quat de sites naturels, campements dangereux ou insalubres... Le manque de logement pour les vendangeurs est devenu une problématique de premier ordre en Bourgogne. « La réglementation limite les domaines dans leur volonté de loger les saisonnier », regrette Thiébault Huber, président de la Confédération des Appellations et Vignerons de Bourgogne (CAVB), qui cite notamment « l'interdiction de dormir sous tente au domaine », et « l'interdiction des lits superposés ».
Pour résoudre l'équation, interprofession, État et mairies se sont unis. Et ont fait confiance à Samuel Lenoir, propriétaire d'un centre équestre sur la Côte, pour mettre sur pied le premier "village vendangeurs" de Bourgogne, pour la vendange 2023. Le site, comprenant emplacements de camping et sanitaires, « a affiché complet toute la campagne », se souvient Samuel Lenoir. « Au pic d'activité, nous avons dépassé les 70 places disponibles. Au total, nous avons atteint 1 500 nuitées. »
Forte de ce succès, l'expérience est renouvelée pour ces vendanges 2024. « Cette année, nous mettons 100 places à disposition : 92 pour les camions et tentes, et 8 en modules aménagés ». Des préfabriqués confortables, comprenant literie, rangements, frigo et chauffage [voir photo]. Tarifs des nuitées : 8€ pour un emplacement seul; 20€ pour un module.
Et cette fois, le succès dépasse les attentes. « Tout est réservé depuis deux semaines ! », s'étonne encore Samuel Lenoir. « C'est la preuve du besoin criant de logement pour les vendangeurs, mais pas que. Le reste de l'année, le site est très demandé par des saisonniers de l'hôtellerie et de la restauration. » Pour ce propriétaire, « il faudrait une dizaine de sites similaires pour répondre aux besoins du département ». Plausible, quand on sait qu'environ 20 000 vendangeurs sont attendus en Côte d'Or cette année.
Son appel pourrait bien être entendu. « Maintenant que ce projet d'hébergement est mature, il a vocation à se multiplier », assure Franck Robine, préfet de la Région Bourgogne. Mais, « le modèle économique devra se trouver », prévient-il. « Si l'État et Action Logement ont apporté une aide financière significative pour l'aménagement de ce site, ce ne sera pas le cas pour les prochains projets ». Thiébault Huber annonce qu'un second village vendangeurs « sera fonctionnel dans les Hautes-Côtes en 2025 ». Et assure que le concept va se développer ailleurs. « D'autres secteurs de Bourgogne sont intéressés. Nous avons même reçu des demandes de renseignement du Bordelais et de Champagne ».
En 2023, cinq décès ont été à déplorer dans le cadre des vendanges en France. Et la Bourgogne veut tout faire pour éviter un drame cette année. L'État, en concertation avec la CAVB et la MSA, a ainsi financé une équipe de la protection civile, qui sillonera la Côte d'Or pendant tout la durée de la campagne. Les mesures de communication ont aussi été renforcées, avec, notamment, l'édition d'un livret d'accueil pour les vendangeurs.