omment résoudre la crise qui n’en finit pas d’agiter l’agriculture ce début 2024 ? En imposant des prix minimums garantis martèle le Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux (MODEF), qui propose depuis des mois un prix plancher pour les vins : 100 €/hl pour ceux sans indication géographique (vin de France), 160 € en Indication Géographique Protégée (IGP), 200 € en Appellation d’Origine Protégée (AOP) et 260 € en certification Agriculture Biologique (AB). « On nous répond que c’est impossible, car nous ne sommes pas dans une économie dirigée*. Mais ce n’est pas vrai » répond Didier Gadea, le président de la commission viticole du MODEF, prenant l’exemple des distillations de crise fixant une forme de prix plancher.
Alors que le gouvernement annonce des aides d’urgence (80 millions € pour les départements viticoles touchés par les aléas climatiques et économiques) et un mois de la simplification administrative, le MODEF répond que l’enveloppe d’aide aux vignobles est insuffisante et que le cœur du problème se résume aux prix d’achat inférieurs aux coûts de production. « S’il y avait de bons revenus, la question ne se poserait quasiment pas » martèle Didier Gadea. Le viticulteur héraultais semblant particulièrement désabusé face aux impasses économiques actuelles du vignoble : « j’avais un avenir quand je me suis installé en 1997 [dans le Biterrois], mais quel est l’avenir aujourd’hui d’un jeune dans le vignoble : le surendettement ? Putain, donnez-nous des prix du vin pour vivre ! »
Continuant de bouillonner depuis les manifestations nationales de janvier, la contestation repart de manière ponctuelle dans les vignobles. Ces manifestations disent deux choses pour Didier Gadea : d’abord que « la question des revenus n’est pas abordée, ou pour enfoncer une porte ouverte en disant qu’il faut vivre de son métier, mais comment ? », ensuite que « les mesures annoncées seront insuffisantes (80 millions € pour le fonds d’urgence et 400 millions € d’arrachage temporaire/restructuration) ». C’est « pour ça que la colère ne s’arrêtera pas » prévient le viticulteur, critiquant des « effets d’annonce » face à la réalité du terrain : « travailler la vigne c’est dur, mais travailler pour rien ce n’est pas possible ». D’autant plus que dans le Midi s’ajoute à l’équation économique un défi climatique : le manque d’eau pèse sur l’avenir des vignobles.
* : En amont du salon de l’Agriculture inauguré ce samedi 24 février, le président de la République, Emmanuel Macron, et le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, ont reçu ce jeudi 15 février le président du MODEF, Pierre Thomas, qui a porté sa demande de « prix minimums garantis par l’État pour assurer des prix et un revenu aux agriculteurs », comme l’indique un communiqué de presse, précisant que « le Président, lors de cet échange, envisagerait d’étudier cette revendication au niveau de l’Union Européenne et la mettre en œuvre pour l’ensemble des pays de l’Union Européenne. Le MODEF prend acte de cette position présidentielle et apportera sa contribution pour que le prix retenu soit rémunérateur pour les agriculteurs familiaux de France afin qu’ils puissent enfin avoir la garantie d’un revenu décent. Sur ce point précis, le MODEF attend des actes forts et sera vigilant à la mise en œuvre "des prix minimums" à l’échelle européenne ! »