Les résultats observés aujourd’hui vont changer, les performances des robots vont évoluer dans les prochaines années ». C’est avec cet avertissement que Christophe Gaviglio, ingénieur d’expérimentation à l’Institut français de la vigne et du vin (IFV), a donné ce mardi 14 mai es résultats obtenus d’après l’usage de différents robots viticoles en situation de désherbage mécanique. Intervenant lors du webinaire "Panorama des alternatives aux herbicides"*, l'expert fait le point sur des indicateurs de performances de robots que son institution a pu relever et renseigner sur différents modèles, dans différents contextes de densité de plantation, de taille de parcelles etc. Et ces résultats constituent de premières références étonnantes.
A commencer par la vitesse réelle d’exécution des travaux par les robots, entre 3 et 4 km/h. « Ce qui est pas mal, commente l’ingénieur de l’IFV. Mais des problématiques de sécurité les empêchent d’aller au-delà ». Surtout, ces vitesses sont au-dessus de celles observées lors des démonstrations publiques de désherbage mécanique des robots. Ce qui est rassurant car de plus faibles vitesses – hors décavaillonnage – témoignent souvent lors de ces journées de désherbages peu efficaces.
Les temps de demi-tour observés sont, eux, très disparates. « Les temps moyens de demi-tour des robots en bout de rang vont de 16 secondes à 27 secondes et 1 minute. C’est variable, en fonction des modèles. C’est aussi dépendant des largeurs de plantation, de tournières et de la définition du trajet sur les cartes ».
Face aux critiques plutôt répandues d’arrêts intempestifs répétés des robots, un éclaircissement important est fait sur ces arrêts involontaires. L’IFV relève que les observations tendent vers un temps moyen d’immobilisation de 10 % du temps total d’usage. C’est-à -dire que sur 100 heures, un robot cumule en moyenne dans les 10 d’heures d’arrêts non prévus, soit à cause d’une panne de signal, ou d’une alerte de sécurité, etc.
Le rendement au travail est aussi précisé par l’IFV. En vigne large, plantée à plus de 2 m, il faut au robot 2h30 pour travailler un hectare. En vigne étroite, plus dense, il lui faudra en moyenne 6h pour couvrir un ha. Des temps légèrement supérieurs à ceux exécutés par un tractoriste. Mais pas aussi longs qu'on aurait pu le croire.
La dépense énergétique a aussi été évaluée. D’après les résultats obtenus, « un robot consomme 5 kWh/ha. C’est très bas comparé aux tracteurs, qui consomment dans les 5 l/ha pour le même travail ». L’évaluation a porté sur 1h10 de travail, manÅ“uvre, transport et pauses. Pour 0,44 ha, la batterie du robot n’a été entamée qu’à 10 % de sa capacité de 26 kWh.
Aussi, la conclusion de l’IFV est que le défi pour l’essor de l’utilisation des robots dans le désherbage mécanique des vignes est d’abord le prix. « Le robot est efficace, il consomme moins, il est plus léger, il prend moins de temps à l’exploitant, c’est une solution, mais c’est encore cher pour les professionnels ».
Deuxième défi, la sécurité. « Ça ne devrait pas être un frein en termes de performance de vitesse des robots. Et puis plus il y a de capteurs, plus il il y a du développement et plus le prix grimpe ».
Enfin l’IFV identifie un troisième défi pour les robots, le transport entre les parcelles et la supervision par les utilisateurs, liés à la sécurité. Là , une expérimentation nationale débute pour vérifier les conditions de sécurité en traversées de voies pour les robots en mode autonome.
Autant dire qu’entre tarifs et simplification, le robot évulue pleinement dans son temps.
* : à l'occasion du " chapitre 3 ; les robots : une alternative robuste pour le contrôle des adventices ?"