a jase dans le Médoc. Alors que le prochain classement 2025 des crus bourgeois se prépare, des rumeurs évoquent une chute significative du nombre de candidats, ce qui témoignerait pour ces oiseaux de mauvais augure d’une dénomination en perte de vitesse. « Beaucoup de gens parlent sans savoir. Même si c’est déplorable, ça ne changera jamais » réplique Franck Bijon, président de l’Alliance des Crus Bourgeois du Médoc, qui précise que l’« on ne peut pas parler de nombres précis, c’est une obligation réglementaire et juridique ». À défaut d’indiquer le nombre d’impétrants et son évolution pour la nouvelle hiérarchie quinquennale du Médoc, l’Alliance évoque une réduction de 20 % du nombre de surfaces et de volumes candidats.
De quoi masquer le départ massif de petits domaines, notamment dans les appellations communales ? « La réduction concerne tous les niveaux, plutôt les petites exploitations, mais sur toutes les AOC, qui seront représentées (sauf Saint-Julien, comme pour le classement 2020) » explique Jennifer Mathieu, la directrice de l’Alliance. « 20 % des surfaces qui ne se sont pas réinscrites, c’est très loin de l’érosion que l’on craignait » note Franck Bijon, qui évoque une crise viticole qui ne se limite pas aux crus bourgeois ou aux vins de Bordeaux, mais touche tous les vignobles dans le monde. « Il est plus facile de sortir du classement en le critiquant qu’en disant que l’on a des problèmes économiques » avance Franck Bijon, pour « aujourd’hui, que l’on soit petit, moyen ou gros, tout le monde cherche à savoir comment garder la tête hors de l’eau. Il n’y a aucune différence. »
S’expliquant par les difficultés commerciales des vins rouges (premières victimes de la déconsommation) et la nécessité de réduire les dépenses (d’inscription et de cotisations*), le repli des candidatures aux crus bourgeois 2025 est aussi alimentée par l’obligation de concourir aux épreuves de dégustation pour tous les candidats (classement de transition, celui de 2020 permettait aux châteaux labélisés 5 fois entre 2010 et 2017 d’être automatiquement classé) et de nouvelles exigences environnementales (obligation de certification environnementale de deuxième niveau pour les crus bourgeois, de troisième niveau pour les crus bourgeois supérieurs et exceptionnels). Se projetant sur un classement resserré, l’Alliance défend un outil qualitatif devant désormais monter en notoriété.
Après une présentation contrariée de leur classement 2020 (dévoilé avant la crise covid), les crus bourgeois veulent marquer le coup en 2025 avec une identité actualisée et des actions renforcées sur les marchés prioritaires (d’abord la France qui concentre 60 à 70 % des ventes, ainsi que les États-Unis, l’Europe et l’Asie). « Aujourd’hui, il faut gagner en image et notoriété » fixe Franck Bijon, avec une réorientation des fonds privilégiant la communication (avec la mesure d’indicateurs de performance) au détriment de la technique (pour élaborer le classement, tout en continuant le virage du développement durable). Voulant voir dans les difficultés des sources d’opportunités, Franck Bijon reconnaît que « c’est dur en ce moment, mais ce n’est pas la problématique des seuls crus bourgeois, tous les vins sont concernés ».
* : La question d’une réduction des cotisations annuelles sera évoquée lors d’une prochaine assemblée générale avec « la volonté de recherche de l’équité » esquisse Franck Bijon.