En 2020, quand j’ai reçu le dossier de la SAQ pour exporter des vins au Québec, j’ai décidé de me faire aider, témoigne Nicolas Perrault, vigneron à Dezize-lès-Maranges en Saône-et-Loire. Je ne me suis pas senti apte à remplir correctement et rapidement ce dossier. Alors j’ai contacté Alo Viti.» Basée à Chagny, à une dizaine de kilomètres de chez lui, cette entreprise réalise toutes les tâches administratives et déclaratives des vignerons. Elle les accompagne aussi dans les certifications, le développement à l’export et l’élaboration de leur stratégie marketing.
«Nous sommes spécialisées dans les obligations déclaratives pour les Douanes, les certifications ou encore la réalisation des documents uniques d’évaluation des risques (DU)», explique Anaïs Laborde, fondatrice d’Alo Viti en 2018. Il est fréquent qu’un vigneron la contacte pour lui confier un document administratif électronique à l’exportation (DAE) et qu’il lui demande ensuite d’établir son DU. Le coût oscille entre 50 et 70€ HT par heure, selon le niveau d’expertise requis. Chaque client reçoit tous les mois un tableau de suivi du temps passé sur ses tâches avec la facture correspondante.
Nicolas Perrault commercialise environ 40 000 bouteilles par an. Il apprécie la réactivité d’Alo Viti à qui il confie plusieurs formalités parmi lesquelles la réalisation de sa déclaration de récolte, de sa déclaration annuelle d’inventaire (DAI) et de son dossier d’assurance climatique. «Il y a quelques semaines, j’étais dans mes vignes quand j’ai reçu un mail d’un client suédois, relate-t-il. Je lui ai demandé d’y répondre. Il lui arrive aussi de faire un DAE quand je suis sur un salon, qu’elle transmet par mail au transporteur pour que la palette puisse partir de chez moi.»
Dans le Roussillon, Charles Perez, à la tête du domaine du Mas Bécha, à Ponteilla, fait appel à Alo Viti depuis janvier2022. «Nous avions une personne qui s’occupait de l’administratif en temps partagé, indique-t-il. Quand elle est partie à la retraite, j’ai choisi de confier ces tâches à Alo Viti pour me concentrer sur le commerce.» Alo Viti prend en charge la gestion des ventes en préparant les bons de commande, les factures, les DAE, DRM et DAI ainsi que les inventaires. Pour ce domaine qui commercialise 100 000à 150 000 cols par an, dont 90% à l’export, le montant de la prestation atteint environ 16 000 € HT par an.
Vitivalor, du groupe Soufflet, propose également une offre de prestations qui va de la constitution des dossiers de demande pour diverses subventions (FranceAgriMer, achat de matériel…) à la gestion administrative des ventes (DRM, déclaration de stock, DAE…). «Nous avons de plus en plus de demandes car les vignerons n’ont pas le temps d’effectuer ces démarches et ne sont pas toujours à l’aise pour les faire, précise Victor Dubois, responsable du développement. Ils appréhendent de monter des dossiers aux enjeux réglementaires ou financiers importants.»
Christophe Duclos travaille avec Vitivalor depuis cinq ans. «Depuis la dématérialisation des démarches avec les Douanes, j’ai délégué mes DRM, ma déclaration de récolte et ma demande d’agrément, témoigne ce vigneron qui exploite 15ha à Saint-Germain-Nuelles, dans le Beaujolais. Je note mes ventes de bouteilles et de vrac sur un cahier et j’envoie une photocopie en fin de mois. Vitivalor s’occupe alors de la DRM. C’est rapide et efficace.» Une prestation qui lui coûte environ 800€ HT par an.
«Les tâches administratives, c’était le travail du samedi, poursuit Christophe Duclos. J’en avais assez. Déléguer, c’est un gain de temps et une sécurité. On a vite fait de se tromper ou d’oublier un onglet. Jusqu’à présent, je m’occupais des documents pour les plantations. Mais, à l’avenir, si je replante, je leur confierai également ce dossier.»
À Flassans-sur-Issole, dans le Var, Laëtitia Peron-Botta a créé Help’Agri pour effectuer toutes les formalités qui touchent à la vigne. Isabelle Bouis, une coopératrice qui exploite 28ha dans ce même village, fait appel à elle depuis deux ans, pour un montant annuel d’environ 250€ HT. «Je lui confie les déclarations sur Vitiplantation, la demande d’aide à la restructuration et la déclaration PAC, explique-t-elle. Cela me soulage et me fait gagner du temps. Laëtitia remplit un dossier en une heure là où j’en prendrais deux. Et surtout, cela me sécurise car elle est informée de toutes les évolutions réglementaires.»
Thibault Fournier, un autre adhérent de la coop de Flassans, qui cultive 40ha, se repose sur Help’Agri pour ses déclarations d’arrachage et de plantation et sa déclaration PAC. «Je suis tranquille ; je sais que tout sera bien fait, témoigne-t-il. Contrairement à moi, Laëtitia Peron-Botta connaît les lignes directes des référents aux Douanes ou à la DDTM. On pourrait faire ces démarches nous-mêmes, mais on prendrait plus de temps et il faudrait se former. En outre, ces formalités interviennent souvent quand nous avons le plus de travail dans les vignes.»
Comme ses confrères, Laëtitia Peron-Botta ne pensait pas avoir autant de travail en créant sa société. Elle apprécie la relation de confiance qui s’instaure avec ses clients. «J’ai accès à toutes leurs données, souligne-t-elle. Les vignerons m’envoient des messages très touchants, je bénéficie d’une belle reconnaissance. D’un côté, cela me fait très plaisir. D’un autre, cela m’attriste de voir la détresse de nombreux vignerons face à la complexité administrative.»
Lorsqu’elle a créé d’Help’Agri il y a trois ans, Laëtitia Peron-Botta pensait toucher principalement des viticulteurs âgés, peu à l’aise avec Internet. Dans les faits, c’est plutôt le contraire. «Les vignerons les plus âgés connaissent mieux les rouages et les exigences de l’administration, précise-t-elle. Ils ont expérimenté les versions papier pour lesquelles il n’y avait pas d’élément bloquant. Les plus jeunes se sentent souvent démunis et sont terrorisés à l’idée de faire une erreur car les enjeux sont énormes. Ce qui complexifie les dossiers, c’est que la réglementation change souvent, de même que les calendriers. Ainsi, l’ouverture des aides à la restructuration de FranceAgriMer se fait d’habitude à la mi-décembre. Cette année, il n’y avait toujours rien fin janvier. »