’autoguidage fait ses preuves en Charente. Ce 7 septembre, lors d’une démonstration tenue au lycée de l’Oisellerie, les chambres d’agriculture ont donné la synthèse des résultats d’essais de 8 solutions d’autoguidage : deux par lidar, six par GPS. Avec les premières, pas besoin d’arpentage : le lidar repère les rangs pour guider le tracteur entre eux. Avec les secondes, un arpentage s’impose : il faut d’abord passer dans tous les rangs afin d’enregistrer le cheminement, que le tracteur suivra seul. Autre différence : les premières sont vendues libre d’abonnement, contrairement aux secondes.
Ces tests ont été menés début juillet sur des tracteurs équipé d’outils de travail du sol et que les organisateurs ont confié à des vignerons. Principales leçons : ça fonctionne, c’est confortable, et c’est même très simple d’emploi d’après certains d’entre eux ! Mais attention, tous les guidages par GPS ont dévié du centre du rang au fur et à mesure de leur progression. « Quatre heures après l’arpentage initial, globalement, on n’est plus au milieu, conclut le jury de viticulteurs aidés de conseillers en machinisme, qui a testé les autoguidages. Nous avons même souvent dû reprendre la main (lire l’encadré). »
Malgré cela, les viticulteurs testeurs ont préféré aux solutions de guidage par lidar celles par GPS et RTK, parce qu’elles guident les tracteurs dans toutes les situations, quels que soient l’état et le mode de conduite des vignes. À part le guidage Vantage, tous sont compatibles Isobus, ce qui ouvre la voie à la coupure de tronçons et, pour les guidages par GPS, à la modulation de dose. Voici la synthèse des tests effectués ce 7 septembre, dans l’ordre de présentation des modèles.
« Cet autoguidage n’est pas adapté aux vignes menées en port libre, partage Anne-Marie Vaudon, viticultrice à Échallat, bouilleur de cru et élue de chambre d’Agriculture. C’est bien pour les vignes palissées et jeunes, sans manquants. Mais nous avons réalisé une partie du test en conditions difficiles. Entre manquants et vieux pieds tordus, c’était compliqué pour cette solution, comme pour l’autre lidar que nous avons testé. Ça demande plus de concentration que les guidages par GPS. Il faut s’apercevoir dès que le système décroche, pour pouvoir intervenir rapidement. » Autres inconvénients : « Il n’y a pas de signal sonore lors du désengagement de l’autoguidage, ce qui se produit dès qu’on touche au volant. Il faut donc toujours regarder l’écran ». Points positifs : « La prise en main est facile. Les outils bougent latéralement et compensent parfois la dérive du tracteur ». En effet, le VPA rassemble l’autoguidage et le recentrage automatique des outils. Les outils se relèvent automatiquement en bout de ligne. Système libre d’abonnement annuel à un quelconque réseau.
Guidage lidar, vitesse jusqu’à 7 km/h, volant électrique Raven, capteurs d’angles. Coût : 56 000 € HT, avec lames hydrauliques entre-roues.
« C’est assez simple et intuitif, analyse Jean-Marc Bobe, viticulteur installé à Jurignac, en Charente. Le système reconnaît tout de suite les rangs. La reprise est aisée d’un rang à un autre. L’utilisation du joystick pour bien se recaler est facile. L’écran est très lisible. » L’équipement est compatible avec tous les tracteurs. « En revanche, il faut faire très attention lorsque deux ceps consécutifs sont absents : le tracteur se rapproche du rang. Il faut vigilant. Et je ne conseillerais pas ce système pour les vignes en port libre. En outre, il n’est pas possible d’enregistrer le parcours que l’on suit, pour des passages ultérieurs. » En effet, avec les guidages par lidar, il n’y a pas de géoréférencement. Ces systèmes ne permettent donc pas de retourner à l’endroit où l’on s’est arrêté. « Enfin, ajoute Jean-Marc Bobe, le joystick est un peu trop sensible et occasionne parfois un décalage trop rapide. »
Guidage lidar, jusqu’à 20 km/h, volant électrique. Coût : 15 000 € HT, installation comprise.
« La prise en main est rapide, rapporte Jean-Marc Bobe. Le tracteur suit bien sa ligne. Le transfert de données est bienvenu pour la traçabilité du travail. Le système est fourni avec tutoriels et supports d’utilisation. Le câblage est regroupé, ce qui est super pour utiliser hermétiquement les cabines de classe 4. » Le système est compatible toutes marques. Parmi les points négatifs, le jury estime que « l’écran est peu convivial. Quand on se retrouve devant le rang, il faut effectuer une validation, l’autoguidage ne se déclenche pas de lui-même ».
Guidage GPS et RTK, jusqu’à 24 km/h AV et 9,5 km/h AR, volant électrique, lignes AB ou courbes. Coût : jusqu’à 14 000 €, installation comprise.
« La prise en main est facile, la console est intuitive, on n’est pas stressé en cabine, rapporte Anne-Marie Vaudon. La reprise de ligne est signalée par un bip, c’est confortable. Idem en fin de rang. Car quand l’écran est éclairé par le soleil, c’est compliqué de se repérer. De plus, la correction de trajectoire est facile à réaliser à l’écran. » À l’inverse, « le transfert de ce système d’autoguidage à un autre tracteur semble difficile à envisager, à cause de l’équipement hydraulique nécessaire au contrôle de l’orbitrol de direction. » Enfin, un petit reproche : « La position de l’écran est fixe, on ne peut pas la régler. Or ça peut géner différents chauffeurs sur un même tracteur. Il faudrait que l’écran soit facile à repositionner. »
Guidage GPS et RTK, jusqu’à 42 km/h, bloc hydraulique sur l’orbitrol, lignes AB ou courbes. Coût : environ 22 000 à 23 000 € HT, installation comprise.
