a chambre d’Agriculture de Gironde a fait ses comptes. Les orages de grêle des 18 et 19 juin ont endommagé 2 000 hectares dans le nord du Médoc, et 3 500 à 4 000 hectares dans le Libournais (voir cartographie ci-dessous). « Hormis retailler pour limiter le nombre de bourgeons et aider la vigne à refaire du bois, sur le plan technique, il n’y a souvent plus grand-chose à y faire », regrette Etienne Laveau, qui a participé au recensement des dégâts. Présent aux réunions initiées par les syndicats de Fronsac et de Lalande-de-Pomerol deux jours après l’évènement, le conseiller viticole a encouragé les viticulteurs sinistrés à activer les différents dispositifs d’aides et à ne pas se laisser berner par certains acteurs de la distribution. « Protéger la vigne à grosses doses de produits phytos et lui apporter des engrais foliaires alors qu’une bonne partie du feuillage a disparu est inutile » a-t-il insisté.
« A Lalande-de-Pomerol, où la moitié des parcelles sont ravagées à 80 ou 100 % et le reste à au moins 50 %, nous avions aussi conviés le sous-préfet de Libourne, la DDTM et la MSA » rapporte Xavier Piton, président de l’ODG et propriétaire du château Belles-Graves, dans la commune voisine de Néac, où les pertes s’échelonnent entre 30 et 70 % sur un tiers des parcelles. Les 80 vignerons présents ont été déçus. « Nous n’avons obtenu que des mesurettes, comme des reports d’échéances », indique-t-il.


Les sinistrés ont également eu la confirmation que les franchises des assurances resteraient calculées à l’exploitation, et non par appellation. « Donc quelqu’un qui a 4 ha à Lalande-de-Pomerol détruits à 100 %, 4 ha à Montagne, 2 ha à Saint-Emilion et un peu de Bordeaux de l’autre côté de la Dordogne va se retrouver en deçà du seuil et ne rien toucher ou presque », résume Xavier Piton, qui a entendu plusieurs confrères dire qu’ils ne se donnerait même pas la peine de monter des dossiers pour toucher trois francs six sous à la fin de la procédure. « Psychologiquement, c’est aussi trop dur d’en être réduits à la mendicité, alors qu’historiquement nous sommes dans un secteur plutôt privilégié » explique le président.
D’une violence inédite, l’orage a compromis les deux prochaines récoltes. « Et depuis la météo peine à revenir au beau et le mildiou commence à sortir à tire-larigot. Nous n’avions pas besoin de ça, alors que nous vivions déjà depuis 2017 une succession de millésimes compliqués, avec du gel, de la sécheresse, du mildiou, et qu’il nous manquait l’équivalent de deux vendanges. Les chais sont presque vides. Les paysans ont beau avoir de la ressource, je crains un gros contre-coup psychologique au moment de la récolte, ou plutôt de la non-récolte, anticipe Xavier Piton. Nous allons faire le maximum pour apporter un soutien à ceux qui en ont besoin ».
Les équipes de la Chambre d’Agriculture sont à pied d’œuvre pour caractériser plus finement l’étendue et l’intensité des dégâts. Image : CA 33.
Secteur du Médoc.
Secteur du Libournais.