ace à la chute inexorable des ventes de vin en grande distribution, la seule solution est-elle la baisse des prix ou le repli des linéaires ? Et s’il fallait plutôt réinventer le discours d’un rayon mal aimé et mal compris par les consommateurs ? Après tout, si le marché consomme moins, mais mieux, pourquoi les grandes surfaces n’acceptent-elles pas de vendre moins mais mieux ? À bon vin, point d’enseigne à néant. La première étape serait la restructuration des murs de bouteilles et autres bag-in-box qui sont aussi massifs qu’indigestes pour le néophyte comme l’amateur de vins. Que le connaisseur qui ne s’est jamais senti écrasé face à cette masse informe achète la première bière. On pourrait rompre le linéaire qui ne parle que de classements par couleurs, origines et prix pour proposer des moments de consommation : le vin d’apéro-tapas en semaine, la bouteille pour la soirée-pizza-série, le bon rapport qualité prix pour un dîner élaboré entre amis, le vin pour épater la belle-famille sur le poulet du dimanche… Ou même une classification proche des bières, où sont séparées les gammes et donc les instants de dégustation (de la bière de soif d’entrée de gamme aux bouteilles premiums de luxe).
Sans pouvoir prétendre à un conseil de caviste (même en misant sur l’IA), une sélection plus animée et vivante en magasin permettrait également de décloisonner le rayon, pourquoi pas en déportant encore plus les bouteilles en rayon (boucherie, poissonnerie, biscuits apéritifs…). Un élargissement de l’offre des petits formats permettrait aussi un achat et une consommation sans la contrainte des 75 cl à écluser seul ou à deux. La filière vin a aussi son rôle à jouer en modernisant non seulement ses packagings, mais aussi ses étiquettes et contre-étiquettes où l’on retrouve encore des propositions d’accords mets et vins à base de gibiers et autres lapins à la royale, ainsi que des considérations pédologiques poussées sur des sols et sous-sols qui parlent peu en dehors d’un exposé de géologie… Et certainement pas aux consommateurs et acheteurs. « Est-ce à moi que l'on tient de semblables discours ?
Tu gagnerais autant à parler à des sourds » écrivait la Fontaine ("le vieux chat et la jeune souris", les Fables livre XII).