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L'autoconstruction, c'est leur passion ! Ces vignerons fabriquent des semoirs maison
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L'autoconstruction, c'est leur passion ! Ces vignerons fabriquent des semoirs maison

Les vignerons qui se lancent dans la construction de leur propre semoir ne cherchent pas uniquement à réaliser des économies. La transmission et le partage d’un savoir-faire les motivent tout autant. Retour sur l’expérience de trois d’entre eux.
Par Sarah El Makhzoumi Le 22 octobre 2024
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L'autoconstruction, c'est leur passion ! Ces vignerons fabriquent des semoirs maison
Sébastien Rauscher devant le semoir qu'il a construit avec son père Benoît en installant une trémie Delimbe sur une herse Agram. - crédit photo : Rauscher
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enoît et Sébastien Rauscher Une affaire de transmission

À Kintzheim, en Alsace, Benoît Rauscher et son fils Sébastien sont des passionnés d’autoconstruction ! Sur leurs 13 hectares de vignes et 3 ha de terres, ils travaillent avec des outils de leur fabrication (porte-outils, rouleau… ), dont deux semoirs : l’un de semis direct et l’autre sur une herse rotative. « J’adore bricoler et réfléchir, même si je n’ai rien inventé, raconte le père. Cela m’a permis de m’économiser l’achat d’un semoir traditionnel, mais c’est surtout qu’on ne conçoit pas le métier d’agriculteur sans savoir faire un minimum par soi-même ! »

Les deux semoirs ont été pensés pour accueillir une seule et même trémie Delimbe T15, de 120 l avec cinq sorties, achetée par les deux viticulteurs. « Notre semoir direct est assez simple : sur un cadre d’1,10 m, nous avons installé cinq disques ouvreurs qui font un angle de 4 degrés par rapport à la verticale, détaille Benoît Rauscher. Juste derrière, nous avons placé une canule puis un coutre de soc qui distribue les graines. Et pour finir, on a cinq disques de rappui. » Les éléments semeurs ainsi que l’acier pour le cadre ont coûté 2 500 € environ.

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Cadre avec disques ouvreurs pour le semis direct (crédit photo Benoît Rauscher)

Le second semoir se compose d’une herse rotative Agram d’1,10 m dotée de cinq rotors à dents montés sur un axe vertical et d’un rouleau packer de rappui. Les graines tombent entre la herse et le rouleau. « Au bout des descentes, on a fixé des canules que l’on peut faire glisser le long de tubes horizontaux pour faire tomber les graines à l’endroit que l’on veut et définir la largeur de la bande enherbée. » Les vignerons ont également installé des dents à pattes d’oie amovibles à l’avant de l’outil afin de faciliter le travail de la herse et limiter son usure. La herse a coûté 4 500 €, les descentes sont composées d’acier de récupération.

 

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Trémie Delimbe et herse rotative Agram (crédit photo Benoît Rauscher)

Avec ces deux semoirs, les Rauscher sèment un mélange de seigle, triticale, pois, féverole, trèfle incarnat et radis un rang sur deux, à 125 kg/ha. Surtout, ils ont de quoi s’adapter aux conditions météo et de sol, ainsi qu’à l’état de l’enherbement. Lorsque les sols sont trop gras ou l’enherbement trop important, le semis direct n’est pas possible. Les viticulteurs passent alors d’abord le déchaumeur puis le semoir sur herse.

Une amélioration possible ? « Il serait intéressant d’avoir deux trémies de façon à séparer les graines, ça sera sûrement la prochaine étape, explique Benoît Rauscher. Ces fabrications m’ont permis de transmettre à Sébastien ce que je connaissais, et de partager avec lui des moments de réflexion. Il y a des choses qui marchent bien et d’autres moins bien, mais ça fait partie du job et c’est ainsi qu’on apprend. »

Julien Bourchet Simple et efficace

Julien Bourchet est installé en EARL à Serignan-du-Comtat, dans le Vaucluse. Il sème des couverts sur 20 de ses 35 ha labellisés HVE, un rang sur deux à 220 kg/ha en plein, avec un mélange de moutarde, de féverole, de pois, de vesce, d’orge et de triticale.

« Quand je me suis installé en 2003, j’ai commencé par pratiquer des enherbements spontanés permanents, indique-t-il. Mais je les ai abandonnés vers 2010 car ils limitaient mes rendements. En 2015, j’ai commencé à m’intéresser à l’agriculture de conservation des sols (ACS). J’ai donc découvert la pratique des couverts végétaux temporaires en vigne puis, dans la foulée, j’ai trouvé un GIEE, accompagné par la chambre d’agriculture du Vaucluse qui m’a aidé dans la démarche. »

Pour mettre en pratique ses apprentissages, Julien Bourchet sort la meuleuse et le poste à souder, après avoir regardé des vidéos et s’être informé sur des forums auprès de confrères ayant déjà construit leurs semoirs.

