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"Tous les vignerons devraient semer des pépins de raisin dans un coin de leurs parcelles"
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Expérience
"Tous les vignerons devraient semer des pépins de raisin dans un coin de leurs parcelles"

Semer des pépins de raisin et observer la vigne qui en sort. Les vignerons Cyril Alonso (Beaujolais) et Philippe Pacalet (Bourgogne) ont tous les deux tenté l’aventure. L’un recommande l’expérience, l’autre non. Mais les deux s’accordent à dire que la piste doit être explorée.
Par Julie Reux Le 27 octobre 2024
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Un aperçu de biodiversité aussi sexuée que viticole. - crédit photo : Cyril Alonso
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epuis 2019, Cyril Alonso, vigneron dans le Beaujolais, sème des pépins de raisin selon un process assez simple : « J’ai récupéré 10% des marcs de mes gamays* et je les ai enterrés dans un terrain assez riche. Dès le printemps suivant, j’avais des sorties. Je les récupère, et je répète l’opération chaque année depuis quatre ans. Aujourd’hui, j’ai une parcelle de 1000 pieds issus de ces pépins, plantés en francs de pied. »

Les vignes « parents » sont elles-mêmes issues d’un conservatoire de gamays, abritant 140 cultivars différents complantés. « Chaque pépin donne un nouvel individu, rappelle Cyril Alonso. Quand on goûte les raisins, c’est bluffant d’observer les différences gustatives. Un tel va avoir un goût ananas incroyable, celui d’à côté, ça va être la fraise. En plus, sans porte-greffe, les arômes sont tout de suite exacerbés. »

Le semis, c’est l’avenir, je ne comprends pas qu’on ait arrêté

Le vigneron a aussi réussi à vinifier trois petites récoltes (200 litres en 2023), une micro-cuvée baptisée « Semis de pépins » qu’il fait volontiers goûter aux curieux, et dont il est plutôt satisfait. Autre observation : « Certes il y a peu de recul, mais je n’ai jamais traité ces vignes et je n’ai jamais observé aucune tâche nulle part. Certains pieds présentent des carences, mais pas de maladie, y compris en 2024. Pour moi, c’est inexplicable. » En revanche, une large part des pieds se sont révélés sexués. « On a donc besoin de pollinisateurs pour avoir des fruits. Un millésime pluvieux comme 2024 se ressent, car il y a eu moins d’insectes et donc moins de fruits. »

L’expérience se révèle étonnamment simple à mener, laisse entendre Cyril Alonso. Mais évidemment, un tel projet ne s’envisage que sur un temps très long. C’est d’ailleurs ce qui avait conduit le vigneron bourguignon Philippe Pacalet, qui avait lancé un projet similaire dans les années 2000, à abandonner la démarche au bout de trois ans. « Vous semez 10000 pépins, il en ressort deux ou trois pieds, qui en plus sont interdits en appellation, résume-t-il. Ça prend 15 ans de suivre une expérience. Clairement, il vaut mieux dans ce contexte planter des clones ou des hybrides. Pourtant le semis, c’est l’avenir, je ne comprends pas qu’on ait arrêté. On a trop concentré le réservoir génétique. Mais ça serait à l‘INRAe de faire ce boulot. »

Pour Cyril Alonso, il s’agit surtout d’ouvrir des portes. « Avoir un petit jardin de curiosité, ça change déjà les choses dans la tête d’un vigneron, observe-t-il. C’est retrouver une petite forme d’autonomie, et ça fait du bien. Tous les vignerons devraient semer des pépins de raisin dans un coin de leurs parcelles. »

Le cadre réglementaire du semis de pépins

En pratique, ce genre d’expériences n’est « pas encadrée réglementairement », explique un agent du service de certifications de France Agrimer, qui parle même de « vide juridique ». « Tant que ça reste sur l’exploitation, dans le cadre d’une expérimentation paysanne par exemple, il n’y a pas de problème. Mais si ça circule, sous forme de plants ou de bois, là il faut entrer dans un protocole de certification par France Agrimer, avec au minimum un traitement à l’eau chaude », explique-t-il, pour éviter la propagation de maladies à phytoplasmes. Mais même après avoir été ainsi sanitairement certifié, la multiplication, ou bouturage, pour d’autres professionnels, de plants non-inscrits dans le catalogue officiel des variétés reste prohibé. « On sait bien que des bois circulent, mais on voudrait bien l’éviter. »

Les contrevenants s’exposent à des amendes (forfait de 3 750 €), mais dans les faits « cela supposerait une énorme quantité de plants produits », concède l’agent. Chez les vignerons qui s’improviseraient pépiniéristes, le SRAL pourrait exiger une destruction des plants. « Mais en vingt ans de métier, je n’en ai jamais entendu parler. D’autant que quelqu’un qui voudrait s’amuser à expérimenter en semant des pépins n’a qu’à se rapprocher de nos services pour rendre la chose transparente. Nous, on s’en fiche.»

 

* : « En bio, on peut en garder une partie pour le composter », explique le vigneron.

 

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Tous les commentaires (3)
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Chelmi Le 11 novembre 2024 à 13:49:17
Ma petite expérience sur un pied de vigne issu de semis de pinot meunier, c'est zéro récolte sur une vingtaine d années
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Viticulteurs 49 Le 28 octobre 2024 à 13:32:25
J espère que vous avez bien lu les pv des années 1893 à 1907 le phyloxera existe toujours sk votre parcelle présente des galles bonjour pouf boys
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Marc Le 28 octobre 2024 à 11:17:09
Vif intérêt de vos retours
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