024 pose une question de vigne ou de mort économique dans de nombreux territoires français. Si les problématiques de surproduction/sous commercialisation/dévalorisation des vins de Bordeaux, du Languedoc et de la vallée du Rhône sont bien identifiées par les pouvoirs publics, il semble qu’il y ait un sacré trou dans la raquette avec le manque d’écoute dont se dit victime le Lot. Faisant face à une véritable escadrille d’ennuis climatiques (4 gelées, du mildiou et de l’échaudage depuis 2017), à laquelle s’ajoutent les enjeux de la transition écologique (notamment en cas de forte pression phytos), ou le défi du renouvellement de générations d’exploitants (la concentration des domaines supplante les installations), le Lot se trouve au même croisement des risques et opportunités que le reste du vignoble français. Mais parmi les bassins spécialisés dans le vin rouge, Cahors a la particularité de manquer de production à cause des aléas, ce qui sape sa capacité à financer son adaptation au changement climatique et à préserver sa production... Un cercle vicieux qui pourrait laisser un grand nombre d’opérateurs sur le carreau.
La grogne montant face à l’impression d’être laissé pour compte, Cahors semble être au bord de l’implosion. A défaut d’une mobilisation des pouvoirs publics à la hauteur (en témoigne le cas d’école du sous-dimensionnement du fonds d’urgence), l’intelligence collective permet cependant des réflexions poussées au sein des syndicats et de l’interprofession pour s’en sortir : investir dans la lutte antigel, améliorer les profils produits, développer la présence numérique… Manque la main tendue pour relever un vignoble qui se sent de plus en plus à terre. Si les défis à relever sont nombreux, leur traitement rapide permettra de remettre sur selle une filière d’avenir dont l’état ne peut aller qu’en s’aggravant faute de remèdes. Il y a d’autant plus urgence que « la difficulté de réussir ne fait qu'ajouter à la nécessité d'entreprendre » écrit Beaumarchais dans le Barbier de Séville.