es années passées n’ont pas été simples…
Jean-Philippe Haag : Wolfberger a traversé une crise de trésorerie en raison de l’envolée de la production du crémant qui mobilise désormais en moyenne 600 de ses 1 200 hectares d’apports. Nous en avions déjà augmenté les volumes en 2022. En 2023, 62 % de nos raisins sont partis dans cette appellation. Vu les douze mois minimums que ces vins doivent passer sur lattes, cela a représenté un gros stock à financer alors que les taux d’intérêt sont passés de 0,75 en 2022 à 4 % actuellement. Wolfberger supporte par ailleurs des frais fixes importants liés au fait que l’entreprise vend l’intégralité de ses vins sous ses marques [NDLA : Wolfberger, Willm, Albrecht]. Cela suppose plus de moyens en termes d’hommes, de marketing, d’organisation et de production. Cette dernière doit encore gagner en rationalité.
Quelles mesures ont été prises pour sortir de cette situation ?
Nous en avons d’abord parlé avec nos fournisseurs et nos apporteurs. Ces derniers ont abandonné une partie de leur récolte 2022 [NDLA : 16 % selon nos informations]. L’échéancier 2023 prévoit un paiement intégral des raisins chaque mois. D’autre part, l’effort consenti sur les crémants depuis 2022 commence à porter ses fruits. Il se ressentira pleinement fin 2024.
Avez-vous déjà fixé un prix du raisin pour 2024 ?
Non. Mais l’idée est de reconduire le prix 2023. Ce qui n’est actuellement pas évident pour tous les opérateurs. Nous ne pouvons pas faire subir à nos adhérents une baisse du prix et du rendement impacté par la météo de l’année. Les conditions de production règlementaires ne doivent pas non plus prendre une orientation frileuse en diminuant l’offre. Manquer de ressources signifie une perte de dynamisme car si l’on n’a plus rien à vendre, il faut abandonner des marchés. C’est ce qui est arrivé à Wolfberger. Il nous manque actuellement l’équivalent de 2 millions de bouteilles, notamment de crémant, pour répondre à la demande de nos clients. C’est pour cela que les ventes sont tombées de plus de 14 à 12,5 millions de bouteilles. Bestheim dispose de telles ressources alors que tous ses vins ne sont pas valorisés sous ses marques. La fusion serait une opportunité de les développer.
Ce projet suit-il son cours ?
Nos deux conseils d’administration y travaillent toujours. Il y a de nombreux points à traiter et des contraintes réglementaires à respecter. L’objectif reste d’aboutir au premier semestre 2025. Cette fusion réunirait deux coopératives qui ne se concurrencent nulle part, ni en production, ni sur les marchés. Elle a été évoquée pour la première fois au niveau de nos directeurs respectifs en avril 2023. Elle garde pour objectif de constituer une entreprise forte, avec des sites de production spécialisés, qui servira de référence pour le prix du raisin, mieux armée pour conquérir des marchés exports car ce n’est plus seulement en France que nous vendrons notre production.