’une discrétion proverbiale, Joseph Helfrich, le président fondateur du groupe alsacien Grands Chais de France (GCF, basé à Petersbach dans le Bas-Rhin) sort de son silence habituel avec un communiqué criant victoire ce mercredi 18 décembre : « ce 21 novembre 2024, le tribunal de commerce de Paris a reconnu l’absence de faute par la société les Grands Chais de France dans le cadre de la reprise de la société Béjot Vins et Terroirs (BVT) et a déclaré toutes les demandes de la société AdVini infondées » Tout en la condamnant à verser 530 000 euros de préjudices aux parties poursuivies, dont 450 000 € pour GCF. Le tout assorti de l'exécution provisoire.
Groupe languedocien de poids (basé à Saint-Félix de Lodez dans l’Hérault et détenu à 43 % par la famille Jeanjean), AdVini semble avoir gardé en travers de la gorge le rachat par GCF en 2016 de BVT, troisième opérateur des vins de Bourgogne qui était à l’époque sous le coup d’une enquête pour fraudes et était rentré en négociations exclusives avec AdVini, sans qu’elles prospèrent. Ayant acquis quelques semaines après le groupe bourguignon Champy, le groupe languedocien n’a pas oublié ce revers et semble avoir tant et si bien nourri des soupçons sur les coulisses de la cession de BVT qu’il les a portés devant la justice.


Déjà débouté par une décision de non-lieu devant la Cour d’appel de Dijon le 16 novembre 2022 (à l’époque, on disait chez Advini que l’affaire était ancienne et classée…), l’acheteur éconduit de BVT vient d’être renvoyé dans les cordes pour son assignation de mars 2017 « devant le Tribunal de commerce de Paris des anciens actionnaires et partenaires financiers de la société Béjot Vins et Terroirs ainsi que la société Grands Chais de France aux fins notamment d’engager sa responsabilité civile délictuelle pour comportement parasitaire et enrichissement sans cause » rapporte Joseph Helfrich.
Gros Jeanjean comme devant…
Dans son communiqué lapidaire, le groupe alsacien donne sa lecture du jugement (AdVini n’ayant pas répondu aux sollicitations de Vitisphere à date). « Constatant l’acharnement de la société Advini à poursuivre, durant ces sept années, cette procédure à l’encontre de GCF […] le Tribunal de commerce a retenu que “la durée de la procédure, et ses multiples rebondissements, souvent inutiles [...] ont à l’évidence affecté au premier chef GCF, principale cible [...] de l’action intentée par AdVini” » rapporte Joseph Helfrich.
Ajoutant que « le Tribunal de commerce est également venu souligner que l’action intentée par la société ADVINI s’était “déroulée dans un climat de calomnie et d’agressivité qui n’a pu que porter atteinte à l’image et à la réputation de GCF et de son président, comme en témoignent les nombreux articles parus dans la presse, presse nationale, presse régionale, presse économique et presse spécialisée, articles qui sont manifestement le fruit d’une campagne organisée et qui témoignent d’une incontestable volonté de nuire”. » Un jugement cinglant, faisant référence à un article du Canard Enchaîné en 2020 qui évoquait la procédure de Dijon et nommait Joseph Helfrich.
Grand Cheh de France
Des publications que GCF n’a ni oublié, ni pardonné. La vengeance étant un plat qui se mange froid, mais qui se partage, le négociant alsacien partage sa revanche dans son communiqué : « considérant, à juste titre, que cette procédure abusive avait causé à la société les Grands Chais de France un préjudice justifiant l’octroi de dommages et intérêts, le Tribunal a condamné la société AdVini* à verser 530 000 €, dont 450 000 € à la société GCF ». Rappelant être le « premier vinificateur privé et premier exportateur de France », Joseph Helfrich ne précise pas s’il est bénéficiaire de dommages et intérêts dans ce jugement. Conformément à sa discrétion proverbiale.
* : En 2023, AdVini déclarait 286,8 millions d’euros de chiffre d’affaires (pour une marge brute de 35,5 %).