nstallées sur le plongeoir, prêtes à se lancer dans le grand bain des vendanges qui approchent, des entreprises du vin glissent et tombent la dette la première… Même si les signaux avant-coureurs ne manquaient pas, c’est une lame de fond qui surprend par sa subite accélération cet été. À l’heurt du bilan ? Quiconque suit les annonces de procédures collectives voit leur nombre exploser dans tout le vignoble ces derniers mois, ces dernières semaines, ces derniers jours… Touchés, mais pas coulés, ces domaines, coopératives et négoces sont désormais placés en sauvegarde, redressement ou liquidation selon la décision des tribunaux. Leur nage est désormais sous surveillance pour retrouver performances et compétitivité après des histoires de gestion propres à chaque entreprise (direction, investissements, stratégie…) et souvent les remous de la conjoncture qui ont fait boire la tasse (petites récoltes masquant la déconsommation et la sortie de marchés, inflation fermant les débouchés et accentuant le surstock…).
Si ces opérateurs en difficulté flottent encore, le risque de noyade au fond de la piscine reste fort… Ces jugements de tribunaux sont le signal de la fragilité croissante de la filière, où ce ne sont pas forcément les opérateurs les plus inadaptés au marché qui sombrent. On en trouve qui ont investi, qui ont été audacieux, qui ont anticipé le changement climatique, qui ont prévu les nouvelles consommations… Et qui se voient couper les jambes par l’effet ciseau d’un mur d’encours à rembourser et un gouffre de ventes à reconquérir. Il y a urgence à agir, entre stratégie de filière et soutien politique pour ne plus donner de trop petites bouées flottantes, mais redonner de la liquidité. Faute de quoi, la piscine des vins de France deviendra une pataugeoire, voire un pédiluve, où il n’y aura plus place pour grand monde.