e plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures (Parsada) est en marche. Doté d’un budget de 146 millions d’euros pour 2024 « Il a pour objectif de donner de la visibilité aux agriculteurs sur les produits phytosanitaires qu’ils risquent de ne plus pouvoir utiliser dans les années à venir, de pointer quels sont les usages qui seraient menacées et quelles alternatives pourraient être mises en œuvre afin de booster la recherche », a expliqué Loïc Agnes du ministère de l'agriculture, lors de la journée réglementation organisée par Végéphyl à Paris, ce 13 mars. Dans le cadre de ce plan, huit groupes de travail ou task forces « filières » ont été mise en place. L’un concerne la vigne.
Au total, selon les experts 75 matières actives seraient sur la sellette. En vigne, pour les fongicides, il s’agit du tébuconazole, du difénoconazole, de la pyraclostrobine, de l’azoxystrobine, du fluopyram, de la spiroxamine, de fluxapyroxad, du boscalid, du fluopicolide, du cymoxanil, du dithianon, du folpel, du cuivre, du métirame (sachant que pour ce dernier c’est déjà plié). Pour les insecticides, la lambda-cyhalothrine, le spinosad, l’etofenprox, l’émamectine, le spinetoram, le tau-fluvalinate figurent sur la liste. La task force viticulture a donc identifié quatre usage critiques. Le premier est le black-rot. « Le black-rot augmente dans les vignobles et il y a un fort risques de pertes d’usage pour les IDM, les strobilurines et les matières actives de contact qui sont la base de la lutte. Si l’ensemble de ces matières actives sont interdites, ne restera que le cuivre pour lutter contre la maladie et il est lui-même sur la liste. Les vignerons à l’avenir n’auront plus aucune matière active à leur disposition », a détaillé Eric Chantelot, de l’IFV. Le deuxième usage est le mildiou, une maladie majoritaire qui concerne tous les vignobles et qui peut engendrer des dégâts importants comme ce fut le cas en 2023. Or aujourd’hui en conventionnel la stratégie repose sur des associations entre des molécules de contact et des unisites. Mais en cas de perte des matières actives de contact multisites associé à une réduction du nombre d’unisites, « les résistances vont augmenter », a alerté Eric Chantelot. Et en bio, la lutte repose sur le cuivre qui figure sur la liste.
Troisième usage critique : la flavescence dorée. Aujourd’hui la lutte obligatoire repose sur le recours aux insecticides de la famille des pyréthrinoïdes. Et beaucoup sont menacés. « Si des résistances à cette famille apparaissent. Les vignerons n’auront plus de solutions », a pointé Eric Chantelot.
Dernier enjeu : le désherbage. « Il est indispensable de maintenir un usage vigne pour le glyphosate aux conditions de restrictions actuelles », a insisté le spécialiste. Soit une application sous le rang et une limitation à 450 g/ha/an.
Le 18 décembre 2023, a eu lieu un appel à manifestation d’intérêt (AMI). Et à ce jour toutes filières confondues, 106 lettres d’intentions (ou projets) ont déposées. Et 14 plans d’action ont d’ores et déjà été validés. Dont celui de la vigne. Celui-ci comprend 4 axes. Le premier axe vise à améliorer la connaissance de la biologie du mildiou et du black-rot, à développer un réseau d’épidémiosurveillance de la vigne et d’étudier l’incidence du retrait des usages. Dans le deuxième, il vise à trouver des solutions pour maintenir le cuivre à dose réduite, à construire des OAD innovants et à développer des variétés résistantes. Dans le troisième il vise à concevoir de nouveaux systèmes de production et d’étudier le lien entre l’environnement de la parcelle et l’épidémiologie. Pour finir, le quatrième vise à transférer et déployer les alternatives auprès des viticulteurs. Ce plan se traduit par la mise en place du projet SAVOIR issu d’un partenariat entre l’IFV, l’Inrae et les interprofessions. Il comprend un volet épidémiologie, avec notamment l’étude de la dynamique spatio-temporelle de l’inoculum du mildiou et du black-rot. Il intègre aussi un volet variétés résistantes, avec notamment un suivi de la durabilité de la résistance au mildiou, la création de nouveaux géniteurs et l’identification de nouveaux gènes de résistances au black-rot par exemple. Pour finir, il comprend la mise en place de référents régionaux Parsada à l’image de ceux qui ont été mis en place dans le cadre du PNDV (plan national dépérissement du vignoble).
Un autre projet appelé PARICI cible la filière bio. Il est porté par l’Itab et concerne plusieurs filières dont la vigne. Il porte sur les enjeux d’utilisation du cuivre. « L’idée est de retravailler sur les formes de cuivre, leur lessivage. Un projet de thèse au CNRS est en cours », a expliqué Eric Chantelot.
En parallèle, en vigne, plusieurs lettres d’intention ont été déposées. La première porte sur le projet Autopulvé dont l’objectif est de créer une plateforme d’expérimentation avec des traitements automatisés avec une rampe fixe. Cette plateforme permettra de tester les biocontrôles. Une deuxième lettre d’intention porte sur le projet Labovigne dont l’objectif est de mettre en place un réseau de plateformes d’essais thématiques dans chaque région. Une troisième lettre porte sur le projet Resisteff dont le but est d’effectuer des monitorings de la résistance au mildiou et d’évaluer l’impact de stratégies de traitements sans produits de contact sur l’évolution des résistances ; La dernière lettre concerne le projet Biovistim qui vise à évaluer l’efficacité de stratégies couplant du biocontrôle et des biostimulants.