e consentement à payer un vin change-t-il en fonction du sexe du producteur ? "Prix du vin : les consommateurs veulent payer moins cher les bouteilles produites par des femmes" titre Libération. "Vigneron·nes : des biais sexistes jusque dans l’achat de la bouteille de vin" renchérit Causette. Quitte à tirer sur les résultats d'une étude. L’école Kedge de Bordeaux a mené une enquête en ligne auprès de 1 500 consommateurs belges et français en leur présentant au hasard soit une bouteille témoin étiquetée sans nom de vigneron, soit une étiquette mentionnant un certain « Georges Cadieux », soit « Nathalie Panetier », soit une bouteille avec une étiquette dotée d’un logo « Vignerons indépendants », ou d’une vignette « Fémivin », « pour qu’ils s’imaginent que le vin avait été produit par un groupe de femmes » précise Florine Livat, professeure d’économie.
Après avoir répondu à quelques questions permettant d’évaluer leur niveau de connaissance en matière de vin, les consommateurs ont dû noter de 1 à 5 l’idée qu’il se faisait de la qualité du vin qui leur était présenté et indiquer de 0 à 100 € la somme qu’ils auraient été prêts à dépenser pour en acheter une bouteille. « En moyenne, les consommateurs à qui nous avons présenté la bouteille ornée d’une vignette "Fémivin" ont mis 1,17 € de moins que ceux mis face à la bouteille témoin, dévoile Florine Livat. Le consentement à payer a même baissé d’1,4 € quand les répondants étaient des hommes ».
En revanche, la disposition à payer de l’ensemble des consommateurs n’a pas varié pour les étiquettes indiquant un vin vinifié par un producteur, que ce soit un viticulteur ou une viticultrice. « La mention d’un nom de viticulteur est perçue comme une preuve d’authenticité, d’un travail d’artisan, peu importe qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme » explique la professeure.
Si les stratégies collectives sont légion dans la filière vitivinicole, avec des communications sur une appellation, sur une région, ou un groupement tel que les vignerons indépendants, le consommateur n’a pas encore l’habitude des initiatives de vigneronnes comme « Women do wine ». « Cela peut être vu comme de l’activisme, presque comme une revendication politique, même si c’est faux » interprète Florine Livat, faisant le pari que cette vision déformée de la réalité changera avec le temps.