e mois d’août n’a pas laissé beaucoup de temps au repos à Bordeaux. « Sur le terrain, le constat de la pression tordeuse est unanime », note le syndicat des Vignerons Bio de Nouvelle-Aquitaine dans son bulletin du 30 août.
« Les chenilles de deuxième génération d’eudémis ont fait des perforations dans 73 % des parcelles sans confusion sexuelle que nous suivons, et dans 35 % des parcelles confusées », précise ce 3 septembre Tristan des Ordons, conseiller viticole chez Phloème. Sur les 8 000 hectares observés par la société, 30 % des parcelles ont dépassé le seuil de 10 % de grappes atteintes nécessitant le déclenchement d’un premier traitement. « Et quand la deuxième génération est importante, la troisième génération est carabinée, avec des niveaux de ponte pouvant atteindre les 800 voire 900 %, 9 pontes par grappes », prévient-il.
La surveillance des pontes permettant d’affiner la stratégie de traitement est d’autant plus importante que le vol de la troisième génération est très étalé. Il a démarré tout début août dans les zones précoces des Graves et du Libournais, et continue dans plusieurs vignobles. « Nous avons passé le pic vers le 27, dans certains secteurs, mais la semaine dernière certains des 70 pièges de notre réseau de surveillance ont capturé plus de 100 papillons », assure Tristan des Ordons.
Concernant actuellement moins de 5 % des parcelles, le nombre de perforations va augmenter ces prochains jours, « à un moment où les chenilles risquent de transporter le botrytis », regrette le conseiller. Tristan des Ordons anticipe davantage de dégâts qualitatifs et quantitatifs que l’année dernière. « La troisième génération avait aussi été très forte en 2023, nous avions compté jusqu’à 80 chenilles par grappe lors des saumurages, se souvient-il. Les perforations avaient entraîné des flétrissements et des pertes de couleur mais les trois semaines de chaleur et de sécheresse combinées à des vendanges précoces avaient empêché la pourriture. Là nous avons de la pluie depuis vendredi dernier, les foyers de botrytis vont se réactiver alors que la récolte des blancs démarre tout juste », explique-t-il.
Les vignerons non couverts par la confusion sexuelle doivent donc être très vigilants aux pontes pour positionner du mieux possible leur traitement à l’émamectine, au spinosad ou au Bacillus thuringiensis, selon qu’ils travaillent en conventionnel ou en bio. « Sachant que plus on avance dans le temps, plus il est difficile de toucher toutes les grappes, et que les traitements en troisième génération sont souvent moins efficaces que ceux réalisés avant », estime Tristan des Ordons.
Anedoctiquement, le conseiller voit un peu d’eulia dans les pièges alimentaires mais pas de cochylis. « C’était déjà le cas l’année dernière. L’augmentation des températures l’été favorise les vols d’eudémis mais fait complètement disparaître cochylis. A mon sens, les vignerons peuvent arrêter la confusion mixte qui coûte plus cher et contient moins de phéromones spécifiques d’eudémis », pose-t-il.