a présidente de région Occitanie Carole Delga s’est rendue dans l’Aude le 9 octobre, à la rencontre d’une population vigneronne en souffrance entre sécheresse persistante, répétition d’aléas climatiques et marché en berne. Comme devant les préfets régionaux ou départementaux, les représentants de filière n’ont que l’eau, et les moyens d’y accéder, à la bouche pour décrire la situation d’urgence dans laquelle ils se trouvent.
A Montbrun-des-Corbières, les parcelles du château Vieux Moulin, appartenant au président des Vignerons indépendants d’Occitanie Alexandre They, illustrent la mortalité de vieilles vignes ou de plantiers trop exposés à la sécheresse. « Nous sommes entrés dans un schéma non-tenable à court ou moyen terme, où nous sommes en train de décapitaliser en perdant nos vignes. La vitesse du phénomène de désertification que nous traversons m’a surpris. Sans l’aboutissement rapide de micro-forages, des pans entiers de notre vignoble sont condamnés », illustre le vigneron du château Vieux Moulin.


Même constat plus haut dans les Corbières, à la cave coopérative de Talairan, présidée par le président des Vignerons coopérateurs d’Occitanie Ludovic Roux. Celle-ci réalise habituellement environ 50 00 0hl sur 1 300 ha de vignes. Après les 36 000 hl de 2023, la cave ne produira cette année que 23 000 hl de vin d’AOP Corbières ou d’IGP. « Cela fait dix ans que nous travaillons sur un projet d’irrigation par un projet mixte de forage apportant à la fois de l’eau brute et de l’eau potable. Le Crédit agricole et les 3 communes concernées ont financé les études mais impossible d’aller plus loin pour un financement d’un projet à plus d’un million € », pose Ludovic Roux.
Le portage de projets est bien le bât qui blesse pour un secteur viticole déjà en difficulté pour investir par ailleurs. « Dans toute l’Occitanie, je ne connais aucun cas où le portage ne peut se faire sur des projets réalisables techniquement et validés par l’Etat », tranche cependant Carole Delga, qui estime qu’au niveau local, la région n’a pas à intervenir sur cette compétence. Après avoir rappelé en revanche que c’est bien la région qui finance toutes les études préalables à l’extension du réseau provenant du Rhône jusqu’aux Pyrénées-Orientales, la présidente de région insiste fortement sur la multiplicité des solutions d’approvisionnement en eau. « Comme pour tout, il n’y a pas une solution miracle, mais une somme de solutions complémentaires : le maillage des réseaux existants, petites retenues collinaires, réutilisation des eaux usées… », liste-t-elle.
Ancienne directrice de syndicat des eaux, Carole Delga revendique son expertise sur le sujet et pose des limites dans les possibilités d’utilisation de la ressource (Barousse, Commainges et Save, jusqu’en 2005). Elles reste ainsi très méfiante quant à l’utilisation de la « mer souterraine » des Corbières, « si proche des zones salées de la Méditerranée, la moindre goutte de sel qui arriverait dans cette nappe la rendrait définitivement inutilisable, il faudra être très pointu dans les études », tempère-t-elle. Elle rappelle également que l’extension du réseau Aqua Domitia en provenance du Rhône sera tout sauf une corne d’abondance ouverte à tous les usages, « un projet dimensionné pour les besoins de la population et qui ne comprenait initialement pas les Pyrénées-Orientales ».
Volontaire dans l’accompagnement d’une filière viticole qu’elle sait malmené par l’évolution climatique et la conjoncture économique, Carole Delga rappelle également son engagement pour la marque ombrelle Sud de France, plébiscitée par la production pour l’export. Car au-delà de l’enjeu de son maintien dans le paysage grâce à l’eau, la viticulture a surtout besoin de marchés de valorisation pour faire vivre ses entreprises et plus largement, les territoires sur lesquels elle est implantée.