons pas mal de repreneurs, d’installations et de développements pour l’adaptation au changement climatique, la transition écologique et la réduction de la main d’œuvre » afin de réduire les dépenses. Et s’adapter au rétrécissement actuel des propriétés, pouvant être tenues par un exploitant seul ou en couple.


Entre la déconsommation structurelle et l’inflation conjoncturelle, « on voit les circuits de distribution devenir de plus en plus longs. Le temps de rotation s’allonge, certains marchés export ralentissent… Le temps que les vignerons créent et trouvent [de nouveaux débouchés] il faut de la trésorerie pour supporter les stocks en cave. Nous avons la capacité de l’apprécier. » Plus globalement pour Julie Ongaro, « le viticulteur qui réussit à tirer son épingle du jeu est celui qui diversifie son circuit de distribution pour ne pas être seulement en grande distribution ou à l’export, ou en CHR, ou en caviste… Il faut savoir en jouer. » Sachant qu’en Beaujolais, « les crus tirent vers le haut ce vignoble avec les dossiers en cours de premiers crus et l’influence des maisons de Bourgogne. »