Grâce à cet épandeur et son cadre peseur, je sais ce que j’apporte à l’hectare. C’est exactement ce que je souhaitais. » À Marguestau, dans le Gers, Patrick Remazeille s’est équipé en début d’année du nouvel épandeur Kuhn MDS 14.2 sur pesons, d’une capacité de 1 400 kg. « Auparavant, j’ai travaillé pendant dix ans avec le même épandeur, mais sans le cadre peseur, précise-t-il. Comme il me fallait le renouveler, j’ai opté pour ce matériel, identique au précédent mais avec la pesée en plus. »
Après l’avoir utilisée pour fertiliser ses 75 ha, Patrick Remazeille loue sa nouvelle machine. « Précédemment, il fallait déterminer le facteur d’écoulement de chaque engrais, à l’arrêt et avant chaque épandage. Si j’épandais trois engrais différents dans la journée, il fallait recommencer trois fois. Avec le cadre peseur, ce n’est plus nécessaire. On part avec un facteur d’écoulement de 1, on indique la dose que l’on veut épandre et sur quelle largeur. Et on démarre. »
Terminal de bord Quantron (photo Kuhn)
À partir de là, deux façons de faire pour s’assurer d’apporter la quantité voulue : la pesée dynamique (en marche) ou la pesée statique (à l’arrêt). Selon Kuhn, en viticulture, le débit d’écoulement des engrais en marche est trop faible pour que l’épandeur fournisse une pesée exacte. De ce fait, l’entreprise préconise de s’arrêter en bout de rang, après quelque temps, pour effectuer la pesée. Le terminal de bord – dénommé Quantron – compare alors ce résultat à la valeur théorique censée rester dans la trémie compte tenu de la surface fertilisée. Il corrige ensuite le facteur d’écoulement en conséquence.
Patrick Remazeille, lui, a employé la pesée dynamique, avec laquelle les réglages sont optimisés en continu. Par prudence, il a effectué une pesée statique, afin de s’assurer d’être dans le juste. « Dans mon cas, ces données étaient parfaitement identiques, confie-t-il. C’est très rassurant de savoir le poids d’engrais qu’on épand réellement. »
Sur ses vignes en place, il a apporté 400 kg/ha d’un engrais minéral, sous le rang, en passant entre 10 et 12 km/h. Il a également fertilisé un plantier en plein, sur 18 m de large par passage. Là aussi, les données étaient identiques entre la pesée en continu et celle à l’arrêt.
Le vigneron gersois n’a pas fait appel à la modulation automatique de la dose, n’ayant pas établi de carte de la vigueur de ses parcelles. En revanche, il s’est servi de la fonction qui permet de moduler manuellement les apports. « Je repère les zones plus ou moins vigoureuses et je fais varier les apports, le plus souvent de + ou -10 %, exceptionnellement de + ou -20 %. »
Il ajoute que le kit d’épandage sur le rang est d’une simplicité enfantine à monter et à régler, sans même une clé. Enchanté par cet appareil, il n’émet qu’une seule critique. « La présence du cadre peseur recule le centre de gravité de l’épandeur de 40 cm. Si le tracteur n’est pas assez lourd, on y perd en stabilité. »
Adhérent de la Cuma des Côtes de la Gélise, Gilles Dutreuil, viticulteur à Noulens, a également utilisé un MDS 14.2 cette année, pour la première fois sur ses 15 ha de vigne. « C’est appréciable de ne plus avoir à évaluer le facteur d’écoulement, confie-t-il. Ce travail prenait du temps. Et je n’étais jamais sûr du résultat. Il m’est souvent arrivé de refaire le calcul pour m’assurer d’avoir le bon résultat. »
Comme Patrick Remazeille, il a épandu un engrais minéral à raison de 400 à 500 kg/ha, en roulant entre 9 à 10 km/h. Mais à la différence de son voisin, Gilles Dutreuil l’a appliqué en plein. Et il s’en est tenu aux préconisations de Kuhn. « Après avoir épandu 150 kg, je me suis arrêté pour vérifier si le poids d’engrais dans la machine correspondait bien au poids théorique. Il a pu y avoir une légère variation. Je m’en accommode, l’impact sur la vigne ne me paraît pas si important. »
Avec l’épandage en plein, un seul réglage est nécessaire avant la mise en route : celui des ailettes situées sur les disques, qu’il faut ajuster en fonction du facteur d’écoulement de l’engrais. « Pour gagner du temps, je n’ai pas effectué ce réglage, avoue Gilles Dutreuil. Du coup, de la poudre d’engrais s’est coincée entre les lames et l’épandage s’est moins bien déroulé. Ce n’est pas un bon calcul. » Et le vigneron d’espérer qu’à terme, ce réglage sera lui aussi automatisé.
La Cuma des Côtes de la Gélise, à Noulens, dans le Gers, s’est équipée d’un épandeur Kuhn MDS 14.2 avec pesons et antenne GPS, au prix de 11 800 €. « Nous renouvelons notre matériel quand il est amorti, soit tous les cinq à six ans pour les épandeurs, explique Alain Molère, président de la Cuma. Nous possédions le même modèle, sans le cadre peseur. On a opté pour ce modèle avec pesée afin de gagner en précision. » La Cuma compte cinq viticulteurs, qui exploitent au total 250 ha. La structure facture l’épandeur à l’hectare engagé, que l’adhérent utilise le matériel ou pas. Avec ce nouveau modèle, le tarif est fixé à 6 €/ha/an.