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Le domaine de la Gachère produit du miscanthus pour pailler le cavaillon et se passer d'herbicides
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Entretien des sols
Le domaine de la Gachère produit du miscanthus pour pailler le cavaillon et se passer d'herbicides

Au nord des Deux-Sèvres, les frères Lemoine cultivent leur propre miscanthus qu’ils épandent sur le cavaillon pour lutter contre les adventices. Seuls quelques liserons passent au travers de ce paillage.
Par Patrick Touchais Le 06 novembre 2024
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Le domaine de la Gachère produit du miscanthus pour pailler le cavaillon et se passer d'herbicides
Plantation de miscanthus chez Christian Lemoine Domaine de la Gachère. Les rhizomes plantés en 2017 se sont bien développés. Chaque motte fait plus de 50 cm de diamètre désormais. Les branches peuvent atteindre 2,5 m. - crédit photo : Patrick Touchais
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ans la parcelle qui jouxte l’allée menant au domaine de la Gachère, un monticule très clair au pied des ceps attire le regard. Une petite butte de bois blanc broyé recouvre ainsi le cavaillon sur 1 ha de cabernet franc. « C’est du miscanthus », indique Christian Lemoine, tout frais retraité de ce domaine de 30 ha situé à Saint-Pierre-à-Champ, au nord des Deux-Sèvres, piloté avec ses deux frères Gilles et Alain.

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Au domaine de la Gachère, du miscanthus recouvre le cavaillon (Photo Patrick Touchais)

« Comme d’autres, on a cherché des solutions pour supprimer le désherbant sur le cavaillon. Ici, tous les interrangs sont enherbés. On a réfléchi avec Perrine Dubois, une des techniciennes de l’ATV49, sur une technique naturelle. Après plusieurs échanges et des lectures partagées sur des techniques de paillage, on a opté pour le miscanthus plutôt que la paille de blé par exemple, parce qu’elle se détruit trop vite. Puis on a décidé de le produire nous-mêmes. On a choisi ce qu’on appelle l’herbe à éléphant. C’est un miscanthus géant qui pousse jusqu’à 2,5 m de haut. » C’était en 2017. Le domaine, qui dispose de quelques hectares de terre agricole qu’il loue à des voisins, opte pour une parcelle d’1 ha assez humide pour installer le miscanthus. Après avoir labouré la parcelle, puis passé une herse rotative afin de casser les mottes, Christian Lemoine plante des rhizomes en avril. À cette fin, il utilise une vieille machine à planter les choux en se calant sur une densité de 40 000 pieds/ha. Ensuite, il roule la parcelle dans les deux sens. Aucun arrosage n’est nécessaire.

Avant la levée du miscanthus, la parcelle est désherbée chimiquement avec un herbicide maïs pour qu’aucune mauvaise herbe ne puisse s’installer. « C’est une étape importante. Ensuite, vous laissez faire. La pousse a commencé trois semaines après la plantation avec une très bonne reprise. Un an après, les tiges mesuraient environ un mètre de haut. On a fait réaliser une première coupe qui a été laissée au sol pour former un tapis et éviter la pousse des adventices. Par la suite, ce sont les feuilles qui tombent au sol qui viennent grossir ce tapis et étouffent les mauvaises herbes. Peu à peu, les pieds se développent par les rhizomes et se densifient. Aujourd’hui, les mottes font au moins 50 cm de diamètre. La parcelle a une durée de vie estimée à environ 50 ans. C’est une plante pérenne, mais pas invasive. Elle ne s’étend pas en surface », détaille Christian. Côté rendement, il a fallu attendre trois ans avant que la plantation n’arrive en pleine production, soit 20 tonnes/ha environ.

Un prestataire coupe le miscanthus au printemps

Au printemps, un prestataire vient couper le miscanthus avec une ensileuse à maïs équipée d’une lame beaucoup plus rigide, car la tige est dure. « On coupe à environ 5 cm du sol juste avant que la plante ne reparte, ce qui donne de gros copeaux. Je les fais couper assez gros, environ 4 à 5 cm, pour avoir une dégradation lente », précise le vigneron.

L’entrepreneur intervient au domaine de la Gachère, mais aussi chez quelques voisins qui cultivent le miscanthus en vue de faire du paillage pour leurs animaux ou de le revendre à des paysagistes. Ce qui représente une cinquantaine d’hectares au total.

Une fois récolté, le miscanthus est immédiatement épandu. Comme pour la plantation, la famille Lemoine n’a pas investi dans du matériel coûteux pour épandre. « On a récupéré une vieille benne à vendange avec une vis sans fin qu’on a équipée d’un petit tapis qui distribue le miscanthus. Rien de très compliqué. Juste un peu de soudure », sourit Christian.

Il faut environ quatre heures de travail pour distribuer les copeaux sur un hectare de cavaillon dans les parcelles plantées à 4 500 pieds. « Je roule près du rang à 7 km/h. À cette vitesse, on forme une butte d’environ 20 cm. La première année, le miscanthus est mangé par le sol. On doit donc repasser une seconde couche la deuxième année. Celle-ci peut ensuite tenir trois à cinq ans. Il faut donc compter deux hectares de miscanthus pour pailler un hectare de vigne », témoigne Christian.

Seul le liseron se développe de ci de là

Une fois étalé au sol, le miscanthus se gorge d’eau car l’intérieur de la branche est cotonneux. Ce qui fait du poids et tasse naturellement la butte. « Une fois bien en place, rien ne peut pousser. » Sauf le liseron, qui parvient ici ou là à se faufiler entre les copeaux.

En revanche, contrairement à la paille de blé, le miscanthus n’accueille ni escargots ni limaces. Certes, on peut y trouver quelques rongeurs. Évidemment, comme tout paillage, il a aussi un effet protecteur pendant les grosses périodes de chaleur.

Concernant le cycle végétatif, le viticulteur a observé un départ plus tardif de la plante de deux semaines. Un bon atout face au gel de printemps. « Ensuite, la vigne rattrape son retard. On n’a pas constaté de différence de maturité à la récolte entre les parcelles avec ou sans miscanthus », indique le viticulteur.

Malgré les bons résultats obtenus, les frères Lemoine n’ont programmé aucune plantation supplémentaire de miscanthus. Le domaine sera prochainement vendu quand la retraite aura sonné pour tous les associés. Christian espère que les successeurs poursuivront cette technique. « En tout cas, je les y inciterai. On a 5 ha de terres supplémentaires assez humides qui sont bien adaptées pour de nouvelles plantations. » 

Un coût maîtrisé

Pour la plantation de miscanthus, le domaine a dépensé 2 800 € de rhizomes, soit 0,14 € l’unité. “Le reste, c’est du travail en famille et un peu de fuel”, sourit Christian Lemoine. Le coût évalué par l’ATV49 est en réalité de l’ordre de 3 700 € (chiffres 2017) en comptant le temps de travail, le fuel, le désherbant… L’entretien de la parcelle ne coûte rien. La coupe est facturée 200 €/ha par un prestataire. Enfin, l’épandage, toujours selon les calculs de l’ATV49, s’élève à quelque 430 €/an.

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