n cessation de paiements depuis mi-mai 2024, la start-up WineProtect a basculé en liquidation judiciaire avec le jugement du tribunal de commerce de Bordeaux publié ce 5 juillet. « Une recherche d'acquéreur est actuellement en cours pour les brevets et le stock » indique à Vitisphere le liquidateur bordelais Philae. Créée fin 2020 à Ludon-Médoc, la société WineProtact avait l’objectif, et l’ambition, de développer des lampes antigels avec station météo, panneau solaire... Cet outil étant resté à l’état de prototype/développement, la start-up semble avoir changé de fusil d’épaule et mis en vente un module pour le moins simplifié : une coque en plastique recyclé devant protéger les bourgeons de vigne jusqu’à -6°C : « la solution Antigel WIPS » commercialisée par 150 unités pour 1 275 €. « Pour le prix de 10 nuits de bougies, c’est 25 ans de protection » promettait encore récemment la start-up médocaine, estimant à 25 ans la durée de vie de ses dispositifs et à 98 % la protection contre le gel de printemps.
Avec son concept prometteur (réutilisable, sans émissions de gaz à effet de serre, sans besoin de surveillance nocturne…), la société WineProtect s’était intégrée dans l’écosystème de la recherche et du développement bordelais, faisant partie du cluster régional InnoVin et ayant intégré à ses débuts l’incubateur Bernard Magrez Start-Up Win (lors de la première promotion de lancement en 2021). Elle a également été primée en 2022 par le prix du technopole Agrinove (présentant à l'époque un système filaire et un projet solaire). Présidente, cofondatrice et actionnaire principale de Wine Protect, Deborah Ducamp ne souhaite pas commenter les difficultés ayant abouti à cette liquidation, mais évoque « un après » qui reste encore à écrire et définir. Alors que les solutions antigels sont nombreuses sur le marché.
Start-up
Un échec, « c’est assez classique pour la vie des start-ups » note Gilles Brianceau, le directeur d’InnoVin, notant que « les fonds d’investissement disent souvent que pour 10 start-ups dans lesquelles elles investissent, 9 ne marchent pas trop et 1 fonctionne très bien. » Si dans tous les secteurs d’activité les aléas économiques font que le parcours des start-ups est long et difficile, il y a quelques spécificités supplémentaires au secteur vitivinicole pointe Gilles Brianceau : le temps long des essais lié aux effets de millésime (« on a rarement vu une start-up exploser en 2 ans dans la filière vin », cf. Vititunnel, Chouette, CO2 Winery…) et les difficultés de standardisation (avec la variabilité des pratiques culturales, réglementations…). Une fois la liquidation actée, les brevets sont parfois repris par d’autres entreprises ou abandonnés faute de spécificités, les créateurs peuvent rebondir ou passer à autre chose conclut Gilles Brianceau.