l fait encore le plein. Malgré les menaces orageuses, au sens strict comme au figuré – le secteur des agroéquipements souffre aussi en Italie – les visiteurs et les exposants sont au rendez-vous de cette 18ème édition d’Enovitis in campo, qui s’est déroulée ces 12 et 13 juin dans le domaine valloné Agrivar di Palazzo di Varignana, à Castel San Pietro Terme, situé à un jet de pierre de Bologne. Plus de 6000 visiteurs, dont Vitisphere, se sont pressés autour d’une centaine de tracteurs en mouvement dans des rangs bien pentus. Et ce qui saute aux yeux, c’est bien la curiosité, l’appétence et l’intérêt des producteurs italiens et étrangers pour les technologies, notamment l’automatisation.
Si le déjà bien connu, et plus italien des robots français que jamais, Bakus de Vitibot, désormais dans l’escarcelle du groupe Same Deutz-Fahr, c’est l’italien Black Shire qui fait le show. Le Piémontais amène pas moins de 5 modèles, chacun équipé d’outils différents. Le modèle qu’il fabrique, RC 3075, possède un moteur thermique de 75 ch qui alimente une génératrice. De là sont proposés des asservissements électriques et hydrauliques. Avec une consommation moyenne de 6 l/h, il procure une autonomie moyenne de 10 à 12h de travail avec un plein. Ce robot équipé de larges et puissants trains de chenilles, est plutôt adapté aux pentes.
Chaque chenille est entraînée par un servomoteur électrique synchrone brushless. Selon Black Shire, cela offre l'avantage de meilleur rendement et gestion du couple et de la vitesse de rotation comparé aux systèmes hydromécaniques. Sont attelés ici à l'avant d'un des robots des panneaux d’UV Boosting deux rangs complets. Une autre démonstration montre un pulvé trainé Dragone à panneaux récupérateurs deux rangs complets et posé sur trains de chenilles. Et une autre encore avec de la tonte Dragone. Les ingénieurs transalpins ayant rendu particulièrement compatible leur robot à chenilles avec ce dernier fabricant. « Exactement 39 robots ont déjà été fabriqués et 10 vendus, nous déclarent les représentants de Black Shire sur le salon. Le robot, dans sa version 1,35 ou 1,7 m de large, est vendu environ 250 k€ ».
La promesse Field robotics se concrétise. Après avoir plusieurs fois présenté son robot, cet acteur lui aussi italien montre en dynamique l’une de ses unités Hammerhead FR01. Electrique, le robot parvient à animer une prise de force pour un broyeur Nobili. Le robot est aussi présenté comme plateforme suiveuse pour fournir l’électricité à une bineuse manuelle. Field robotics démarre aussi la production de ses propres outils avec un disque de tonte intercep alimenté électriquement. Mais il n'est pas monté sur le robot lors d'Enovitis. Enfin la start-up dévoile l’un de ses projets en cours : le développement d’une compatibilité avec un pulvérisateur Martignani. Pour l'heure, Field Robotics dit avoir vendu 3 modèles de pré-séries. La première série est prévue l’hiver prochain à un prix unitaire d’environ 100 k€.
Côté tracteur, c’est Landini qui innove avec la présentation et le lancement du Rex 4 GT Dynamic. Le constructeur propose sur ce modèle semi-powershift et avec accoudoir solidaire du siège une option d’aide au guidage. Un pas de plus vers l’autoguidage et l’automatisation du tracteur. Landini truffe son tracteur de capteurs devant reconnaître « le mur de végétation », au niveau du capot, des montants de cabine et des ailes arrière, ainsi qu’un radar sur le toit. « Le but est de détecter des obstacles et de guider le tracteur droit dans le rang, explique Landini sur son stand. C’est de proposer une aide au guidage pour que conducteur puisse se concentrer sur les outils. In fine nous pourrons proposer de l’autoguidage ».
Autre innovation, celle de Cobo. Ce poids lourd de l’équipement « off road » se diversifie et se dit capable d'équiper en autoguidage n'importe quel tracteur de l’exploitation. Il apporte pour cela plusieurs technologies, regroupées sous le nom de concept e-VLN, pour Vision Lane navigation, devant permettre un guidage automatique du tracteur promis sans radar, sans LiDAR, sans GPS. Mais il s’agit tout de même d’équiper le tracteur en seconde monte. Les capteurs et matériels mobilisés sont ainsi des caméras extérieurs, un écran en cabine, un volant électrique, un capteur d’angle et des unités centrales informatiques. A l'extrême, Cobo parle de pemrettre à tout type de tracteur de devenir un robot.
Cette fois, nous n’avons pas pu voir la démonstration. Trop d’électricité dans l’air. Les exposants doivent plier. L’orage gronde au loin. Plus qu’à espérer un prochain éloignement des nuages noirs stagnant au-dessus de l’économie viticole et de celle des équipements.