ls ne veulent pas de double peine pour les exploitations certifiées Haute Valeur Environnementale (HVE) qui ont la malchance d’avoir des vignes en zone délimitée de lutte contre la flavescence dorée : contraintes à des traitements supplémentaires obligatoires, elles sont pénalisées dans leurs Indices de Fréquence de Traitement (IFT). En 2023, les vignerons et vigneronnes des Organismes de Défense et de Gestion (ODG) de Bourgueil et de Saint-Nicolas-de-Bourgueil se sont mobilisés sur le sujet : avec le soutien de la Confédération des Vignerons du Val de Loire (CVVL), ils ont demandé à la Direction Régionale de l'Agriculture et de la Forêt d'Aquitaine (Draaf) et au préfet du conseil de bassin que le calcul de l’IFT en HVE pour les exploitations concernées prenne en compte ces traitements obligatoires au pro rata des surfaces en zone délimitée. Sans obtenir gain de cause à ce jour… Mais l’administration fait un geste : « Le dispositif HVE permet d'obtenir des points dans le cadre de la surveillance sanitaire. Nous pouvons délivrer des attestations aux viticulteurs concernés », indique la Draaf Centre Val de Loire. Dans le Maine-et-Loire, où la flavescence est présente dans le Saumurois, les vignerons peuvent aussi bénéficier de cette mesure pour la prospection individuelle ou collective.


« C’est une bonne chose le sens où cela préservera les certifications HVE. Mais le nombre de points n’est pas très significatif et surtout, c’est une aberration des services de l’Etat : la prospection donne des bons points pour l’IFT, alors qu’il s’agit de deux choses bien différentes », estime Vincent Delanoue, vice-président de l’ODG Bourgueil. Il annonce que l’ODG maintient sa demande sur l’IFT. « Ce ne serait pas une dérogation ni un passe-droit. Il en va de la crédibilité de la HVE3. Dans la région, l’IFT de référence retenu pour la HVE est déjà assez bas [NDLA : 9,2 en 2019] car nous avons agi pour réduire les traitements. Cela ne nous laisse pas beaucoup de marge de manœuvre ». A Saint-Nicolas-de-Bourgueil, « l’ODG souhaite toujours un calcul de l’IFT prenant en compte les traitements pour les vignerons en HVE 3, de concert avec l’ODG Bourgueil », indique Alexandra Genneteau, directrice de l’ODG.
Sur le terrain, des organismes certificateurs pour la HVE passeraient sous silence les traitements contre la flavescence dans le calcul de l’IFT. « Nous avons été les premiers en France à interpeller les pouvoirs publics en mettant ce sujet sur la table, comme la question des vignes de particuliers dans le dispositif de lutte anti-flavescence », souligne Vincent Delanoue.
Les ODG de Bourgueil et de Saint-Nicolas n’ont en revanche pas souhaité rendre obligatoire le nettoyage des engins viticoles par arrêté préfectoral, comme c’est le cas en Champagne en période d’écimage. Pourtant, selon la Draaf, la majorité des nouvelles contaminations sur le Bourgueillois sont liées au transport involontaire de cicadelles porteuses de la maladie. « Un vigneron pointilleux en a découvert dans le filtre à air de son tracteur ! Elles peuvent se loger partout, cela peut arriver au meilleur d’entre nous, commente Vincent Delanoue. Nous recommandons à tous de bien nettoyer les engins, mais nous n’avons pas souhaité une obligation par arrêté préfectoral. Nous ne voulons pas de suspicions entre nous ». A Saint-Nicolas-de-Bourgueil, indique Alexandra Genneteau, le nettoyage des tracteurs et outils « relève des bonnes pratiques que nous demandons aux vignerons, dans le cadre des mesures de prévention appliquées en bonne intelligence, sans ‘flicage’ ».