’est la question qui taraude toute la filière vin, et vous n’y échapperez pas ce réveillon entre l’espoir et le dommage : cette crise viticole, où en est-on ? Enfin au bout ou juste au début ? Combien de temps encore à en baver ? Bien malin qui peut y répondre péremptoirement : certains sont optimistes, misant sur un cycle économique défavorable s’achevant prochainement, d’autres sont plus fatalistes, constatant des changements sociétaux profonds et irréversibles dans leurs déconsommations. Tous sont d’accord sur un point : les vins qui se vendront demain devront différer de ceux produits hier dans leurs profils, leurs discours aux consommateurs, leurs engagements environnementaux… La page de la filière vin n’est pas blanche, mais un nouveau chapitre va devoir s’ouvrir sans chercher à rester bloqué sur les gravures d’un temps révolu. Il faut sortir de la zone de confort qui est devenue celle d’inconfort.
Une autre phrase hante la filière vin chaque fin d’année depuis 2020 : vivement qu’on la finisse et que l’on passe à la suivante. Soyons franc, cet espoir que l’avenir sera préférable déçoit dernièrement : la relance se fait attendre, l’impression que de nombreux réseaux sont à l’arrêt se généralisant. Sans perdre espoir, il faut reconnaître que la réalité commerciale de la filière vin reste difficile. Même avec le meilleur esprit de Noël, il est difficilement concevable d’imaginer une flambée des prix du vin dès le début 2025. Les très petits rendements de 2024 n’effaçant pas l’attentisme d’un marché ne voulant plus porter de stocks. La petite quantité produite permettra peut-être même d’éviter d’aggraver la situation en faisant exploser les déséquilibres offre/demande… Alors que toujours plus de domaines et négoces ont la corde au coût.
Une bonne résolution pourrait être prise par la filière : cesser de se tirer la bourre en s’accusant de tous les maux (les vignerons ne manquant pas à voir les négociants comme des nantis roulant carrosse, etc.) et poser un diagnostic partagé de la filière (en ne voyant pas les difficultés par le bout de sa seule lorgnette) pour de vraies actions communes (pour être vendu, un vin doit être consommé et donc être construit en phase avec les marchés). Si tant qu’il y a de la vigne il y a de l’espoir, il y a urgence pour sauver ce qui peut encore l’être dans la filière (de l’amont à l’aval, sans oublier les fournisseurs, intermédiaires…). Les outils de soutien ne manquent pas, ils ne doivent plus attendre : ou alors il faut assumer que la crise n’est pas assez forte ou que la filière est encore trop riche pour ne pas se faire sa révolution…
Espérant pouvoir vous accompagner dans les choix à arrêter durant l’année charnière qui s’annonce, les équipes de Vitisphere et la Vigne vous souhaitent de bonnes fêtes.