ilbert Botteon, propriétaire du domaine d’Artigues, 60 ares en polyculture, à Foulayronnes, dans le Lot-et-Garonne, rêve d’en finir avec les dégâts de gel. Le 26 novembre, il s’est rendu au Vinitech à Bordeaux pour trouver une solution. « C’est bien simple, quand ce n’est pas le mildiou qui sévit, c’est le gel. J’ai un îlot de 60 ares particulièrement gélif. Pour le protéger, je brûle des ballots de paille sur un côté de la parcelle et dans le sens du vent. En 2020 et 2021, ça a sauvé la récolte. C’est efficace, mais pas idéal. Je suis obligé de me lever la nuit pour l’allumage. Cela dégage beaucoup de fumée et je ne maîtrise ni la température, ni la durée de chauffage », confie-t-il.
Le vigneron a repéré sur les stands Ventigel, un système récent de protection, made in France. Il semble séduit. « Ça ressemble à un gros ventilateur de 80 cm de diamètre, rapporte-t-il. C’est mobile, ça pourrait donc être très pratique : je pourrais l’installer uniquement lorsqu’un risque est annoncé et le ranger le reste de l’année. Ce serait tout à fait adapté. Le seul inconvénient, c’est son prix : entre 25 000 et 30 000 €. Pour le moment, c’est trop pour ma petite exploitation. On verra dans les années à venir. »
Autre visiteur rencontré sur le salon : Christophe Lacoste, chef de culture du domaine De Chez Dagneau, 56 ha à Brie-sous-Archiac, en Charente-Maritime. Cette année, il a eu beaucoup de mal à tenir ses vignes propres. « On est équipé d’interceps Ferrand à lames, explique-t-il. Tant que l’on pouvait combiner désherbage mécanique et chimique, on s’en sortait à peu près. Mais entre la pharmacopée qui s’amenuise et le ray-grass qui devient résistant, le désherbage se complique. Cette année, vu les conditions météo, on s’est fait déborder. Pendant un temps, on n’a pas pu passer l’intercep. Après, il n’y avait plus rien à faire. Il nous faut une autre solution. J’ai vu des brosses Berti et Ferrand avec lesquelles, paraît-il, on peut nettoyer même en conditions humides. J’attends des démonstrations. »
En se rendant au Vinitech, Christophe Lacoste songeait aussi à une autre solution : un enjambeur pour travailler intégralement un rang et deux demi-rangs par passage. Il est allé voir l’exposant. Mais le prix l’a fait renoncer. « Il faut compter 300 000 € et garder malgré tout un tracteur pour la vendange. C’est trop cher », calcule-t-il. Peut-être achètera-t-il le Berti d’occasion qu’un concessionnaire lui a proposé, avec ses brosses interceps montées sur un châssis extensible doté d’une centrale hydraulique indépendante.
Maxime Ladhoue, propriétaire du domaine Thierry Ladhoue, 30 ha à Marignac, en Charente-Maritime, songe de son côté à investir dans un mélangeur pour préparer ses bouillies. « Quand les fenêtres d’intervention sont courtes et qu’on doit traiter souvent, comme l’an dernier, il faut gagner du temps. Avec un mélangeur, la bouillie pourrait être préparée à l’avance pour qu’elle soit prête quand le chauffeur vient se réapprovisionner. On déverserait les bidons à hauteur d’homme. On n’aurait alors plus besoin de grimper sur le pulvé pour déverser les produits en équilibre et à bout de bras. Ce serait beaucoup plus confortable pour l’opérateur. »
Il repère dans les allées un mélangeur commercialisé par Solhead qui lui plaît bien. « Il est équipé d’un rince-bidon et ne mesure que 86 cm de hauteur, ce qui est très confortable pour le remplissage. » De retour du Vinitech, le cousin de Maxime Ladhoue, chaudronnier, lui propose un mélangeur similaire, équipé d’une cuve en inox et non en PVC. « Après réflexion, on va sûrement investir dans un mélangeur avec une cuve en inox pour la prochaine campagne. À coût équivalent, ce sera peut-être plus résistant dans le temps. » Le jeune vigneron sait que cette année la conjoncture ne lui permet pas d’investir dans du gros matériel. Mais il ne s’interdit pas pour autant d’acheter du petit matériel pour gagner en productivité et en réactivité à la vigne.
Pour leur premier déplacement au Vinitech, Jérôme et Stéphanie Moor, propriétaires du domaine de la Feuille, à Dalhem, en Belgique, se sont fixés comme objectif de dénicher l’outil de travail du sol idéal pour eux. « Nous avons un tout petit domaine certifié AB de 1,50 ha du côté de Liège. Chaque année, nous plantons 50 ares de variétés résistantes et avons besoin de nous moderniser. Actuellement, nous sommes équipés d’une vieille paire de décavaillonneuses mécaniques Egretier et d’un broyeur à fléaux pour entretenir l’interrang. Nous sommes obligés de passer ces outils l’un après l’autre. Les années pluvieuses, cela devient ingérable. Il faut qu’on puisse entretenir le cavaillon et le rang en même temps. »
Sur le salon, les deux jeunes vignerons ont eu un coup de cœur pour des outils combinés de la marque Clemens. « Ils semblent solides et faciles à entretenir et à réparer soi-même en cas de petites pannes », souligne Jérôme Moor. Reste à choisir l’outil d’entretien du cavaillon. Tondeuse intercep ou herse rotative, Jérôme et Stéphanie Moor se laissent le temps de la réflexion.
Cristian Ramirez-Escudero, œnologue et directeur du Château de Stony, un domaine de 12,5 ha certifié AB à Frontignan, dans l’Hérault, n’est pas au Vinitech pour flâner, mais pour y dénicher son futur fournisseur de cuves. « Le chai est vieillissant, explique-t-il. Nos cuves en fibres de verre à chapeaux flottants – qui doivent être regonflés toutes les semaines – ont besoin d’être remplacées. Tant pour améliorer le travail et la productivité, que pour faire du chai un lieu esthétique et convivial dédié à l’œnotourisme. L’avenir du domaine doit se construire autour de ces deux axes, production et œnotourisme. »
Pour cette modernisation, Cristian Ramirez-Escudero a déjà sa petite idée. « Au sol, ce sera une résine avec de grands caniveaux pour faciliter le nettoyage et pour les contenants, une dizaine de cuves en béton de 10 à 50 hl. Les fermentations se déroulent avec des cuves en béton fermées. Nous aurions un meilleur maintien de la température, et surtout, ce serait plus joli pour les visiteurs », souligne-t-il.
Sur le salon, Cristian Ramirez-Escudero a repéré deux fournisseurs potentiels, CLC et DVTec Vinicole, qui, selon lui, proposent de magnifiques chais. « Nous avons demandé des devis et, si l’un ou l’autre projet nous convient, nous pourrions nous décider dès le printemps prochain », confie le directeur du domaine.
Le salon n’a comptabilisé que 37 000 entrées du 26 au 28 novembre. Ce résultat est en baisse de près de 12 % par rapport à l’édition 2022. « À l’heure de la fermeture, la plupart des 750 exposants relevaient la qualité d’un visitorat qui a finalement dépassé leurs attentes », tempère Bordeaux Events and More, l’organisateur du Vinitech.