l aura fallu trois fédérations départementales de Cuma (16-17, 24 et 33-47) et la fédération de Nouvelle-Aquitaine pour réunir 17 exposants le 20 juin au lycée agricole Le Renaudin, à Jonzac, en Charente-Maritime. Thème de la journée : robotique et innovation viticole. Un sujet dont les distributeurs s’emparent activement.
« Nous ciblons l’agriculture de précision, notamment l’autoguidage par hydraulique de Raven », décrit Thomas De Maren, salarié d’Agéo. Cette solution se démarque de l’autoguidage électrique par l’installation d’un bloc hydraulique sur le côté droit de la cabine et par un branchement direct sur l’orbitrol de direction. Pour montrer que son système fonctionne, la jeune pousse est venue faire une démo avec un Case IH 100 F équipé. Rapidement, le conducteur lâche le volant et s’agrippe aux montants de la cabine. Le tracteur, lui, continue de filer droit dans une vigne plantée à 3 m. Démo réussie.
À quelques pas de là, Sodismag présentait un Landini Rex4 110 GT équipé de l’autoguidage Topcon. « On installe Topcon sur n’importe quel modèle de tracteur, prédisposé ou non au guidage », déclare ce distributeur.
À ces solutions s’ajoutent celles des tractoristes Fendt et John Deere présentées par leurs concessionnaires respectifs à savoir Rullier pour le premier et Agrivision pour le second.
Mais pas d’autoguidage sans arpentage préalable des parcelles. À cette fin, Vantage AM présentait la nouvelle canne RTK centimétrique Catalyst de Trimble. « On arpente à pied, présente Renaud Tessier, spécialiste produit. Les tâches visées sont la coupure de tronçon ou des lignes de guidage simples répétables. » Il s’agit donc de relever des tours de parcelles, des bouts de rangs alignés ou quelques rangs entiers plantés au GPS RTK. Une fois l’arpentage réalisé, il suffit de transférer les points GPS que l’on a enregistrés sur la console de guidage du tracteur. L’abonnement annuel comprend 10 heures d’utilisation avec la précision RTK. « Cela suffit pour un domaine de petite taille ou de taille moyenne, de moins de 30 ha. » Le prix 1 500 €, application et abonnement inclus. Plutôt bon marché !
Dans le domaine des robots, les visiteurs ont eu droit à l’une des premières sorties du RX-20 de Pellenc. Cet interligne hybride, thermique et électrique, et à chenilles trônait fièrement en bord de parcelle avec un broyeur à couteaux Nobili TL électrique attelé à l’arrière.
Si le principe d’un moteur diesel fournissant l’énergie électrique pour le robot et ses outils paraît simple, sa mise en œuvre l’est moins. Explications. « Un moteur Perkins 3 cyl. de 25 ch fait tourner une génératrice de 48 V en triphasé, décrit Jérôme Asmar, responsable produit robotique chez Pellenc. Puis un variateur de fréquences permet de charger la batterie. Ensuite, un autre variateur retransforme le courant pour alimenter les moteurs des roues et des outils. »
Et c’est parti pour une démo ! Enfin presque… Faute d’une bonne communication entre la base RTK et le robot, ce dernier ne bouge pas. Il faut redémarrer les deux systèmes. Quelques minutes plus tard, le RX-20 s’élance enfin dans une parcelle plantée à 2,5 m. Il broie le couvert à 2 km/h et fait demi-tour en toute autonomie dans les tournières larges de 4 à 5 m. Jérôme Asmar le pousse alors à 3,5 km/h. Là aussi, tout se passe bien.
Deux autres robots, enjambeurs ceux-ci, sont de la partie. Un Bakus L de Vitibot apporté par Vitidis et un Zilus de Sabi Agri présenté par Agrivision. Le premier est bardé d’outils pour désherber mécaniquement le rang. Il comporte ainsi des disques speedway Belhomme montés sur des boîtiers interceps Reflex et un intercep électrique à lame. « La sensibilité de la lame et celle du palpeur sont découplées pour améliorer le désherbage au passage des piquets », indique le démonstrateur.
Zilus, lui, est équipé de petits doubles disques crénelés et d’interceps électriques Boisselet avec des décavaillonneuses. Mais seuls les versoirs travaillent, car le sol est un peu trop humide. Bakus comme Zilus désherbent bien le rang, avec un léger avantage pour le premier qui ne rate aucune herbe collée aux souches.
Mais une autre qualité les rend particulièrement intéressants en cette saison 2024 très humide. En effet, Bakus est équipé de Trelleborg PneuTrac gonflés à 300 grammes seulement. À la clé, le plus faible tassement possible avec des roues. Zilus effleure lui aussi le sol avec ses chenilles montées d’origine.
En plein boom depuis quelques années, les boîtiers connectés évoluent encore. La preuve avec Samsys, d’une part, et VineView, d’autre part. « À la différence de ses concurrents, outre la gestion de la traçabilité, Samsys peut faire remonter les volumes de bouillie utilisés, les doses, en identifiant et en tenant compte des coupures de tronçons, détaille Jean-Charles Peyrondet, responsable commercial. Le boîtier peut aussi intégrer l’enregistrement de la consommation de GNR. Bref, il fait parler tous les outils ! Tout cela grâce à l’Isobus sur les tracteurs qui en sont équipés. Et si le tracteur n’a pas d’Isobus, on se branche directement sur le débitmètre de la pompe du pulvé. »
Jean-Charles Peyrondet avance que ses boîtiers peuvent aussi servir à la maintenance préventive, à planifier et à facturer l’utilisation des machines. Compter 390 € HT le boîtier plus un abonnement à 26 €/mois.
L’autre boîtier est un nouveau venu : PinPoint RTK de VineView, entreprise connue pour la cartographie des parcelles par observation aérienne. Il s’agit d’un petit boîtier GPS RTK portatif qui permet d’enregistrer des points GPS à 3 centimètres près, « pour identifier puis retrouver des manquants, en vue de tracer une carte de complantation ou encore de suivre la mortalité des ceps au fil des années ». Des annotations sont prévues pour cette sorte de jumeau numérique. Ce petit appareil manuel s’utilise par exemple à pied. Il est étanche et fonctionne sans connexion internet. Il se connecte en réalité à l’application VineView de son smartphone.
Démonstration est faite ce 20 juin : les nouvelles technologies répondent présente pour aider les viticulteurs.
Ça bouge côté distributeurs. À l’image de Chambon qui a créé, avec Terravi, Agéo, une structure dédiée aux nouvelles technos. Active depuis quelques mois seulement et basée à Libourne, celle-ci comprend six personnes et commercialise notamment l’autoguidage Raven, le robot Traxx d’Exxact Robotics et les panneaux de traitement UV Boosting. Le groupe BMA, à la tête des concessions Fendt, Massey-Ferguson et Valtra, n’est pas en reste. Il a créé la structure Samebot basée à La Grimaudière et à Blanzac (Vienne et Haute-Vienne) en janvier pour distribuer de nouvelles technologies. « Nous sommes positionnés sur les autoguidages Trimble et Ag Leader, décrit Sébastien Jossency, commercial de ce nouveau service. Nous vendons aussi les boîtiers Samsys pour la traçabilité des travaux mécaniques. Et, bientôt, nous proposerons la pulvérisation par PWM d’Optima Concept. »