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"Leurs questions nous challengent", des vignerons heureux de former des jeunes
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Apprentissage
"Leurs questions nous challengent", des vignerons heureux de former des jeunes

L’apprentissage bénéficie d’un regain d’intérêt depuis quelques années. En viticulture, il a toujours été actif. Témoignages de vignerons heureux de former des jeunes.
Par Aude Lutun Le 18 mars 2024
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Frédéric Penne avec ses deux apprentis Océane de Félicés et Raphaël Oddon. « J’apprécie de leur montrer comment on reçoit les clients, de les impliquer sur toute l’exploitation, commente le vigneron basé à Sainte-Cécile-les-Vignes dans le Vaucluse - crédit photo : DR
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 Cela fait vingt ans que j’ai des apprentis sur mon exploitation, témoigne Frédéric Penne, vigneron à Sainte-Cécile-les-Vignes, dans le Vaucluse. Ce tutorat nous évite de nous enfermer. C’est rafraîchissant. On a l’impression de rester jeune ! » Ce viticulteur exploite 30 ha de vignes et commercialise 30 % de sa production en bouteilles, soit 18 000 à 20 000 cols par an. Il a deux apprentis sur son domaine : Raphaël, 20 ans, et Océane, 19 ans, tous deux élèves en bac pro vigne et vin au lycée viticole d’Orange. « Ils ne sont pas du milieu viticole, mais ce sont des ruraux, précise Frédéric Penne. C’est mon salarié permanent, qui travaille ici depuis trente ans, qui les forme. Ils apprennent les bases au lycée viticole et, chez nous, c’est le champ d’application. » Le plaisir de transmettre est très important. « J’apprécie de leur montrer comment on reçoit les clients, de les impliquer sur toute l’exploitation, commente Frédéric Penne. Il y a des jeunes qui reviennent nous voir de temps à autre, cela nous fait plaisir ! Certains reviennent ponctuellement en tant que saisonniers. »

Un tutorat "rafraîchissant"

Transmettre, c’est également ce qui anime Valentine Tardieu, directrice du Château La Verrerie, dans le Vaucluse. Cette œnologue est maître de stage de Quentin, un jeune Provençal issu du milieu agricole qui est en bac pro au lycée viticole d’Orange. Le responsable de production est son tuteur et il est formé pour le travail manuel par un autre salarié. Quand il est arrivé en août 2023, il n’avait que 16 ans. Accueillir un mineur génère quelques obligations. « Il y a une déclaration de dérogation à déposer à l’Inspection du travail, il faut veiller à ce qu’il ne fasse pas plus de 35 heures par semaine et qu’il ne travaille pas la nuit, résume Valentine Tardieu. Ce n’est pas très compliqué et, avec une quinzaine de permanents, nous sommes habitués à gérer les contraintes. L’essentiel, c’est qu’il est très motivé ! » Elle apprécie d’avoir le regard d’un jeune sur son exploitation. « Ses questions nous challengent, témoigne-t-elle. Elles peuvent porter sur notre organisation, le mode de taille, les bennes utilisées lors des vendanges, etc. En y répondant, on se rend compte qu’on pourrait parfois agir différemment. » Valentine Tardieu souligne qu’il est important que le jeune perçoive que son maître de stage est également investi dans sa scolarité et qu’il est là pour répondre à ses questions sur les cours. Elle le fait participer aux formations au même titre que les autres salariés. Il a ainsi suivi une formation sur la taille douce et sur l’ébourgeonnage.

Un regard neuf sur l'exploitation

En Alsace, c’est une jeune exploitante, installée depuis dix-huit mois, qui est maître d’apprentissage. Romane Dirringer, viticultrice à Dambach-la-Ville (Bas-Rhin), exploite 18 ha et commercialise 40 000 à 50 000 bouteilles avec ses parents. Ses deux apprentis ont des profils atypiques. Ils sont tous les deux en reconversion et étudiants au lycée viticole de Rouffach (Haut-Rhin). Inès, 26 ans, est en BTS viti-œno après avoir travaillé dans la restauration. Philippe, 27 ans, suit une formation de tractoriste après avoir été commercial dans le vin. « Le fait qu’ils soient en reconversion présente l’avantage qu’ils sont plus matures, explique Romane Dirringer. Ils ont déjà travaillé et sont motivés. C’est intéressant d’échanger sur ce qu’ils apprennent pendant les cours. Leurs questions ou leurs remarques nous font voir ce que l’on ne voit plus. »

Des questions et remarques pertinentes

L’apprentissage peut également porter sur la vente. C’est ainsi que Romain, étudiant en master commercialisation à Bordeaux, est en alternance chez Sandrine Girardin, viticultrice à Mancy, dans la Marne. Arrivé sur l’exploitation en octobre 2023, Romain l’a accompagnée au salon Wine Paris et s’occupe du suivi des contacts. « Il fait actuellement du phoning auprès de ceux qui ne répondent pas à nos mails, décrit Sandrine Girardin. Nous allons nous déplacer tous les deux auprès de nos prospects. Avec Romain, tout se passe bien. Il est dynamique et à l’écoute. »

L’apprentissage est souvent une formule gagnante pour les deux parties. Reste qu’il manque des apprentis. « Il faut que la profession se mobilise pour mettre en lumière ses salariés et pas seulement ses vins, conseille Philippe Bavois, responsable du pôle viticole du CFAA de Rouffach, dans le Haut-Rhin. On parle toujours du viticulteur, mais pas des salariés. Auprès du grand public, c’est donc une image qui n’existe pas. Et quand on a un jeune devant nous, il faut lui parler du travail de la vigne et de la vie au grand air. »

3 à 5 % d’échec

Pendant les 45 premiers jours de travail sur l’exploitation, les deux parties peuvent rompre le contrat d’apprentissage. « Passé ce délai, il faut qu’il y ait un accord entre eux pour mettre en place une rupture amiable, précise Philippe Bavois, responsable du pôle viticole du CFAA de Rouffach. Il n’y a pas de préavis ni d’indemnité. En général, la rupture se déroule au début. Il arrive qu’un jeune s’aperçoive qu’il n’est pas fait pour ce métier ou que l’ambiance de l’exploitation ne lui convienne pas. Parfois, certains employeurs tardent à les payer ou leur font faire trop fréquemment des heures supplémentaires, ce qui peut mener au départ de l’apprenti. D’autre fois, c’est le saisonnier qui manque d’implication. » Pour Philippe Bavois, comme pour son confrère Frédéric Herrada, responsable de la formation par apprentissage au lycée viticole d’Orange, les échecs sont rares. Tous deux les évaluent entre 3 et 5 % des contrats signés.

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