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Julien Bourchet devant son semoir doté d'une trémie Delimbe monté sur un cadre à dents à "queue de cochon (crédit photo Bourchet)

« J’ai fait au plus simple, raconte-t-il. J’avais mis de côté un vieux griffon sur lequel j’ai fixé neuf dents semeuses “queue-de-cochon” espacées de 22 cm et j’ai placé des roues de terrage à l’avant. » Il a acheté un semoir Delimbe T18, d’une capacité de 160 kg avec dix sorties, qu’il a reliées aux dents. « J’en ai donc bouché une. J’ai ensuite fixé le semoir sur un Silentbloc. Je savais qu’il fallait un système de rappui. »

Après cela, le viticulteur a fixé une cornière de bâtiment très lourde et habillée de courtes chaînes à deux barres articulées à l’arrière du bâti, afin de rappuyer et égaliser le sol après le semis.

Hormis la trémie Delimbe qui lui a coûté 1 300 € et les 100 € de roues de jauge, la fabrication de ce semoir ne lui a coûté que le temps passé à récupérer et assembler les autres éléments. « Cela fait trois générations qu’on emmagasine de la ferraille, il était temps que cela serve ! », plaisante-t-il.

S’il est satisfait de son outil, il pense encore le perfectionner avec quelques adaptations : éclateurs, dents de semis direct et, pourquoi pas, un système de disques ouvreurs à l’avant ! « Si je le pouvais, je ferais beaucoup plus d’autoconstruction ! Principalement pour des raisons économiques mais… même si j’avais eu les moyens, je ne suis pas sûr que j’aurais acheté un semoir neuf, j’aime bricoler ! »

Frédéric Busi Deux semoirs à partager

Toujours dans le Vaucluse, au Gaec Le Pasquier, à Caseneuve, Frédéric Busi cultive 8 hectares de raisin de table. Ce viticulteur a commencé à semer des couverts lors de sa conversion en bio, il y a quinze ans. « Le but était principalement d’améliorer la portance de mes sols, explique-t-il. J’ai ensuite pu voir tout le côté positif au niveau de la fertilité. »

Bricoleur, le viticulteur a conçu deux semoirs sur la base de griffons. Le premier, d’1,50 m de largeur, repose sur un cadre qui compte dix dents « queue-de-cochon » double spire sur lesquelles sont fixées des canules reliées aux descentes d’une trémie Delimbe de 200 l. Un rouleau packer fixé à l’arrière sert de rappui et de roue de terrage.

« À l’usage, j’ai trouvé que les dents double spire soulevaient trop la terre », raconte Frédéric Busi, qui ne se sert plus de ce semoir mais le loue à ses collègues. Il décide donc d’en construire un second, doté de dix dents droites. Sur cette version d’1,70 m de largeur, le rouleau packer est remplacé par une herse étrille. Afin d’assurer la jauge, le viticulteur ajoute deux roues à l’avant du semoir. Et il règle le variateur électrique de façon à rouler à 5,5 km/h. « Comme on pratique le semis direct, il serait probablement très intéressant d’installer des disques ouvreurs à l’avant pour améliorer la qualité du semis, mais cela augmenterait le poids ou la longueur alors je n’en ai pas encore installé. »

 

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Les deux semoirs autoconstruits de Frédéric Busi (photo F. Busi)

C’est avant tout dans une optique d’économie que Frédéric Busi a construit ses semoirs. « La distribution Delimbe m’a coûté 1 500 €, établit-il. Pour le reste, je pense qu’on a tous un rouleau et du tube d’acier qui traîne dans un coin de hangar ! »

Outre les économies réalisées, c’est le partage qui anime ce bricoleur. « Je suis président de l’association pour le développement de l’agroécologie en Luberon (Adael), grâce à laquelle les viticulteurs peuvent bénéficier de services tel que l’achat groupé de graines ou encore louer mes semoirs à un prix qui permet seulement d’acheter les pièces d’usure. » C’est dans cette association qu’il se fournit en graines pour ses couverts, qu’il sème dans tous les rangs avec le mélange suivant (pour 1 ha en plein) : 50 kg de féverole, 25 kg de pois, 25 kg de vesce, 25 kg d’orge et 25 kg de triticale.

 

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