« L’écran est très intuitif, décrit Anne-Marie Vaudon. Les icones sont simples et de bonne taille. La prise en main est facile. On se repositionne facilement si l’on voit qu’on est décalé. Il suffit d’appuyer sur un bouton à l’écran. Un bip en bout de rang alerte qu’on en sort. Les couleurs à l’écran donnent une vision claire du travail réalisé. » Le jury aime aussi le fait que l’utilisateur bénéficie de la traçabilité sans abonnement supplémentaire, et que l’équipement est universel : il peut facilement passer d’un tracteur à un autre. En revanche, « lorsqu’un décalage se produit, il n’y a pas l’information à l’écran. Il faut désengager l’autoguidage, se remettre sur la trace indiquée à l’écran, puis réenclencher le guidage ».
Guidage GPS et RTK, jusqu’à 16 km/h, marche arrière possible, volant électrique, lignes AB ou courbes. Coût : à partir de 12 000 €, installation comprise.
« L’écran est intuitif, et escamotable si on a besoin de plus de visibilité, décrit Jean-Marc Bobe. La prise en main est facile. La correction de trajectoire est très souple, on ne se rend compte de rien. On prend instantanément confiance dans le système. Lorsque le tracteur dévie, on se recale sur la ligne à suivre avec le joystick, après quoi l’autoguidage reprend automatiquement, sans validation manuelle. » Une alerte de sécurité est donnée en cas d’absence du chauffeur sur le siège, pour rappeler que l’autoguidage ne dispense pas d’être assis au poste de conduite. Le jury trouve la solution « globalement très aboutie ». Il apprécie son intégration complète au tracteur, qui le rend impossible à voler. La conséquence étant évidemment que « ce guidage n’est pas transférable sur un autre tracteur ». Également au registre des reproches : « De base, l’écran est fixé trop haut, au plafond. Et il n’y a pas de bip pour signaler qu’on arrive en bout de rang. »
Guidage GPS et RTK, jusqu’à 25 km/h, double orbitrol électrohydraulique, lignes AB, courbes, intermédiaires ou indépendantes. Coût : de 8 000 à 10 000 € HT.
« C’est une technologie facile à transférer d’un tracteur à un autre, et libre d’abonnement, apprécie David Moreau, viticulteur à Segonzac. Le système est intuitif. La correction de trajectoire est visible à l’écran. En cas d’écart, la ligne virtuelle de guidage est reprise de façon automatique. » Toutefois, « la reprise automatique du rang manque de précision et est trop réactive : le volant donne des coups violents », nuance le jury. Ce dernier note une absence de capteur d’angle. « L’absence de gyroscope créé une compensation constante par défaut. » Il regrette aussi l’absence d’un signal d’activation du guidage. De plus, « il y a beaucoup de câbles, qui ne sont pas bien regroupés. Et il n’y a pas de remontée de données pour la traçabilité des travaux. »
Guidage GNSS, GPS et RTK, jusqu’à 20 km/h AV et 3 km/h AR, volant électrique, lignes AB ou courbes, centrale inertielle pour mesurer le dévers. Coût : 5 500 € HT.
« La prise en main est facile et la confiance rapidement acquise, déclare le jury. L’indication colorée de la progression est automatique. Un signal sonore se fait entendre 15 m avant la fin du rang. Le système est compatible avec toutes les marques de tracteur. » En outre, les données sont sauvegardées automatiquement toutes les 20 minutes, moyennant l’abonnement au logiciel Farmecore (600 €/an). Parmi les points négatifs, « la licence onéreuse, l’absence de capteur d’angle, et un message de sécurité apparaissant toutes 30 minutes qu’il faut valider, faute de quoi l’autoguidage se désactive ». Le jury pointe aussi du doigt l’ergonomie du recentrage manuel, trop complexe. « Il faut aller chercher un sous-menu sur l’écran pour se décaler de 2 cm vers la droite ou vers la gauche. »
Guidage GPS et RTK, jusqu’à 25 km/h, volant électrique, lignes AB ou courbes. Coût : à partir de 23 000 € HT.
Ce multitest autoguidage inédit en vigne a permis d’évaluer la précision et la répétabilité des guidages. Dans ce but, les organisateurs ont mesuré la distance entre les piquets et l’extérieur des roues lors de l’arpentage puis en autoguidage, dans le cas des guidages GPS. La même mesure a été effectuée 4 heures après l’arpentage initial. Résultat : avec seulement 5 % des mesures qui s’écartent de plus de 8 cm du trajet à suivre et 45 % de moins de 2 cm, le système propre à Fendt arrive premier du panel. Raven, puis John Deere, complètent le podium. À l’autre bout du classement, les systèmes de guidage par lidar de Braun et Vantage obtiennent les moins bons résultats : plus de 50 % des mesures révèlent des écarts de plus de 8 cm entre deux passages. Farmtek a présente aussi des mesure pour plus de la moitié dans cette catégorie. L’organisation n’a pas encore eu le temps de déchiffrer les dérives constatées au bout de quatre heures de conduite, dérive seulement mesurable pour les systèmes basés sur le GPS.