n an après l’ouverture d’une procédure de sauvegarde d’Alliance Bourg, le tribunal judiciaire de Libourne vient de juger la clôture de la mise en sauvegarde et l’homologation du plan de sauvegarde de la cave coopérative de Tauriac (Gironde). « Nous partons sur un plan à 10 ans » indique Christophe Doucet, le président d’Alliance Bourg, qui regroupe désormais 41 viticulteurs pour 280 hectares de vignes. Soit trois fois moins qu’il y a 10 ans (131 adhérents pour 846 ha en 2014). https://www.vitisphere.com/actualite-63344-cotes-de-bourg-la-cooperative-change-de-direction-avec-christophe-doucet-et-mickael-violleau.html
La faute aux départs à la retraite sans reprise et aux arrêts d’activité faute de rentabilité rapporte Christophe Doucet, qui a déclenché la mise en sauvegarde il y a un an face à cette réduction des apporteurs et l’augmentation des dettes (4,5 millions d’euros, dont un warrant de 4 millions pour des courts termes finançant les stocks, la rémunération des coopérateurs…).
« On était obligé de faire quelque chose rapidement. Nous sommes partis en sauvegarde pour figer tout ça et réfléchir » se rappelle le président de la coopérative, y voyant avec le recul « une bonne chose. Il y a un an, ce n’était pas gagné » d’obtenir un plan de sauvegarde. Pour y parvenir, « on a restructuré, on a fait des sacrifices » pointe Christophe Doucet. Le président de la cave évoquant la baisse des versements mensuels aux adhérents : « avec le tonneau à 800 €, on ne peut pas maintenir les répartitions. Il faudrait que les cours soient plus haut. On ne demande pas la lune. 1 200 € ça serait déjà bien pour redonner de l’oxygène. »
Pugnac vendu
Autre levier d’adaptation, la vente du site de Pugnac en mai dernier, avec ses 50 000 hectolitres de stockage et sa ligne d’embouteillage. Désormais, toutes les opérations de stockage et de mise en bouteille (par un prestataire) sont réalisées sur le seule site de Tauriac (50 000 hl de capacité de stockage). La cave garde ses deux boutiques à Pugnac et Tauriac, ce qui lui permet d’employer en tout 9 salariés pour la production, le commerce et l’administration.


Atteignant désormais avec un potentiel de production de 12 000 hl une année normale (rarement arrivée ces dernières années, le millésime 2024 étant annoncé à 7 000 hl cette année à cause du mildiou), la cave atteint un chiffre d’affaires de 3 millions €. Ce qui n’est « pas facile à tenir tous les ans. C’est très dur en France où les prix du vin en vrac sont très bas » note Christophe Doucet. Avec l’homologation du plan de sauvegarde, « on relève la tête » sourit timidement le président de la coopérative, qui rappelle immédiatement que tout n’est pas joué : « il nous faut une stratégie pour les mois qui arrivent ».
Restant focalisée sur le vin rouge d’AOC (Bourg, Blaye ou Bordeaux) mais avec des profils plus modernes (rondeur, fruit…), la cave a embauché un commercial pour travailler l’Europe proche et l’Asie, des marchés exports qu’elle ne prospectait quasiment pas. Restant farouchement indépendante du géant coopératif voisin, Tutiac (500 adhérents pour 5 400 ha), Alliance Bourg compte bien tenir le coup dans le Nord Gironde. « On sent toujours la crise, ça fait un peu long » note Christophe Doucet, qui pointe que « c’est dur pour tout le monde au niveau commercial. La baisse est énorme. »