éunissant à la fois producteurs, distributeurs, importateurs, exportateurs et associations professionnelles, la FIVS – mieux connue sous son acronyme que sous son nom complet – a développé depuis 1951 un réseau international d’envergure qui lui permet d’anticiper les grands défis auxquels la filière doit faire face, d’encourager le dialogue et de faciliter les échanges entre pays producteurs et consommateurs. « Ce qui fait la force spécifique de la FIVS, c’est son rayonnement auprès des grands organismes internationaux et intergouvernementaux », souligne Julie Hesketh-Laird, qui compte de nombreuses années d’expérience de défense de la filière agroalimentaire. « Notre statut d’observateur officiel auprès du Codex Alimentarius – chargé de protéger la santé des consommateurs et de promouvoir des pratiques loyales en matière de commerce de denrées alimentaires – et de l’OIV, par exemple, nous permet d’informer ceux qui élaborent les normes sur leur faisabilité dans le monde réel mais aussi de s’assurer qu’elles soient justes et proportionnées, a minima ».
Etre sur le qui-vive en permanence
Parfois éloigné des préoccupations quotidiennes des professionnels, le processus d’élaboration de nouvelles normes impacte pourtant directement les échanges commerciaux. A titre d’exemple, la mise en application l’an dernier des nouvelles règles européennes sur l’étiquetage, devenues un vrai casse-tête pour « tous les exportateurs dans le monde qui expédient leurs vins vers l’Union Européenne » en raison du manque d’harmonisation parmi les Etats Membres. « Les nouvelles règles sont sur le point de toucher les exportateurs de l’Hémisphère Sud qui sont en train de mettre en bouteille leurs vins issus du millésime 2024 et ont besoin d’aide pour naviguer entre les interprétations différentes appliquées par les Etats Membres. Nous avons demandé à la Direction générale du Commerce de l’UE de s’engager pour que les différents pays membres harmonisent leur interprétation des règles ». Sur le grand export, une veille permanente permet également de préempter certaines initiatives potentiellement préjudiciables aux exportateurs : « Le gouvernement thaï avait élaboré une proposition concernant des messages sanitaires très explicites qui ne correspondait pas aux règles acceptables du commerce international. Nous avons signalé ce problème et le gouvernement a accepté de revoir sa proposition ».
Une initiative de l’OMS déjouée
La question des messages sanitaires est désormais omniprésente au niveau mondial. Au début du mois, la Commission du Codex Alimentarius (CCFL) a débattu d’une proposition visant à développer des normes spécifiques pour l’étiquetage des boissons alcoolisées. Préparé par l’Organisation Mondiale de la Santé, un document de discussion proposait que la CCFL s’attaque à des aspects qui vont au-delà de l’étiquetage classique alimentaire pour aborder la question des messages sanitaires. « Il y avait peu de consensus parmi les Etats Membres en faveur de cette proposition car la plupart d’entre eux estimaient que l’alcool est déjà classé parmi les aliments et que les normes du Codex y afférentes sont très claires », note la directrice de la FIVS. Il a été estimé que chaque pays devait aborder cette problématique à titre individuel, une orientation qui devrait être entérinée lors de la prochaine réunion de la CCFL du 25 au 30 novembre à Genève, parallèlement à l’approbation de lignes directrices sur l’étiquetage électronique, « un pas en avant particulièrement bienvenu ».
Les enjeux sanitaires au cœur des préoccupations
Le rapport entre l’alcool et la santé représente la préoccupation principale des professionnels à travers le monde. « Ayant rendu visite à des caves et domaines dans de nombreuses régions productrices depuis que j’ai rejoint la FIVS en février, le sujet numéro un dont tout le monde veut parler porte sur les questions sanitaires », confirme Julie Hesketh-Laird. « La problématique est dans tous les esprits – notamment la manière de gérer le dialogue autour du sujet – car c’est sans doute notre plus grand enjeu ». Si le changement climatique – et les investissements colossaux qu’il engendre – le développement durable et les obstacles au commerce représentent des leitmotivs au sein de la filière mondiale, les lueurs d’espoir perçues pour l’avenir ne sont pas toujours les mêmes : « Pour certaines entreprises, les produits no-low suscitent de l’intérêt et leur permet de faire un bond en avant technologique, pour d’autres la performance des cuvées premium est très encourageante ».
Plus de visibilité
Forte de cette vision globale de la filière, la FIVS entend bien en tirer profit pour se positionner comme « la voix du vin dans le monde ». Et sa directrice de déclarer lors de son assemblée générale le mois dernier que « nous nous sommes engagés à devenir une organisation focalisée sur le vin avec une vision véritablement mondiale. La voix du vin mérite d’être entendue ». La FIVS vise à devenir plus visible et plus proche des besoins concrets de la filière, faisant écho à des partis pris démontrés par d’autres structures comme l’OIV. Tout en s’assurant qu’il n’y ait pas de dédoublement des efforts ou de chevauchement des missions avec d’autres organismes, car « les moyens de la filière ne le permettent pas », Julie Hesketh-Laird estime que son rôle est de « démystifier certaines de nos actions et de traduire les retours des professionnels auprès d’équipes chargées de la politique au sein d’organisations qui peuvent paraître éloignées des intérêts des producteurs de vin ».