e Crédit Agricole du Nord-Est avait choisi « l’avenir de la prestation viticole » pour thème de sa traditionnelle conférence du salon Viti-Vini, qui s’est tenue le mardi 15 octobre à Epernay. « Le recours à la prestation a beaucoup augmenté ces dix dernières années, précise James Dardenne, prestataire viticole sur 60 ha et membre d’EDT 51. Les raisons sont multiples : le manque de salariés viticoles, une vigne éloignée du siège de l’exploitation, des investissements matériels trop coûteux, le manque de place pour stocker le matériel, les certifications ou encore le souhait de se concentrer sur la vente de bouteilles ». Ce prestataire souligne que les jeunes générations délèguent plus facilement que leurs aînés. Il estime que la prestation devrait progresser de 30 % dans les dix prochaines années. « Plus il y aura de contraintes, plus il y aura de prestataires !, prédit-il. Je pense qu’il y aura encore moins de salariés viticoles sur les exploitations et qu’il faudra avoir des salariés étrangers que nous logerons ».
Sa consoeur Hélène Schlichter, directrice commerciale d’Evici et présidente de la nouvelle section viticole EDT 51, estime elle aussi que la prestation viticole devrait progresser en Champagne avec le renouvellement des générations et le morcellement des exploitations suite aux successions. « Avec le changement climatique, il va y avoir plus d’aléas, estime-t-elle. A nous de remettre en cause notre façon de travailler quand il y a un printemps pluvieux comme celui de 2024 ou quand les températures sont élevées pour les tâches manuelles ». Elle s’interroge sur la manière d’intégrer les nouveaux prestataires et travaille à l’élaboration d’une charte de bonne conduite pour les prestataires, avec l’objectif de tirer la profession vers le haut.


Cette charte pourrait voir le jour en 2025. « L’enjeu est de s’assurer que les nouveaux prestataires soient bien au fait de la réglementation et qu’ils fassent pleinement partie du système, souhaite-t-elle. Il y a une prestation à deux vitesses, avec des prestataires qui investissent dans des logements et qui respectent la législation, et d’autres non. Nous sommes les premiers à dire que ce métier devrait être régulé. N’importe qui peut s’installer prestataire actuellement. On aimerait qu’il y ait des contrôles sur les logements en amont des vendanges par exemple. La régulation de notre profession n’est malheureusement pas de notre ressort. C’est une question législative ».
James Dardenne conclut en soulignant que le donneur d’ordre devrait être plus impliqué dans le choix de son prestataire. Le prix est un indicateur du sérieux du prestataire. « Le travail en prestation ne peut pas être moins cher que celui fait en direct, rappelle-t-il. Un prix trop bas est suspect. Sur la période très courte des vendanges, il y a une opportunité pour certains prestataires de se faire de l’argent… ».