e la mission parlementaire sur Egalim au projet de loi écologiste sur les prix planchers, la question du juste prix agricole reste au cÅ“ur des préoccupations politiques, au lendemain des manifestations paysannes du cÅ“ur d’hiver et à la veille des élections européennes de cette fin de printemps. La crise commerciale pesant sur les vignobles rouges (Bordeaux, Langedoc, Rhône…), un outil de régulation du prix de base s’appuyant sur Egalim commence à y faire consensus : les viticulteurs espérant pouvoir vivre décemment de leur travail et investir dans l’avenir (de leur outil de production, mais aussi du potentiel la transmission), les négociants rêvant ne plus avoir à pinailler le moindre centime (et craindre de signer des contrats condamnables par le justice, faute de proposer des prix décents…), les distributeurs se projetant sur un terrain de jeu où le plancher tarifaire sera le même pour tous les concurrents (et où le consommateur ne jouera pas au plus petit prix… peut-on espérer).
Si ce n’est la remise en cause par les courtiers, on pourrait croire que la juste rémunération de tous les échelons de la filière devient une lapalissade… Mettons ce nouveau truisme du partage de valeur entre tous les échelons sur le compte de la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Désormais, il faut agir vite pour sauver ce qui peut encore l’être dans des vignobles aspirés par la spirale de dévalorisation : le cercle vertueux d’une marche en avant des prix demande la mobilisation de la filière pour faire évoluer la réglementation existante à ses spécificités (indicateurs collectifs, part individuelle, etc.). En rentrant dans Egalim, certains peuvent craindre que la filière se dissolve encore un peu plus dans les cadres agroalimentaires, mais d’autres y voient une simple question de survie alors que les signes de qualité ne suffisent plus à construire le prix du vin (et maintenir celui du foncier).
Tous les vignobles ne sont évidemment pas intéressés par un outil Egalim, le haut du panier n’ayant aucun intérêt à chiffrer sa valeur ajoutée immatérielle. Mais pour ceux y voyant un levier de revalorisation, il y a toujours la question de ne pas se prendre les prix dans le plancher en mettant des fondations de valorisation, pas un plafond de prix. Ce qui est loin d’être egalimentaire mon cher Watson.